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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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parier.
    — Excellent, déclara Mary.
    Son esprit n’en finissait pas de bouillonner.
    — As-tu une idée de la manière de procéder ? s’enquit Corneille, voyant sa mine songeuse et satisfaite.
    — Tobias Read a parlé d’une carte qu’il possédait et qui indiquait l’emplacement du trésor. Sans elle, nous serions démunis. Ma première idée en entrant ici était de les devancer chez l’oncle du maréchal-ferrant pour le voler, mais je crois qu’il vaut mieux demeurer dans l’ombre. Si toi ou moi nous faisions prendre, nous serions bien en peine de nous justifier.
    — Que proposes-tu ? demanda Corneille, qui voyait avec un bonheur grandissant les talents de Mary se révéler sous leur meilleur aspect, et se renforcer leur complicité.
    — Laissons aux Read la sale besogne. Ils sauront mieux que nous récupérer le second œil. Puisqu’il nous faut la carte qu’ils détiennent, c’est chez eux, à Saint-Germain, que nous prendront le tout. Ou plutôt que je le prendrai, se reprit Mary. Je suis bien assez capable de régler seule mes comptes. Car j’ai la ferme intention de profiter de cette occasion pour les régler, crois-moi. Toi, devance-moi à Dunkerque pour négocier avec ce capitaine Cork. Sitôt mon affaire faite, je t’y rejoindrai.
    Corneille approuva d’un signe de tête.
    — Je te retrouve enfin, Mary Read, telle que je t’aime.
    — Tu m’aimes ?
    Le lieu n’était pas propice aux étreintes et Corneille le regretta. Il se pencha pourtant plus avant au-dessus de la table et chuchota :
    — Plus et mieux que tu ne l’imagineras jamais.
    Il s’écarta d’elle, un sourire aux lèvres. Enjôleur. Mary s’attarda à le dévisager. L’aimait-elle autant ? Elle n’aurait pu le dire. Elle y tenait, infiniment, mais qu’était l’amour ? Cecily parlait d’une lame de fond qui vous engloutissait, ne laissant que rives dévastées après son passage. Ce n’était pas ce qu’elle éprouvait et cependant elle se sentait plus proche et attachée à Corneille qu’elle ne l’avait été à Forbin ou à Emma. Elle aimait son caractère fougueux, vindicatif et pourtant tendre, loyal et sincère.
    — Allons, dit-elle en se levant pour cesser d’y songer, avide des caresses que le regard de son amant promettait.
    Peu importait le fond de ses sentiments, ils lui suffisaient pour envisager un bel avenir à ses côtés.
     
    Lorsqu’ils revinrent à leurs chevaux, ce fut pour constater que le carrosse des Read s’en était allé.
    — Ils n’ont pas traîné, commenta Corneille en enfilant son pied dans l’étrier.
    — Qu’ils se hâtent ! lâcha Mary en souriant. C’est aussi bien pour nos intérêts !
    Mary n’avait songé qu’à cela, toute à l’excitation de leur découverte, et de l’aveu de Corneille dans la taverne. Corneille était certain d’en savoir assez pour convaincre Cork d’avitailler son navire pour les Indes occidentales. Mary avait confiance en lui.
    Chaque fois que leurs regards s’étaient accrochés, la même soif les avait pris. Au souper, ils avaient décidé du départ de Corneille pour le lendemain, à l’aube, et d’un lieu de rendez-vous à Dunkerque. Mary, quant à elle, surveillerait les mouvements des Read. Elle n’aurait plus qu’à intervenir dès qu’on leur aurait apporté l’œil de jade. Pour ce faire, elle se posterait près de la demeure des Read. Corneille n’était pas inquiet pour elle. Mary saurait agir sans prendre de risques.
    En quelques mois, elle avait développé une assurance et une intelligence hors du commun. Sans parler de son extraordinaire dextérité à l’épée. Leur plan était parfait. Leur communion de pensée aussi.
    Lorsque, enfin, la porte se referma sur leurs souffles courts, ils avaient l’un et l’autre la peau moite de leur désir contenu, de cette évidence charnelle. Ils se déshabillèrent en hâte, comme des voleurs pressés de changer d’habit pour en prendre d’autres et disparaître aux regards. Les leurs brûlaient davantage que les chandeliers posés sur le chevet de leur lit à baldaquin. Ils s’enlacèrent avec la violence de leur passion.
    — Prends-moi, gémit Mary.
    — Gourmande, s’en amusa Corneille d’une voix rauque. Madame rêve d’un abordage ?
    Mary gémit de ses doigts qui la fouillaient. C’était vrai. L’idée de se glisser chez les Read et de les voler avait réveillé en elle l’excitation liée au danger qu’elle avait appris à

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