Les templiers
ni galoper avec son cheval sans permission. Et là où il n’est autorisé à se rendre il ne peut envoyer ni son écuyer, ni son cheval. Au dortoir, il ne peut se reposer ailleurs qu’à sa place. Lorsqu’il est en chevauchée, il est obligé d’être à sa tente, sauf autorisation. La permission est obligatoire pour aller dans les quartiers où logent les gens du siècle. La seule chose permise est de dresser les tentes à plusieurs, les pans relevés, pour avoir plus de place.
Les frères sergents n’étaient pas si détestés qu’on a voulu le faire croire. Parmi eux cinq occupaient des dignités : le Sous-Maréchal, le Gonfanonier, le Frère Queue du couvent, le Maréchal-Ferrant et le Commandeur de la Voûte d’Acre. Ce dernier était l’Amiral de la Flotte. Chacun peut avoir deux bêtes et un écuyer, et la Règle précise bien qu’ils peuvent ensuite être commandeur d’une maison.
Le Turcopolier, lui, a la charge des cavaliers indigènes, avec ou sans armes. Les frères sergents sont placés sous son autorité. Chef des éclaireurs, il est accompagné d’une escorte de chevaliers. Au combat, il est soumis directement aux ordres du Maître ou du Maréchal avant de lancer ses escadrons. Il ne peut ni charger, ni attaquer sans les commandements des deux chefs de combat.
La règle catalane, si bavarde, nous apprend qu’un Turcopole est engagé à trois Byzantins annuellement. Le Turcopolier lui fournit en hiver le nécessaire pour se couvrir, mais en été il peut aussi lui faire la charité. S’il est engagé uniquement à solde, il fournit son harnais. Quelquefois, il arrive aussi qu’il s’engage avec son cheval. Dans ce cas, il touche le sou et le restou, espèce de solde donnée au cheval, mais qui ne doit pas dépasser la valeur du cheval.
Les directives pour l’établissement du camp sont des plus intéressantes. Avant toute chose, on choisit le lieu où sera érigée la chapelle. Tous les frères doivent s’installer autour. À côté, se dresse la tente ronde du Maître, avec les aiguillers du Maréchal, du commandeur de la Terre et du commandeur de la Viande, c’est-à-dire de l’Intendance. Au cri de « Hébergez- vous, seigneurs frères, de par Dieu », chaque frère monte sa petite tente.
Une fois le camp dressé, le Maréchal donne les ordres pour le fourrage et le bois. Chaque cavalier envoie un écuyer avec sa monture, après, avoir pris soin de recouvrir la selle d’un grand manteau velu pour éviter le craquèlement des cuirs ; la selle de guerre ne peut être utilisée sans permission. Les corvées terminées, et au cri de « Aux livraisons », les frères agrafent leur manteau et vont, L’un après l’autre, chercher ce que « de par Dieu on voudra leur donner. »
Pour les repas, le commandeur de la Viande fait savoir au sergent du Maître que les frères peuvent manger. Le Maître est servi en premier et « l’on doit lui donner ce qu’il y aura de plus beau. » Les frères devront recevoir des rations égales. Il est défendu de se procurer des vivres, sauf les poissons, « les oiseaux et les bêtes sauvages, s’ils savent les prendre, sans chasser, car la chasse est défendue. »
Lorsque le camp est levé, personne ne doit seller les chevaux, ni monter, ni quitter sa place tant que le Maréchal n’en a pas donné l’ordre. Les ustensiles sont mis au bât des bêtes de somme : chevilles des tentes, flacons vides, haches, corde, seau. Si un frère veut parler au Maréchal, il y va à pied. Une fois l’ordre donné de monter les chevaux, les frères doivent regarder s’ils n’oublient rien. Lorsque la troupe est enfin engagée, chaque frère chevauche derrière son écuyer et son équipement. Quant aux chevaliers laïcs — est-ce pour une plus grande surveillance – , la coutume voulait que l’écuyer marchât derrière son seigneur.
Si la chevauchée a lieu de nuit, comme au couvent, le silence est de rigueur, cela jusqu’après l’office de Prime du lendemain, sauf en cas de nécessité. Pendant la journée, si deux frères veulent se parler, celui qui est en avant vient à l’arrière. Si un frère chevauche à côté de la troupe, il doit se déplacer sous le vent, afin que la poussière ne dérange l’assemblée.
Aucun frère ne peut s’éloigner de la route, pour abreuver sa monture ou pour toute autre raison, sans permission. S’ils passent une rivière, les frères peuvent faire boire leurs bêtes, en
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