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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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portaient.
    Mary les étala sur le lit pour mieux les juger.
    — Elles ne vous plaisent pas ? s’inquiéta Perrine, qui revenait chargée de deux seaux d’eau fumante.
    La moue ennuyée de Mary ne lui avait pas échappé. Comment lui dire qu’elle aurait été plus habile à revêtir un habit de gentilhomme ?
    — Je crains qu’elles ne soient pas à ma taille, mentit Mary.
    — Oh ! ne vous inquiétez pas. Je saurai les reprendre. J’ai l’habitude, lâcha Perrine en rougissant de sa maladresse.
    Elle s’éclipsa aussitôt pour remplir le baquet.
    L’orgueil de Mary fut piqué au vif. Pour qui Forbin la prenait-il ? Ces robes, récupérées probablement en butin d’abordage, avaient servi à d’autres. Pour le bon plaisir du capitaine. Elle n’avait aucune envie de leur ressembler.
    Corneille s’avança à son tour dans la pièce, avisa les robes d’un œil goguenard, puis s’en fut vider son seau comme Perrine le croisait pour redescendre en corvée. Mary le rejoignit devant ce bain qu’on lui destinait.
    — Rends-moi un service, Corneille. Voici de quoi acheter un habit plus propre que le mien. Rapporte-moi de quoi me changer. En homme, ajouta-t-elle.
    — Forbin ne va pas apprécier.
    — Je m’en moque, répliqua Mary en souriant. A chacun son excentricité.
    Corneille comprit aussitôt qu’elle faisait référence au goût étonnant de son capitaine en ce domaine et n’insista pas. Il s’éclipsa tandis que Perrine remontait déjà.
    Le bain de Mary fut prêt avec les derniers seaux qu’elle y versa. Mary la remercia et, tirant le rideau qui séparait le cabinet de toilette de la chambre, se déshabilla et s’y glissa avec volupté, refusant l’aide de Perrine pour la frotter. Elle était bien encore capable d’y arriver seule.
    Forbin avait eu raison. Il aurait été dommage de ne pas se plier à ses ordres. Elle se promit de s’en souvenir lorsqu’il paraîtrait.
     

10
     
     
    L orsque l’eau eut fraîchi, Mary s’en arracha sans regret. Son corps et son esprit étaient plus sereins et elle entreprit de se sécher vigoureusement, devant le miroir en psyché. Elle était tout à fait femme désormais, malgré la petitesse de ses seins, et plutôt jolie. Assez, lui avait dit Emma, pour mettre le monde à ses pieds. Elle était prête à commencer. Tirant les rideaux, elle gagna la chambre sans se presser.
    Sur le lit, elle découvrit, étalées, deux tenues en place des robes qu’elle avait refusées. L’une d’homme, qui remplaçait à la française son costume crasseux, et une robe sobre de cotonnade qui s’apparentait davantage à celle de Perrine qu’à celles des maîtresses de Forbin.
    Corneille avait parfaitement compris ce qui l’avait gênée.
    Mary ne s’était plus habillée en fille depuis l’âge de sept ans. La curiosité la poussa à passer ce qui lui parut sur le moment un accoutrement des plus étranges. Les jupons arrondirent ses hanches, le corps de cotte baleiné rehaussa ses seins dans un joli décolleté en bateau. Elle retourna dans le cabinet de toilette et, utilisant ce qui se trouvait à sa disposition, brossa vigoureusement ses cheveux dorés qui cascadèrent en boucles sur ses épaules. D’ordinaire, un lien de cuir les tenait attachés.
    Le miroir lui renvoya alors l’image d’une autre. Ce double qu’elle avait si longtemps nié.
     
    — Vous êtes sublime, madame.
    Il lui manquait un fard pour rosir ses joues. Forbin vint l’appliquer en se présentant, impromptu, dans l’encadrement de la porte. Elle ne l’avait pas entendu entrer.
    — Je… bredouilla-t-elle, idiote d’être ainsi surprise, troublée de sa présence gourmande, du jabot de sa chemise blanche entrouverte jusqu’à la ceinture.
    Et de cette lueur dans son regard qui la possédait déjà.
    D’un pas, il fut devant elle. D’une main, il cueillit sa faiblesse. D’un baiser, il termina sa phrase. Et Mary eut l’impression d’être abordée par ce corsaire comme un navire en perdition. Elle se rendit sans bataille, le laissant dénuder ses épaules sous ses baisers, et délacer ce corset qui l’étouffait soudain bien davantage que ses bandelettes.
    Retrouvant instinctivement le goût de ces joutes qu’Emma aimait prolonger, Mary fit partir ses doigts à l’aventure sur cette peau d’homme asséchée par l’air du large, creusant des cicatrices inconnues, cherchant sur son souffle à affiner une expérience qui devenait découverte.
    La robe glissa

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