Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
s’entrava dans trois hommes que la mort avait entassés là et se coucha sur le flanc, l’entraînant dans sa chute. Elle s’en dégagea, consciente que ce temps perdu ramenait vers elle les Français au cri de « Tue ! Tue ! ».
    Mary n’eut pas le temps de s’imaginer perdue qu’elle se sentit hissée par une force herculéenne et se retrouva en selle derrière un cavalier.
    Ami ou ennemi ?
    Elle n’aurait su le dire sur l’instant, mais il l’emporta loin de la tuerie. Lorsque le cavalier prit la direction de son campement, elle relâcha la pression sur le manche de son poignard. Ils gagnèrent les hauteurs qui protégeaient leurs campements respectifs. L’homme obliqua pour la ramener vers celui de la cavalerie. Il se laissa choir de sa monture, à peine l’eut-il arrêtée devant l’infirmerie, la jambe méchamment abîmée. Mary hurla à l’aide tout en s’agenouillant à ses côtés.
    C’est alors qu’elle le découvrit et crut que son cœur se déchirait. L’inconnu était d’une beauté à éclipser tous les hommes qu’elle avait rencontrés. Réprimant une furieuse envie de l’embrasser, elle laissa les infirmiers le prendre sous les épaules pour l’aider à marcher jusque sous la tente.
    — Pourriez-vous regarder mon épaule ? demanda-t-elle en la montrant au dernier qui suivait.
    — Entrez, lui dit celui-ci sans hésiter.
     
    Mary se retrouva dans un théâtre si semblable au fond à celui des navires. La toile remplaçait le plafond et les cloisons de bois, mais les gémissements et les odeurs de chair brûlée par les fers rougis étaient les mêmes. Seul le parfum de l’alcool qu’on administrait aux blessés pour les aider à supporter la douleur différait.
    Elle contempla cette place où par centaines les blessés se comptaient. Il continuait d’en arriver. Elle savait que seuls les moins touchés seraient ramenés au camp. Les autres, moribonds ou jugés intransportables, étaient amputés sur place ou s’éteindraient. Avec un peu de chance près d’un prêtre ou d’un pasteur qui sillonnaient la plaine ravagée.
    Après la bataille, il n’y avait plus deux camps opposés, mais un seul et gigantesque charnier dont les charognards se régalaient.
    Son sauveur était allongé à plat ventre à quelques pas d’elle, grimaçant sous la douleur, sans pourtant lâcher une seule plainte, alors qu’un infirmier s’employait à le soigner.
    Mary, attendant son tour, se rapprocha de lui.
    — C’est grave ? demanda-t-elle au chirurgien.
    — Je survivrai, répondit son sauveur.
    Mary se planta devant lui, tandis qu’il se redressait sur ses coudes.
    — Une de ces merderies de baïonnettes, expliqua-t-il.
    — Cesse de bouger, Niklaus Olgersen, grinça le chirurgien. Je vais cautériser.
    — Chierie de barbier ! jura-t-il en saisissant le morceau de cuir que lui tendit l’infirmier.
    Il le coinça entre ses dents et Mary retint son souffle, sans détourner les yeux pour autant. Le front de Niklaus se couvrit de sueur, des larmes lui piquèrent les yeux et ses joues rougirent tant sous la pression de sa morsure que Mary crut qu’il allait éclater. Le fer rougi s’écarta des chairs déchiquetées que le chirurgien avait découpées et nettoyées proprement. La plaie était profonde et, sans cette barbare application, la gangrène aurait pu s’y installer.
    Tandis que Mary demeurait là à souffrir au côté de Niklaus, l’infirmier s’approcha pour s’occuper de son estafilade. Elle était sur le point de dégrafer sa chemise lorsqu’elle réalisa que ce simple geste la perdrait. Retrouvant sa lucidité d’un bloc, elle déchira sa manche d’un coup sec après avoir ôté son manteau troué.
    — Je vois que, toi non plus, tu ne fais pas les choses à moitié, s’amusa Olgersen qui reprenait des couleurs. C’est quoi, ton nom ?
    — Mary Oliver Read. Merci de m’avoir sauvé.
    — C’était rien, déclara-t-il, modeste. Je passais par là et j’ai vu ce qui est arrivé. A ma place, tu en aurais fait autant.
    Mary se retint de démentir. A sa place, elle l’aurait piétiné sans s’arrêter. Olgersen était apparemment d’une autre trempe qu’elle. De celle de Corneille. Lui non plus n’aurait pas laissé un compagnon s’il pouvait le sauver.
    Elle se sentit honteuse soudain de son égoïsme. Elle grimaça. Non de la douleur à son épaule, mais de celle de son âme.
    — Je te revaudrai ça, dit-elle à Olgersen, tandis qu’on

Weitere Kostenlose Bücher