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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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c’est du jade comme on le dit, mais c’est une pierre verte. Mon oncle y tenait beaucoup. Il disait que cet objet l’apaisait et me l’avait montré.
    Mary écarquilla les yeux de surprise et machinalement porta la main à sa gorge. L’œil de jade. C’était de l’œil de jade que cet homme parlait.
    Elle se fit plus attentive encore.
    — Qui détient cet objet aujourd’hui ? demanda Emma.
    — Probablement toujours mon oncle. Il vit à Paris. Mais va falloir m’en dire davantage, si vous voulez l’adresse.
    — Très bien, décida Tobias, résolu à laisser l’Homme en noir se charger de cet encombrant personnage après leur départ.
     
    Lorsqu’il eut achevé son récit, omettant sciemment l’existence du crâne de cristal, Mary était de plus en plus excitée. Elle enregistra l’adresse que le maréchal-ferrant donna à Tobias et, sans plus attendre, sortit de la ruelle pour retrouver Corneille. Non seulement le trésor dont lui avait parlé Corneille était bel et bien réel, mais en outre, elle venait de comprendre les raisons qui avaient poussé Tobias Read à la traquer, et sans doute à éliminer Cecily. Corneille l’attendait à l’angle du bâtiment.
    — Filons vite, je t’expliquerai, lui dit-elle, les joues rouges et les yeux brillants.
    Corneille en fut enchanté. Il avait de nouveau devant lui la Mary Read qui l’avait séduit sur La Perle.
     
    Elle l’entraîna dans le dédale des rues de la ville et s’engouffra dans le premier cabaret qu’elle avisa.
    — Sers-nous un coup, demanda-t-elle au cabaretier, qui hocha la tête.
    Ils s’attablèrent face à face, à l’écart d’autres qui, comme eux, attendaient leur commande.
    — Approche, dit-elle. Il vaut mieux qu’on ne nous entende pas.
    Corneille obtempéra et, à son exemple, se pencha au-dessus du plateau de bois crasseux.
    — Tu te souviens de ce bijou de jade dont je ne me sépare jamais ?
    Il hocha la tête. Mary baissa la voix encore, si excitée pourtant qu’elle s’ennuyait de devoir en contrôler le timbre et l’intensité.
    — Il en existe un second que les époux Read recherchent. Le trésor dont tu m’as parlé existe bel et bien et il se trouve que ces bijoux sont les clés de sa cachette.
    Elle s’interrompit pour laisser le cabaretier approcher.
    — Combien ? lui demanda-t-elle tandis qu’il posait un pichet et deux chopes sur la table.
    — Un sou. Il est de première qualité, affirma-t-il.
    Mary s’empressa de payer tandis que Corneille les servait. Sitôt que le cabaretier se fut éloigné, elle enchaîna :
    — Il semble que le trésor se trouve au Mexique, près de Veracruz, et que la deuxième clé soit la possession de l’oncle du maréchal-ferrant.
    — Et la tienne ?
    — Je suppose qu’ils l’imaginent perdue avec moi, en mer. Tant mieux, cela nous donne un avantage certain sur eux.
    La gorge brûlante soudain, elle imita Corneille qui vidait son verre, réprimant une grimace. Elle avait pris de mauvaises habitudes à la cour et, à l’inverse du matelot, s’aperçut vite que le vin était frelaté, coupé probablement de colle de poisson, de fiente de pigeon et de jus de mûres, comme c’était souvent le cas dans ces endroits. Elle reposa son gobelet, écœurée, l’esprit galopant bien loin déjà de ces petites truanderies.
    Corneille s’en amusa, le cœur étonnamment léger de ce que les propos de Mary sous-entendaient. Il demanda pourtant :
    — Et tes lords anglais ?
    — Qu’ils aillent au diable ! Avec ce trésor, toi et moi aurons notre liberté.
    Corneille était satisfait. Cela ne lui suffit pas pourtant. Il voulait aussi entendre ce qu’il espérait.
    — Et Forbin ?
    S’ils avaient jusque-là refusé de l’évoquer ensemble, il voulait être certain que Mary n’avait aucun regret. Elle fouilla son regard tendrement inquiet.
    — Je l’ai aimé, mais tu as su me le faire oublier. De toute manière, Forbin ne déserterait pas davantage pour la fortune que pour moi. C’est bien dommage d’ailleurs, nous aurions pu l’associer, car le Mexique est loin si je me souviens de mes leçons de géographie. Il nous faudra un navire pour l’atteindre et pour ramener notre découverte en Europe.
    — Cela peut s’arranger, dit Corneille. Je connais à Dunkerque quelques tavernes et cabarets où des corsaires peu scrupuleux se retrouvent. Clément Cork, un de mes camarades d’enfance, sera partant pour l’aventure, je suis prêt à le

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