Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
l’attaque, le Grand Roi entend mettre à profit ce délai pour reconstituer ses forces navales (en partie décimées par la tempête) et trouver un moyen de contourner les positions spartiates…
Xerxès n’est pas dupe, le goulet d’étranglement des Thermopyles avantage les défenseurs. En raison de l’étroitesse du défilé, aucun mouvement d’enveloppement n’est possible. Le Grand Roi doit se rendre à l’évidence : face à ses avertissements répétés, les Grecs n’ont pas rebroussé chemin. Malgré la disproportion des forces en faveur des Perses, leur détermination reste intacte. Preuve en est la seule réflexion de Dienekès (le meilleur des Trois Cents) à un habitant de Trachis : « Les Barbares sont si nombreux que lorsqu’ils décochent leurs flèches, leur volée obscurcit le ciel » affirme l’autochtone, « Excellent ! lui rétorque l’énomotarque spartiate, si les Perses cachent le Soleil, nous combattrons donc à l’ombre ! »…
Au bout de quatre longues journées d’attente, les hommes de Léonidas campent toujours sur leurs positions. Assurément, ils sont pressés d’en découdre. De son côté, Xerxès ne peut se permettre de différer plus longtemps le moment de l’offensive. En effet, au fil des jours, le ravitaillement de ses troupes s’avère plus délicat, l’eau en particulier vient à manquer, et des tensions commencent à naître entre les contingents de son armée. Le temps ne joue plus en sa faveur ; si l’attente s’éternise, de sérieux problèmes d’intendance risquent de retarder ses projets. Contrarié, le Grand Roi se décide donc à forcer le défilé des Thermopyles. Nous sommes au matin du 18 août -480. À la vue de l’armada perse, conformément aux us et coutumes de guerre, Léonidas égorge une chèvre et ses hommes font briller leurs boucliers. Les premiers soldats achéménides à entrer dans le feu de l’action sont les contingents mèdes de Tigrane. Xerxès demande à ses troupes de s’emparer des Grecs vivants !
Le choc des mondes
Le jour même des premiers combats, les belligérants attendent deux bonnes heures avant de s’élancer les uns vers les autres. L’épreuve de force commence avant les premiers croisements de fer. On se dévisage, on s’invective, on se provoque. Du côté grec, Léonidas a aligné les Thespiens de Demophilos devant le mur phocidien, restauré pour l’occasion. Plus que tout autre, ces soldats venus de Béotie font preuve d’un indéniable esprit de résistance. Au nombre de sept cents et répartis sur dix-huit rangs, les hoplites attendent de pied ferme les premières vagues d’assaut. Les casques à crinières sont ajustés, les jugulaires rabattues, les lances tenues bien droites et les boucliers hissés à la hauteur de l’épaule. Dans la partie la plus étroite du défilé, ils constituent un véritable mur de fer et de bronze. La tension est à son comble. La chaleur est insoutenable. Sous leurs casques de bronze et leurs bonnets de feutre brillants de sueur, les guerriers thespiens souffrent le martyre. Non seulement leurs coiffes sont très inconfortables, mais leur champ de vision s’avère extrêmement réduit. De plus, leurs corselets de bronze les étouffent. Seules une énergie et une volonté d’en découdre inébranlable peuvent surmonter de tels handicaps. Face à ce premier détachement grec, les Perses alignent les Mèdes. Par souci de mieux évaluer le degré de résistance de l’ennemi, Xerxès a préféré ne pas engager d’emblée ses fameux Immortels. Selon lui, les Mèdes auront à cœur de montrer leur vaillance, ne serait-ce que pour souligner leur loyauté à l’Empire. À la différence des Grecs, aucune partie de leurs corps n’est visible. Chaussés de bottes de daim et vêtus de pantalons pourpres et de tuniques brodées à manches longues, les Mèdes ont leurs joues fardées et leurs cous couverts de bijoux. En guise de lances, ils ne portent que des javelines…
À huit cents pieds de distance du défilé, le Grand Roi s’est installé sur une plate-forme pour mieux apprécier la démonstration supposée de ses hommes. Avec un parasol le protégeant du Soleil et une table de rafraîchissements placée devant lui, cet homme en robe de pourpre frangée d’or joue le spectateur assoiffé de sang. Pour les Grecs en tenue de combat, sa présence est insupportable. Leur rage d’en découdre n’en est que plus grande.
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