Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
lui, les Athéniens ont beaucoup à gagner d’une telle collaboration. Si l’intervention réussit, ils s’assurent la neutralité bienveillante de Sparte en cas de nouveau conflit avec une cité rivale. Par ailleurs, toute victoire sur les hilotes ne peut que consolider l’emprise d’Athènes dans la région. Toujours d’après Cimon, la remise en question de l’ordre social à Sparte serait un précédent fâcheux qui pourrait servir d’exemple. En termes clairs, une défaite des hoplites spartiates n’est pas à souhaiter : elle serait la préfiguration d’une « révolution » dangereuse pour toute la Grèce, y compris pour Athènes.
Fort de ces arguments, le fils de Miltiade, à la tête d’une troupe de quatre mille hoplites, porte secours à ses « amis » spartiates. Contre toute attente, les Athéniens ne sont pas tout à fait accueillis en libérateurs. D’une certaine façon, nombreux sont les Égaux qui rechignaient à demander une aide extérieure. Bien des voix s’élèvent pour dénoncer cet aveu de faiblesse, une trahison à l’égard des lois de la cité, un affront pour les Spartiates tombés aux Thermopyles. Au nom de l’honneur et de l’esprit de bravoure qui les animent, les couronnes de laurier ne sont pas à partager. En voyant débarquer le corps expéditionnaire athénien, d’aucuns ont le cœur serré, ils enragent de voir ainsi des étrangers violer leur sanctuaire. Leur orgueil de guerrier invincible s’en trouve blessé. Au bout de quelques jours, les relations se détériorent entre les fantassins spartiates et le détachement de Cimon. On reproche très vite aux Athéniens de manquer d’efficacité.
« L’esprit révolutionnaire des Athéniens, nous précise Thucydide, contemporain des événements [ Histoire de la guerre du Péloponnèse ,livre i], qu’ils [les Spartiates] considéraient en outre comme des gens d’une autre race, fit qu’ils craignaient que ceux-ci, en restant dans l’Ithôme, ne finissent par prêter l’oreille aux suggestions des insurgés… » Aussi les Lacédémoniens congédient-ils les hoplites d’Athènes. C’est un camouflet sans précédent pour Cimon.
De la collaboration avortée à la confrontation ouverte
En -462, le renvoi des hoplites de Cimon a des conséquences incalculables. Avec l’effacement de la tendance pro-spartiate à Athènes, l’échec du stratège athénien précipite la rupture et le conflit entre les deux puissances grecques. À Athènes même, le fils de Miltiade est mis en difficulté et ostracisé – l’ostracisme signifie la perte des droits civiques de l’accusé et l’exclusion temporaire de la société athénienne. Son exil contribue à asseoir l’ascension du fils de Xanthippe : Périclès. Âgé d’à peine 15 ans au moment de l’invasion de Xerxès à Salamine, le petit-neveu de l’illustre Clisthène devient le chef du courant démocratique après l’obscur assassinat d’Ephialtès (ne pas le confondre avec le traître des Thermopyles !). D’esprit ouvert et très intègre, Périclès diffère radicalement de ses prédécesseurs, même si sa politique obéit aux mêmes principes, à savoir la grandeur d’Athènes.
L’échec de l’expédition de Cimon consacre la rupture avec Sparte et précipite Athènes dans les bras d’Argos, l’ennemie jurée de Lacédémone. Souvenons-nous, pendant la seconde guerre médique, les Argiens ont même préféré rester neutres de peur de combattre aux côtés des Spartiates ! Seul point positif, après deux ans de combats, les Spartiates finissent par venir à bout de la révolte des hilotes. Priés de quitter le Péloponnèse, les ex-insurgés de l’Ithôme se réfugient à Naupacte, avec la bénédiction des Athéniens. Face aux multiples provocations d’Athènes, Sparte passe à la contre-offensive. Elle entraîne dans son sillage des villes aussi diverses qu’Égine, Thèbes et aussi Corinthe, laquelle ne supporte pas la dernière alliance conclue entre la cité de Périclès et Mégare.
Premiers heurts entre Spartiates et Athéniens… La guerre avant la Guerre
Nous sommes en -459. Les premiers combats s’engagent. Très rapidement, sous le commandement d’un certain Léocratès, les Athéniens mettent hors d’état de nuire la ville d’Égine malgré le soutien de trois cents hoplites spartiates. Les Éginètes sont désormais soumis à un lourd tribut et doivent raser leurs
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