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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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fait exprès d’aboutir à des résultats trop faibles ou trop forts pour gagner du temps et attendre son retour.
    — Qu’est-ce qu’il dit ? s’énerve Gasquet.
    — Qu’il a encore besoin de deux ou trois tentatives pour parvenir au but recherché. Et que vous aurez alors entre les mains une arme d’une puissance suffisante pour tuer tout homme se trouvant dans un rayon de dix pas autour de son point d’impact.
    — Dix pas ? Pourquoi seulement dix ?
    Stranieri interroge Yong du regard. Le Chinois lui répond par des gestes qu’il traduit aussitôt.
    — Parce qu’une bombe plus puissante serait trop lourde à transporter jusqu’au sommet de la tour qui surmonte le cloître. Et trop visible, aussi, pour pouvoir l’introduire secrètement dans l’abbaye.
    Gasquet jette à Stranieri un regard méfiant.
    — J’espère pour toi que tu n’essaies pas de me tromper. Et surtout pour lui. Je t’ai déjà dit que j’éprouvais une curiosité extrême à connaître la composition exacte des organes internes de ces sortes d’êtres. Il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je passe à l’acte, comprends-tu ?
    — Pourquoi essaierions-nous de vous tromper, puisque nos intérêts sont les mêmes ? Vous avez découvert qui j’étais, vous savez donc ce que je fais ici. Si notre Saint-Père m’a envoyé en mission en Languedoc, c’est qu’il a besoin, lui aussi, d’un motif indiscutable pour lancer, et surtout pour bénir une croisade contre les hérétiques.
    — Tu n’hésiterais donc pas, pour cela, à sacrifier deux de ses plus respectés prédicateurs ?
    Stranieri concède à Gasquet un regard faussement désolé.
    — Monseigneur, les fins les plus indiscutables ont souvent justifié l’emploi des moyens qui le sont le moins. Je suis bien placé pour le savoir, depuis plus de dix ans que je travaille pour Sa Sainteté.
    Gasquet et Guiraud échangent un regard amusé. Stranieri poursuit :
    — Et puis, songez que notre Saint-Père ne manquera pas de récompenser, en les sanctifiant, ces deux fidèles soldats du Christ qui auront offert leurs vies pour la bonne cause. Qui ne souhaiterait mourir ainsi, avec la certitude de rejoindre aussitôt la droite du Seigneur ?
    Le regard de Gasquet se pose de nouveau sur Yong, qu’il considère un moment, avant de soupirer comme à regret :
    — Qu’il continue, alors ! Mais qu’il se dépêche, ma patience a des limites.
    Tout à coup, agité d’un tic des épaules, il commande à Stranieri :
    — Toi, suis-moi. Tu vas me raconter ce que tu as fait pendant ton absence.
    Profitant de ce que Gasquet a le dos tourné, Stranieri fait quelques signes à Yong pour lui demander de reprendre ses expériences et de réussir à la prochaine tentative.
     
    Enfermé dans une salle du château avec Gasquet et le baron Guiraud, Stranieri leur annonce qu’il a trouvé le parfait idiot qu’il cherchait pour leur projet. Mais lorsqu’il donne le nom de Touvenel, le visage de Gasquet se fige. Stranieri, devant le silence dubitatif du seigneur de Puech, se hâte de préciser :
    — Il s’agit de ce chevalier dont la femme a été assassinée et le château pillé par des soudards pendant la croisade.
    Gasquet échange un regard suspicieux avec Guiraud, puis revient vers Stranieri.
    — Nous savons parfaitement qui est le sieur Touvenel. Comment t’est venue cette idée ?
    — En le voyant dans l’église l’autre jour s’opposer à l’un de vos gardes.
    — Et alors ?
    — Il a fait ainsi la preuve qu’il était capable de jouer au brave. De s’affirmer seul contre tous.
    — Cela t’a suffi à le choisir ?
    — En le fréquentant de plus près, j’ai appris qu’il était revenu de Constantinople, écœuré par ce qu’il y avait vécu et très hostile à la religion catholique. Sa répulsion s’est encore accrue lorsqu’il a su qu’aucun homme d’Église n’avait, pendant son absence, condamné l’acte odieux dont il avait été victime.
    Gasquet reste les yeux rivés dans ceux de Stranieri, comme pour éprouver sa sincérité. Il finit par reprendre :
    — Mais il ne passe pas pour un cathare, que je sache ?
    — Il n’en est plus très loin. Il vit pour l’instant avec la jeune Sarrasine qu’il a ramenée de Terre sainte dans une famille cathare de Savignac, celle du Parfait Philippe de Paunac, et il semble fort amoureux de sa fille Constance.
    Gasquet se tourne vers Guiraud avec un mouvement du menton,

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