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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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répétant les mêmes mots, les mêmes phrases et les mêmes actes à longueur de journée et de vie. Il aimait trop le bruit, la gouaille et le cliquetis du fer, l’odeur de la bière et du vin, et ces échanges bourrus de frères d’armes. Plus tard peut-être, lorsque, l’âge aidant, il aurait renoncé à s’amuser, se rangerait-il à ce métier honorable et fructueux. En attendant, il passait plus de temps à la guerre ou dans la taverne de son oncle, « Gros Reinhart », dont le fils était le chirurgien de son unité, qu’en l’office notarial de son père.
    Il en était ainsi des goûts et des affinités.
    Comme disait sa mère : « On peut lire Erasme, parler anglais et français autant que flamand, sortir premier du collège et se comporter comme le dernier des ânes bâtés ! »
    En temps de guerre, cela avait des qualités.
    Niklaus gagna le cantonnement des officiers pour y donner son rapport.
     
    Read n’avait pas semblé impressionné par son grade de maréchal des logis. Il avait agi avec lui comme si cela n’avait pas d’importance. C’est aussi pour cela qu’il l’avait apprécié. Pour cette franche et sincère amitié que d’emblée il lui avait voué. La valeur des êtres pour lui ne s’arrêtait pas aux études ni aux galons.
    Son devoir acquitté, Niklaus demanda à recruter le soldat Read dans son unité, si d’aventure celui-ci se présentait pour se faire engager. On le lui accorda sans difficulté. Ensuite de quoi Niklaus Olgersen gagna sa tente pour s’y allonger, la jambe si meurtrie que, malgré sa grande résistance à la douleur, il en aurait pleuré. Il vida une bouteille de genièvre et s’endormit aussitôt.
    Ce ne serait pas la première blessure qu’il guérirait de même !
     
    Le lieutenant qui reçut la demande de changement de Mary le lendemain en fut à la fois content et ennuyé. Ennuyé parce qu’il perdait un soldat de valeur que ses compagnons regretteraient, content parce qu’il savait combien Mary serait à sa place dans la cavalerie. Il lui remit sa solde et la laissa aller.
    Mary ne perdit pas de temps en chemin.
    Le campement de l’unité de cavalerie était semblable et attenant au sien. On y voyait les mêmes tentes rectangulaires haubanées par des piquets profondément ancrés dans la terre. Les soldats s’y entassaient, couchés sur des lits de camp, et protégés de la fraîcheur nocturne par une couverture épaisse qu’ils tenaient roulée sur leur sac à dos lorsqu’ils se déplaçaient.
    Des cuissots doraient au-dessus des braises, dégoulinants de jus, au rythme des tournebroches que des cuisiniers activaient. Autour d’eux, on préparait le repas de la troupe, tandis que les soldats vaquaient.
    Mary se présenta au siège des recrutements et, déclinant son identité, tendit la recommandation que le lieutenant d’infanterie lui avait remise.
    — C’est donc toi, Read ! s’exclama l’homme, affable et admiratif.
    Sa réputation l’avait précédée. Le maréchal des logis rectifia aussitôt :
    — Olgersen t’attend. Tu sais où le trouver ?
    Mary hocha la tête, étonnée. Il ajouta :
    — Vu tes états de service, je comprends qu’il t’ait recruté, mais ne t’imagine pas pour autant pouvoir guerroyer à ta guise. Olgersen aime la discipline dans ses rangs et n’accepte l’audace que si elle ne met pas les autres en danger.
    — Je tâcherai de m’en souvenir, monsieur, assura Mary, contrariée.
    Elle salua et se dirigea d’emblée vers le casernement que Niklaus lui avait indiqué à leur rencontre. Supérieur ou pas, celui-ci allait devoir s’expliquer.
    Niklaus était occupé à se raser lorsqu’il la vit arriver et en fut aussitôt ravi.
    — Par là, Read, la héla-t-il, ôtant précautionneusement du tranchant de son poignard la mousse à barbe.
    Il n’avait jamais eu confiance en ces maudits barbiers qui risquaient de vous saigner au moindre hoquet. Et trouvait que Tire-grenaille, son cousin, avait bien mieux à faire que le raser.
    Mary se dirigea vers lui, se troubla un instant de son dos nu jusqu’à la ceinture que les mouvements du bras animaient, puis demanda, peu amène :
    — Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais gradé ?
    Olgersen racla sa joue sans sourciller.
    — Je n’ai pas besoin de le dire, d’ordinaire ça se voit, Read !
    Et Mary se sentit idiote face à cette évidence. L’uniforme même du maréchal des logis Olgersen aurait dû la renseigner. Fallait-il

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