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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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elle hérita de sa fortune et épousa
le commis du débit de boissons. Tous les deux vécurent alors riches et heureux.
    — Exact, approuva l’ilkhan. C’est bien l’histoire
que je connais. (Il y eut alors un second silence, plus long que le précédent.)
Après quoi, s’adressant plus à lui-même qu’à nous, l’ilkhan résuma : Oui,
l’ivrogne causa sa propre déchéance, et d’autres l’y aidèrent, si bien qu’il y
sombra et tomba pour être remplacé par meilleur que lui. C’est une histoire
légendaire... et fort salutaire.
    Tout aussi sereinement, mon oncle ajouta :
    — Tout comme est légendaire la patience du tigre
dans la traque de sa proie.
    Kaidu se secoua, comme s’il échappait à sa rêverie :
    — Le tigre sait être clément autant que patient.
Je l’ai déjà dit. C’est pourquoi je vais vous laisser aller en paix. Je vais
même vous fournir une escorte, afin de vous prémunir des dangers de la route.
Et vous, le prêtre, tout ce qui m’importe, c’est que vous réussissiez à
convertir mon cousin Kubilaï et toute sa cour à votre religion qui amollit les
cœurs. J’espère que vous y parviendrez. Je fais des vœux pour cela.
    — Un signe de tête, s’exclama mon père, s’entend
plus loin que le grondement du tonnerre. Vous avez bien agi, seigneur Kaidu, et
l’écho en résonnera longtemps.
    — Juste une petite chose, intervint l’ilkhan,
revenant à un ton de sévérité. J’ai été prévenu par ma femme, dame ilkhatun qui
est chrétienne et sait de quoi il retourne, que les prêtres chrétiens, ayant
fait le vœu de pauvreté, ne possèdent aucun bien matériel de valeur. Par
ailleurs, je suis informé que vous autres, messieurs, voyagez avec des chevaux
lourdement chargés de trésors.
    Mon père lança à mon oncle un coup d’œil soucieux.
    — Ce ne sont que des babioles, seigneur Kaidu.
Qui n’appartiennent à aucun prêtre, de surcroît, mais sont destinées à votre
cousin Kubilaï. De simples témoignages d’allégeance de la part du shah de Perse
et du sultan de l’Inde aryenne.
    — Le sultan est mon vassal, trancha Kaidu. Il n’a
pas le droit de disposer de biens qui m’appartiennent. Quant au shah, c’est le
vassal de mon cousin l’ilkhan Abagha, qui n’est pas mon ami. Tout ce qu’il
envoie ne peut être que de la contrebande, sujette à confiscation. Est-ce bien
compris, uu ?
    — Mais, seigneur Kaidu, nous avons promis de...
    — Une promesse brisée n’est qu’un pot qui se
casse. Le potier pourra toujours en couler un nouveau. Ne vous en faites pas
pour vos promesses, Ferenghi. Faites juste venir ici vos montures demain
à la même heure, que je voie lesquelles de ces babioles tentent ma fantaisie.
Il se pourrait que je vous en laisse quelques-unes. Est-ce bien compris, uu ?
    — Seigneur Kaidu...
    — Uu ! Est-ce bien compris ?
    — Oui, seigneur Kaidu.
    — Eh bien, puisque vous comprenez, alors
obéissez ! Il se leva brusquement, mettant fin à l’audience.
    Nous ressortîmes de la grande yourte après nous être
inclinés, récupérâmes Narine à l’endroit où il nous avait attendus et revînmes sous
la pluie et dans la boue, cette fois sans escorte, tandis que mon oncle disait
à mon père :
    — Ma foi, on ne s’en est pas si mal sortis, Nico,
en unissant nos efforts. Très fine, en particulier, cette histoire de Dame Ling
qui t’est revenue en mémoire. Je ne l’avais jamais entendue.
    — Moi non plus, lâcha mon père, caustique. Mais
les Han doivent sûrement en avoir d’aussi instructives dans leur immense fatras
d’histoires.
    J’ouvris la bouche pour la première fois :
    — Tu as évoqué autre chose, papa, qui m’a donné
une idée. Je vous rejoindrai à l’auberge.
    Je me séparai d’eux pour aller retrouver mes hôtes
mongols de la veille. Je sollicitai de leur part l’autorisation d’être
introduit auprès de l’un de leurs armuriers, l’obtins et demandai à ce forgeron
si je pouvais lui emprunter pour une journée l’une de ses feuilles de métal pas
encore martelées. Il me trouva de fort bonne grâce une épaisse et large pièce
de cuivre, mais assez fine, de sorte qu’elle bringuebalait, oscillait et
vibrait, produisant un bruit semblable à l’écho d’un raclement sur le trajet de
retour vers notre caravansérail. Mon père et mon oncle n’y prêtèrent aucune
attention lorsque je l’introduisis dans notre chambre et la posai contre le
mur, car ils étaient aux

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