Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
donné leur vie. Loin de les pleurer, leurs camarades les envient et chantent leur gloire. On leur rend les honneurs en les enterrant à même la terre avec leur seul manteau rouge. Quant à leurs armes, en particulier leurs boucliers, elles seront ramenées à Sparte par les rescapés de la bataille (si tant est que des hoplites en réchappent !). Nombreux sont aussi les blessés parmi les Grecs. Mal protégées par leurs cuirasses et leurs jambières, leurs cuisses sont particulièrement touchées. À défaut de myrrhe en guise d’onguent, on y applique des compresses d’ortie bouillie pour apaiser les douleurs ou cicatriser les plaies. À cet effet, les hoplites disposent de tout un équipement chirurgical. À l’intérieur d’une petite trousse faite en peau de vache, on trouve pêle-mêle des garrots de cuir, des lancettes d’acier pour recoudre les chairs ou encore des pinces pointues pour retirer d’éventuels bouts de métal…
En ce soir du 18 août, les Grecs n’ont nullement failli à leur tâche. Ils n’ont pas cédé un pouce de terrain et démontré leur art de la guerre aux yeux de tout l’Empire. Déambulant au milieu de ses hommes, Léonidas les congratule et leur donne l’accolade. « Nous allons tenir ! » répète-t-il avec un enthousiasme grandissant. En attendant, les hilotes s’affairent autour de leurs maîtres. En l’espace de quelques minutes, ils leur ôtent leurs casques de métal, leur desserrent leurs corselets et leur retirent leurs jambières de bronze. Une fois cette tâche accomplie, les hilotes nettoient et rangent l’équipement des hoplites avant de masser les Spartiates et même de préparer leur souper. De la viande de chèvre séchée, des oignons, des fruits et du fromage sont prévus au menu.
Le 19 août, les Perses échouent pour la seconde fois…
C’est l’aube du deuxième jour. Nous sommes le 19 août. Une fois encore, après une nuit sans incidents, les Grecs ont aligné leurs troupes devant le mur phocidien. De l’autre côté du défilé, Xerxès s’est de nouveau installé sur son trône d’or. Désirant éviter la mésaventure du jour précédent, le Grand Roi a demandé à ses troupes d’être dignes de l’Empire. En d’autres termes, il a réuni tôt dans la matinée une brigade spéciale théoriquement composée des meilleurs éléments de son armée. Élamites enturbannés, Arabes sanglés dans leurs burnous, Éthiopiens au corps à moitié peint de vermillon, Thraces coiffés de peaux de renard, Caspiens brandissant leurs dagues, les hommes choisis par leurs capitaines viennent de tous les contingents. Ils sont censés être les plus braves et les plus méritants. Recrutée tant pour sa science du combat que pour son courage, cette force d’élite cosmopolite a le devoir sinon l’obligation de bousculer une fois pour toutes les lignes de défense grecques. Si en cas de succès, les richesses de l’Empire leur sont grandes ouvertes, ils risquent tout bonnement l’exécution s’ils échouent. De son côté, Léonidas aligne aussi les hommes les moins fatigués par les combats de la veille. En ce 19 août, à l’exception des Phocidiens qui gardent les sentiers de la montagne, tous les peuples grecs participent à la défense du défilé. Réputés pour leur vaillance, les Tégéates sont en première ligne. Ils sont épaulés par les Locriens, eux-mêmes poussés par les Mycéniens, les Corinthiens, les Mantinéens, les Thébains et les incontournables Spartiates. Pendant toute la journée du 19 août, toutes les cités défendent à tour de rôle l’étroit défilé des Thermopyles. En dépit de la détermination de « la brigade spéciale » de l’Empire, le scénario de la veille se répète. Vagues après vagues, les assauts perses se brisent sur le mur de fer grec. Aussi vigoureux soient-ils, les Achéménides ne rencontrent pas le succès escompté. En raison d’une totale absence de discipline, leurs charges sont toutes inopérantes, s’avérant aussi téméraires que désordonnées. En revanche, du côté des Grecs, c’est l’euphorie. À aucun moment, ils ne montrent des signes de faiblesse ou d’essoufflement. Loin d’utiliser avec excès leurs épées ou leurs lances, lesquelles sont difficiles à extraire des boucliers en osier, les hoplites grecs usent surtout de leurs boucliers en bousculant littéralement leurs vis-à-vis. En rangs serrés et toujours au rythme des flûtes, ils ne
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