Les templiers
magnanimité et traita avec courtoisie Guy de Lusignan. Renaud de Châtillon fut décapité en sa qualité de chevalier brigand, pillard de caravane. Il en fut de même pour les Templiers et les Hospitaliers, ennemis jurés de l’Islam. Seul Gérard de Rideford fut épargné. Cela montre quelles étaient les relations Templiers-musulmans. Le supplice qu’endurèrent les Templiers fut des plus atroces. Attachés à des poteaux, ils furent écorchés, tranchés par des bourreaux jouissant à la vue du sang. Deux cent trente chevaliers périrent ainsi, plutôt que « lever le doigt et crier la loi » comme le voulait Saladin en échange de leur vie. Cette bataille de Hattin est la base de départ de l’effondrement du royaume.
Le gros de l’armée étant composé de presque toutes les forces du royaume, Saladin n’eut aucune peine à s’emparer des forteresses. Le 5 juillet 1187, Tibériade se rendait au Sultan et le 9 juillet ce fut le tour d’Acre que donna Jocelin III en échange de la libre sortie de la population. L’armée Aiyûbide se partagea les biens. Les biens du Temple furent attribués à un jurisconsulte du Sultan, Isâ-al-Hakkari.
Pendant ce temps, une autre armée sarrasine remontait d’Égypte vers le nord. Jaffa et Mirabel succombèrent tandis qu’Ascalon put résister. Toron capitula devant Saladin le 26 juillet, puis ce furent Sarepta et Sidon. Beyrouth tint durant dix jours, et, le 9 août, un accord d’évacuation de la ville fut passé : dans le comté de Tripoli, Saladin reçut Gigelet et Boutron en guise de rançon. Tandis que Gérard de Rideford faisait capituler Gaza et les forts voisins, Ascalon tint un mois de siège malgré les exhortations de Gérard, mais capitula le 5 septembre.
À Jérusalem, le désarroi était à son sommet. Le patriarche, oubliant luxure et intrigues, organisait une résistance formée de bourgeois, des enfants et des vieillards. Saladin, allant de victoire en victoire, voulait prendre la Ville Sainte le plus tôt possible. Mais Balian d’Ibelin s’était déjà présenté dans la cité avec un sauf-conduit du Sultan. Les femmes et les enfants ayant demandé sa présence, il instaura un gouvernement provisoire. Créant une petite armée, conférant la chevalerie à quelques dizaines de bourgeois et jeunes nobles, il exigeait même que les habitants de la ville lui prêtent hommage. Depuis Hattin, la ville soufflait un peu, et ce répit permit de refuser à Saladin la reddition totale des biens.
Le 20 décembre, Saladin commença le siège de Jérusalem. Le patriarche demanda à Balian de capituler, ce que Saladin refusa. Le seigneur de la Ville assiégée menaça de raser la mosquée d’Omar et de tout anéantir dans la cité. Saladin consentit, alors, à faire payer une rançon à la population qui se dirigerait, ensuite, vers Tripoli. Le chroniqueur arabe, Ibn Alatyr, témoin des événements, écrit à ce sujet : « Il fut convenu que chaque homme de la ville, riche ou pauvre, paierait pour sa rançon dix pièces d’or, les femmes cinq et les enfants, mâles ou femmes deux. Un délai de quarante jours fut accordé pour le paiement de ce tribut. Passé ce délai, tous ceux qui ne se seraient pas acquittés de cette somme, seraient considérés comme esclaves. » Balian ayant fait savoir que beaucoup de gens ne pouvaient pas payer, à cause de leur pauvreté, Saladin consentit à une rançon collective de trente mille besans pour sept mille personnes. Le patriarche et les bourgeois raclèrent leurs bourses, tandis que les Hospitaliers et les Templiers firent preuve d’une avarice sans précédent, sous prétexte que l’argent qu’ils avaient ne leur appartenait pas. Il faut croire que la population de Jérusalem était importante, puisque les chroniqueurs signalent tous que onze mille habitants ne furent ni rançonnés, ni libérés. La générosité de Saladin se. fit jour puisqu’il libéra cinq cents chrétiens par amour pour Balian. Il en fit autant pour le patriarche. Al ‘ Adil, frère du Sultan, se fit remettre mille captifs qu’il libéra aussitôt. La séparation fut atroce, des familles entières furent démembrées durant ce mois d’octobre 1187. Les colonnes rançonnées furent conduites à Tripoli, l’une dirigée par les Templiers, une autre par les Hospitaliers et la dernière par le patriarche et Balian.
Le chroniqueur Kâmil-al-Tewarikh nous signale qu’il restait dans la ville quinze mille Francs qui
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