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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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avait imaginées pour rendre la cité imprenable.
    Les murs d’enceinte avaient été relevés ou édifiés sur le littoral et plusieurs rades successives emprisonnaient sans faillir les navires ennemis qui auraient voulu s’y risquer.
    — La gloire de Jean Bart, basé à Dunkerque, a détourné Brest du cœur des Français. Et c’est bien dommage, jugea Corneille. Sans Claude de Forbin, Jean Bart ne serait pas ce qu’il est.
    Mary aurait bien aimé approfondir ce point pour en apprendre davantage sur ces deux hommes, mais Corneille s’immobilisa devant la façade d’une échoppe à colombages et extirpa une clé de la poche de son gilet.
    — Nous y sommes. Nous voici chez lui, madame.
    Sur ce, il poussa la porte dont la serrure venait de céder et s’effaça pour la laisser entrer. Loin des oreilles indiscrètes, Corneille s’empressa d’ajouter, tandis qu’il ouvrait grands les volets intérieurs du logis pour y ramener la lumière :
    — Pardonne-moi de t’avoir fouillée. Si j’avais pu deviner ton sexe, je m’en serais gardé.
    Il hésita un instant, puis, souriant à pleine bouche, ajouta, l’air goguenard :
    — Quoique…
    Mary détourna la tête sur un fard et Corneille s’en amusa tout en lui désignant l’escalier.
    — Dans la chambre de gauche se trouve une malle emplie de toilettes. Tu pourras t’y changer. Je vais aller toquer chez la domestique. Elle habite à deux rues d’ici et se charge d’entretenir la maison durant les campagnes du capitaine, tout autant qu’en sa présence, d’ailleurs. Avant longtemps, elle te portera de l’eau pour ton bain. Prends ton temps. Le capitaine a de nombreuses formalités à remplir avant de te rejoindre.
    Mary eut envie de demander ironiquement si elle avait le choix, mais Corneille ne lui en laissa pas la possibilité. Il tourna les talons en sifflotant et la planta sur un clin d’œil amusé. « Ma foi, en conclut Mary, cet ordre-là n’a rien d’une corvée. Monsieur de Forbin, même si vous ne savez pas y mettre les formes, il est évident que vous connaissez le goût des dames. »
    Elle se rendit donc à son souhait, d’autant qu’elle gardait encore un peu de roulis dans la tête et le pas. Un bain chaud la ragaillardirait.
     
    Elle parvenait au seuil de la chambre lorsqu’une voix féminine l’interpella du bas de l’escalier.
    — Holà, matelot ! Qui te permet ?
    Mary s’immobilisa et regarda une femme alerte bien qu’imposante grimper quatre à quatre les degrés. Claude de Forbin était bien protégé, remarqua-t-elle, amusée. Elle attendit que son interlocutrice fût sur le palier, essoufflée, pour répliquer :
    — M. de Forbin lui-même, qui m’y invita.
    — Seriez-vous la jeune dame ? s’étonna la femme interloquée.
    — Oui, et il me tarde de changer d’habit, ajouta Mary en s’avançant vers elle gaiement.
    La domestique s’acquitta d’une petite révérence et se confondit en excuses.
    — Ce n’est pas grave, la rassura Mary. J’avoue que ma tenue a de quoi surprendre.
    — En effet, madame, consentit la domestique, n’osant pas lui dire plus avant combien elle trouvait cela choquant et déplacé, d’autant que l’invitée de M. de Forbin lui souriait avec une sincère gentillesse.
    — Comment t’appelles-tu ?
    — Perrine, madame, répondit la femme en écartant les volets intérieurs de la chambre.
    Aussitôt un soleil déclinant baigna la pièce.
    — Le cabinet de toilette est ici, lui indiqua Perrine, désignant un petit réduit attenant où un baquet attendait qu’on le remplisse pour le bain, tout à côté d’une coiffeuse garnie abondamment d’onguents, d’huiles rares, de poudres, de peignes et de brosses.
    — Je vais aller vous chercher de l’eau. Corneille s’est occupé de la tirer du puits et de la faire chauffer.
    — Merci, c’est très aimable à vous.
    Perrine ne répondit pas et sortit. « Décidément, pensait-elle, c’est une bien étrange personne que M. de Forbin nous a ramenée cette fois-ci. » Aucune autre de ces dames ne s’était abaissée à la remercier.
     
    Mary, restée seule, ouvrit la malle dont avait parlé Corneille, curieuse de faire l’inventaire de son contenu. Plusieurs robes y étaient rangées, savamment pliées et empesées, toutes plus flatteuses les unes que les autres, couvertes de passements et de broderies de fils d’or ou d’argent, parsemées de nœuds et de rubans, telles qu’Emma ou ses amies en

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