Les templiers
au-devant des armées ennemies.
Tous les seigneurs de la Terre furent au rendez-vous. Raymond de Tripoli et ses quatre gendres : Hugues, Guillaume, Odon et Raoul. Balian d’Ibelin, Renaud de Sidon, Renaud de Châtillon, Honfroi de Toron, les armées de l’Hôpital et du Temple. Cette dernière était forte de deux cent cinquante chevaliers, les frères-sergents, les sergents et écuyers à solde et les Turcopoles. L’armée franque se composait de trente mille soldats parmi lesquels mille deux cents chevaliers et quatre mille Turcopoles. Or, pendant que se préparait la bataille, Saladin attaquait Tibériade. Raymond de Tripoli fit voir au roi les difficultés de la campagne. La question de l’eau surtout causait du souci au comte. Il conseilla de se porter sur un point d’eau et d’attendre la retraite de Saladin. Le Maître du Temple accusa Raymond de lâcheté. Un conseil fut réuni et Hugues de Tibériade, l’aîné des gendres du comte Raymond, supplia que l’on se portât au secours de sa mère. Le comte s’y opposa- lui-même en disant : « Tabarie est à moi, ainsi que ma femme et mes biens, et nul ne perdrait autant que moi si elle est perdue. Et s’ils prennent ma femme et mes hommes et mon bien et ils abattent ma cité, je les recouvrerai quand je pourrai et je rebâtirai ma cité quand je pourrai, car j’aime mieux que Tabarie soit abattue plutôt que voir toi^te la Terre perdue. » On était au début du mois de juillet ; le pays commençait à se dessécher. Les barons et le roi lui-même se laissèrent convaincre, mais Gérard de Hideford, au milieu de la nuit, entra dans la tente du faible Lusignan et lui dit : « Sire, croyez-vous ce traître qui vous a donné ce conseil. C’est pour vous honnir qu’il vous l’a donné. Car grande honte aurez- vous et grands reproches (...) si vous laissez, à six lieues près de vous, prendre une cité (...). Et sachez bien que les Templiers déposeraient leurs blancs manteaux et vendraient et engageraient tous les biens qu’ils ont que la honte ne fut vengée que les Sarrasins nous ont fait. Allez, faites crier l’ost, que tous s’arment et aillent chacun dans son détachement et suivent le gonfanon de la Sainte-Croix. »
Le Lusignan se décidant toujours lorsqu’il recevait de mauvais conseils fit reprendre la marche. Le 4 au matin, ils traversèrent la longue vallée aride qui les mena, sur les conseils de Raymond III, aux cornes de Hattin, tandis que sur l’autre versant, la route descendant jusqu’au lac de Tibériade était surveillée par les armées de Saladin.
La tête de l’armée était dirigée par Raymond et ses gendres, en leur qualité de seigneurs du fief. Le Roi venait ensuite avec le gros de la troupe, et les Templiers fermaient la marche. Accablée par la chaleur et la soif, l’armée franque fut encerclée sur la butte de Hattin. Toute la journée les musulmans attaquèrent par des pointes brusques et des traits de flèches lancés par des cavaliers au galop. Néanmoins, des charges chrétiennes, quelque peu héroïques, refoulèrent plusieurs fois les musulmans, mettant en danger Saladin en personne.
Les Turcs employèrent leur stratégie accoutumée. Les Francs, dirigés par de vrais chefs de guerre, recevaient toujours des ordres contradictoires provenant d’un faible Lusignan et d’un fou orgueilleux, le Maître du Temple. L’arrière-garde fut la première touchée par les arbalètes turques et les Templiers qui occupaient cette place, tombèrent sous des salves de flèches décochées avec rapidité. Le soir, le roi fit halte au Casai de Marescalera. Là encore, les puits étaient à sec, les herbes craquaient sous les sabots des chevaux et les pieds des fantassins. Cela servit beaucoup les Sarrasins qui, durant la nuit, encerclèrent le village, mettant le feu aux broussailles. Ce fut lors de cette fameuse nuit qu’un Templier enfouit la Vraie Croix dans le sable.
Le lendemain, à l’aube, ce fut le coup décisif. Les troupes à pied s’en furent dans les montagnes à la recherche de points d’eau, de source. Les chevaliers se mirent en escadron et livrèrent bataille. En une dernière pointe, Raymond III, et ses quatre gendres, Renaud de Sidon et Balian d’Ibelin attaquèrent à la tête des troupes de Galilée et enfoncèrent les lignes musulmanes, sauvant ainsi leurs corps d’armée. Le reste de l’armée, sous les ordres du roi, tomba aux mains de Saladin. Il montra beaucoup de
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