Les templiers
Maîtres de l’Hôpital et du Temple. Les ambassadeurs devaient s’adresser, particulièrement, à Henri II Plantagenet, roi d’Angleterre et cousin de Baudouin, et, s’il le fallait, lui offrir la couronne, dans le cas où la branche cadette viendrait à s’éteindre.
C’est au cours de ce voyage que le Maître du Temple mourut, à Vérone, le 30 septembre 1184. Le résultat de cette délégation fut l’indifférence totale des rois de France et d’Angleterre, l’imposition de la dîme de Saladin et la consécration, par le patriarche, de l’église du Temple de Londres.
Arnaud de Tour Rouge fut le dernier Maître élu par l’ensemble du Chapitre. Ses successeurs seront élus par les treize Grands Électeurs, secrètement, ce qui évitera les heurts entre chevaliers, comme ce fut le cas pour Arnaud. Toutefois, à l’élection du Sénéchal Gérard de Ridefort se trouva opposé le Commandeur de Jérusalem Gilbert Erail. C’était, nous le verrons, un homme de bon sens, plein de qualités, de modération, de prévoyance et d’habileté, au contraire de Gérard de Rideford.
Gilbert Erail, ayant été éligible, le Maître, afin d’éviter une rupture dans l’Ordre, envoya son Sénéchal dans les terres d’Europe en qualité de Maître en Provence et en Espagne jusqu’en 1189, et de Maître en deçà des Mers de 1190 à 1193. Son administration fut si brillante et les désastreuses machinations de Gérard de Rideford si néfastes, que les électeurs le rappelleront comme chef suprême.
La maîtrise de Gérard de Rideford fut une catastrophe totale pour l’Ordre et pour la Terre Sainte. Le nouveau Maître n’avait aucune capacité militaire. Têtu, aventurier, il occupa les fonctions de Grand Maître au moment le plus critique du royaume latin. Le pouvoir absolu qu’il s’octroya, en balance toutefois avec les pouvoirs du chapitre, aurait pu être modéré si certaines réactions du Couvent s’étaient manifestées. Mais, hélas !
Baudouin IV mourut en 1185 et son successeur ne lui survécut qu’un an. Un problème de succession était à nouveau posé. Conformément au serment fait lors de la remise de la baillie, Raymond de Tripoli devait conserver la régence pendant dix ans, en attendant que le pape » l’empereur, les rois de France et d’Angleterre se soient mis d’accord sur le futur roi. Profitant de l’enterrement du petit roi et de l’absence dû comte de Tripoli, Gérard de Rideford, le patriarche Héraclius et Renaud de Châtillon, tout acquis à Sybille et à Guy de Lusignan, leur assurèrent un appui total pour un couronnement par surprise. Roger des Moulins, Maître de l’Hôpital, essaya en vain de rendre ce couronnement impossible. Il détenait en effet une des clés du coffre où était enfermée la couronne royale. Le Maître de Saint-Jean dut céder sous la menace d’une émeute que Renaud de Châtillon se serait bien chargé de déclencher.
Avec hâte, tout ce petit monde se rendit au Saint — Sépulcre. Héraclius posa le diadème sur la tête de Sybille, laquelle couronna son mari.
Cependant, Raymond III de Tripoli, s’appuyant sur l’alliance des Hospitaliers et ses relations avec Saladin, pensa un moment faire accepter la couronne à Onfroi. Celui-ci, pris de panique, s’enfuit de Naplouse pour Jérusalem où il fut l’un des premiers à prêter hommage à Guy de Lusignan. Les électeurs de Naplouse se séparèrent tandis que Raymond de Tripoli se retira dans son château de Tibériade. Baudouin de Rames abandonna ses fiefs à son fils Thomas et partit pour Antioche. Tous les autres barons, réunis à Acre, prêtèrent hommage à tGuy de Lusignan. À la vérité, ce fut un véritable coup d’Etat.
Le premier geste politique de Lusignan aurait dû être de réconciliation, afin de grouper toute la noblesse. Des esprits modérés essayèrent d’unifier le royaume : Balian d’Ibelin, Roger des Moulins, Maître de l’Hôpital et l’archevêque de Tyr. Tout fut vain, le parti des Lusignan poussa le comte de Tripoli à bout. Il faut voir là l’influence occulte de Gérard de Rideford devenu un des principaux conseillers de Lusignan. Celui-ci, faible de caractère, orgueilleux, prenait l’avis de tous. Une mission partit pour le château de Raymond, dans les derniers jours d’avril, avec une escorte de dix chevaliers de l’Hôpital. Les maîtres de l’Hôpital et du Temple accompagnèrent Balian d’Ibelin, qui, passant par son fief de
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