Les templiers
Tortosa en juillet 1243. Il faut croire que les dignitaires ne donnèrent aucune réponse. Le 17 août 1245, dans une bulle datée de Lyon, Innocent IV s’adressait aux archevêques, évêques, abbés, prieurs, doyens, archidiacres et autres prélats d’Espagne : les prêtres de leurs diocèses et territoires, sous peine de privation d’offices et de bénéfices, devaient laisser les chapelains du Temple et les frères dudit Ordre recouvrer les aumônes et prêcher l’indulgence de la croisade. Le pape demandait également qu’il n’y ait aucune rétention quand les fidèles faisaient leur testament en faveur des frères.
Les cas qui ne pouvaient attendre la convocation du Chapitre étaient souvent réglés par la Chambre prieurale ou Copseil privé, composé du couvent, des baillis et de quelques chevaliers choisis pour leur sagesse.
Le gouvernement de l’Ordre, s’il réside dans le Chapitre général, est présidé par le Maître qui représente tous les frères en dehors des sessions. Il est au sommet d’une hiérarchie solidement enracinée dans un système gouvernemental très spécial.
Malgré sa souveraineté puissante, le Maître reste soumis aux décisions du Chapitre dans lequel il n’a qu’une voix. D’ailleurs, le Maître du Temple n’est jamais souverain. C’est l’Ordre lui-même et le Chapitre.
Le Maître du Temple est élu par un Chapitre restreint, formé de chevaliers, de frères sergents et de chapelains. On remarque déjà que les Templiers sont les seuls à accepter les frères sergents – équivalents des frères convers – pour l’élection du Maître.
Comment est élu le Maître ? À la mort du Supérieur, le maréchal de l’Ordre le remplace pour un certain temps. Il lui incombe de réunir les baillis, le couvent les commandeurs de Province. Assemblés en Chapitre, ils élisent le Grand Commandeur. Son rôle est de liquider les affaires courantes et urgentes, et de convoquer le Chapitre général d’élection. Dans le cas où le Maréchal se trouve hors du royaume, de la terre de Tripoli ou d’Antioche, et que le Maître meurt en ces lieux, les fonctions de réunir et de convoquer les dignitaires, reviennent à l’un ou à l’autre des commandeurs de ces provinces. Il arriva ainsi que le Maître mourut dans la terre de Jérusalem en l’absence du Maréchal ; ce fut le Commandeur du Royaume qui convoqua les dignitaires. Mais tous doivent le faire savoir, en premier lieu, au Maréchal.
Le Grand Commandeur, c’est le titre donné par la Règle, est élu par tous les frères réunis. La phase d’élection magistrale commence alors. Le Grand Commandeur, le Sénéchal, le Maréchal, les commandeurs des trois provinces — Tripoli, Antioche et Jérusalem – , en compagnie des baillis et des frères jugés prud’hommes, se réunissent et prennent conseil les uns des autres. On constate que les frères se trouvant hors de la Terre Sainte ne participent pas aux élections. Le jour ayant été fixé, le Chapitre nomme un frère appelé le Commandeur de l’élection. Il doit être informé de toutes les affaires de l’Ordre et des besoins de chaque Province. Cette fonction revenait souvent au Sénéchal ou au Maréchal. Ainsi, André de Montbard et Gérard de Ridefort furent commandeurs de l’élection, et Thibaud Gaudin fut, à la fois, Grand Commandeur et Commandeur de l’élection.
Le Commandeur de l’élection et le Maréchal élisent : « deux frères et ils seront quatre. Et ces quatre élisent deux autres frères et ils seront six, et ces six frères doivent élire deux autres frères et ils seront huit ; et ces huit frères doivent élire deux autres frères et ils seront dix et ces dix frères doivent élire deux autres frères et ils seront douze en l’honneur des apôtres. Et les douze frères doivent élire ensemble le frère chapelain pour tenir la place de Jésus-Christ. » Le texte de la Règle précise ensuite que les treize frères doivent être choisis parmi tous les membres de l’Ordre ; ce Conseil comprendra huit frères chevaliers, les quatre frères sergents et le frère chapelain.
Ces treize frères doivent alors choisir le futur Maître, d’abord parmi les baillis ou commandeurs des terres d’Orient. Si le choix ne peut être fait sur un de ces personnages, on se tourne vers les autres terres, ce qui arrive assez souvent d’ailleurs.
Lorsqu’un frère est désigné, le Commandeur de
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