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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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comme pour lui passer un relais. Le boiteux s’approche de Stranieri et le fixe en murmurant d’une voix faussement douce :
    — Tu nous cacherais quelque chose ?
    Stranieri se contente de hausser les sourcils d’un air de dénégation. Guiraud sort une dague de sa ceinture et la pointe sur sa gorge.
    — Dis-nous ce que tu as appris. As-tu découvert qui avait mis à sac son château ? Si nous savions qui lui a fait du tort, par exemple, cela rendrait plus crédible ce que tu avances.
    Stranieri, sans manifester la moindre peur, rit sous cape et jette un coup d’œil vers Gasquet.
    — Seigneur, il m’est très difficile de parler dans ces conditions. La pointe de cette dague me chatouille. Cela fait vibrer ma voix, vous entendez ?
    Sur un signe de Gasquet, Guiraud retire son arme.
    — Personne ne sait qui a commis ce pillage, explique Stranieri en se massant le cou. Lui, le premier. Mais je le mettrai sur une fausse piste. Des catholiques, bien entendu. Pour qu’il n’en haïsse notre religion que davantage.
    Guiraud interroge son maître du regard, mais le seigneur lui fait signe de s’écarter. Guiraud range sa dague à regret.
    — Cela te paraît donc suffisant pour qu’il commette un attentat contre des dignitaires de l’Église ? poursuit Gasquet.
    — Le commettre, peut-être pas. Mais le revendiquer, il en est capable.
    — Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
    — C’est un homme de tempérament impulsif, avec une propension à l’exaltation, à la parade et au sacrifice. Un être à la pensée simpliste, pour qui il y a le Bien et le Mal, les bons et les méchants, et qui a une forte conscience de lui-même et de son honneur.
    — Ainsi, d’après toi, l’honneur pourrait pousser certains hommes à sacrifier leurs vies ? ironise Gasquet.
    — Je le crains pour eux.
    Gasquet s’amuse de la réplique.
    — Moi, je craindrais plutôt qu’il n’hésite.
    — S’il hésite, j’essaierai de le persuader que c’est son devoir.
    — Son devoir ?
    — Oui. Chaque fois qu’un imbécile hésite à commettre une action, ça le rassure de penser que c’est son devoir.
    Gasquet étouffe un rire et demande à Guiraud de poursuivre l’interrogatoire à sa place. « Vieille technique ! pense Stranieri. Le jeu de balles : une fois l’un, une fois l’autre. Mais j’y suis rompu, ils peuvent toujours s’y essayer ! Cela fait partie des toutes premières leçons que je donne à mes recrues. Première année, premier niveau ! » Le boiteux s’approche.
    — C’est tout ?
    — Il faudra naturellement qu’il se trouve présent sur les lieux au moment où nous lancerons la bombe. Je me fais fort de l’y amener.
    — Comment feras-tu ?
    — En gagnant sa confiance. L’idéal serait qu’il ait pour moi de la reconnaissance. Il fera à ce moment-là tout ce que je lui demanderai.
    — De la reconnaissance ?
    — Oui. En lui rendant un service qu’il jugerait inestimable.
    — Lequel, par exemple ?
    — Sa jeune Sarrasine est très mal en point et risque de mourir d’une constriction pulmonaire. Il tient à elle comme à la prunelle de ses yeux.
    — À une Sarrasine ! s’exclame Guiraud.
    — Oui. Ce Touvenel a une âme simple. Si je parvenais à la tirer de là, il ne jurerait probablement plus que par moi.
    Une lueur d’ironie passe dans le regard du seigneur.
    — Parce que tu t’y connais en médecine ?
    — Moi, non. Mon compagnon, oui. Toutes les sciences ont un temps d’avance sur nous, dans son pays.
    Gasquet réfléchit quelques secondes et sourit.
    — Nous y voilà ! Tu crois avoir trouvé un prétexte pour permettre à ton Chinois de s’échapper avec toi. Mais tu dois savoir que nous vous retrouverons partout où vous irez.
    — Je ne le sais que trop, seigneur, sourit à son tour Stranieri. Et c’est pourquoi je ne cherche pas à m’échapper avec lui.
    — Qu’est-ce que tu en penses ? demande Gasquet à Guiraud.
    — Je n’ai pas confiance dans cet homme. Et encore moins dans l’autre, le petit jaune.
    Une nouvelle explosion fait soudain trembler le sol, décrochant une tapisserie d’un mur et faisant sursauter les trois hommes. Gasquet porte une main à son cœur et gémit :
    — Ça n’en finira donc jamais.
    Il lève un doigt d’un air satisfait vers Stranieri.
    — Cette fois, rassurez-vous. À l’amplitude du son, je pense que Yong a trouvé le bon mélange.
     
    Stranieri et Yong ont repris une charrette pour

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