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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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Flanagan.
    «  Si l’amour de la vie s’est emparé de votre cœur, si l’amour de vos aises occupe votre corps, quittez le chemin de l’honneur, et goûtez un repos paisible, en portant le nom de lâche ; car tôt ou tard nous connaissons le danger, nous qui nous tenons fermes sur la selle.
    « Vieille mère Flanagan, etc.
    « Quand des ennemis étrangers envahissent notre pays et que nos femmes et, nos maîtresses nous appellent à les défendre, nous soutiendrons bravement la cause de la liberté, ou nous succomberons aussi bravement. Nous vivrons maîtres du beau pays que le ciel nous a donné, ou nous irons vivre dans le ciel.
    « Vieille mère Flanagan, etc.
    Chaque fois qu’on chantait le refrain, Betty ne manquait pas de s’avancer et d’obéir littéralement à l’injonction qu’il contenait, à la grande satisfaction de tous les chanteurs, et peut-être aussi à la sienne. L’hôtesse se servait d’un breuvage mieux assorti à un palais qu’elle avait accoutumé aux liqueurs fortes, et par ce moyen elle avait marché assez facilement d’un pas égal vers la gaieté un peu bruyante à laquelle étaient arrivés la plupart des convives. Tous couvrirent d’applaudissements prolongés la chanson du capitaine, à l’exception pourtant du chirurgien qui s’était levé pendant le premier chorus et qui se promenait en long et en large dans un transport d’indignation classique. Les bravo ! bravissimo ! étouffèrent quelque temps tout autre bruit ; mais dès que le tumulte commença à cesser, le docteur se tourna vers le chanteur et lui dit avec chaleur :
    – Capitaine Lawton, je suis surpris qu’un homme bien né, un brave officier, ne puisse dans ce temps d’épreuve trouver pour sa muse un sujet plus convenable que d’indignes invocations à une coureuse de corps-de-gardes, à cette Betty Flanagan. Il me semble que la déesse de la liberté pourrait fournir des inspirations plus nobles, et l’oppression de notre patrie un thème plus heureux.
    – Sur ma foi ! s’écria l’hôtesse en s’avançant vers lui les poings appuyés sur les côtes, et qui est-ce qui m’insulte ? Est-ce vous, Maître-Emplâtre, Maître-Seringue, Maître…
    – Paix ! dit Dunwoodie d’une voix qui ne s’élevait guère au-dessus de son ton ordinaire, mais qui fut suivie par un silence semblable à celui de la mort. Femme, sortez de cette chambre ; docteur Sitgreaves, reprenez votre place à table, et ne troublez pas le cours de nos plaisirs.
    – Soit ! soit ! dit le chirurgien en se redressant avec une dignité calme. Je me flatte, major Dunwoodie, que je connais un peu les règles du décorum et que je n’ignore pas tout à fait ce qu’on peut se permettre dans une réunion d’amis.
    Betty fit une prompte retraite, quoique non en ligne directe, dans les domaines de sa cuisine, n’étant pas habituée à répliquer à un ordre de l’officier commandant.
    – Le major Dunwoodie nous fera-t-il l’honneur de chanter une chanson sentimentale ? dit Lawton en saluant son chef avec la politesse d’un homme bien né et avec cet air de sang-froid qu’il savait si bien prendre.
    Dunwoodie hésita un instant, et chanta ensuite avec une exécution parfaite les couplets suivants :
    « Les uns aiment la chaleur des climats méridionaux, où un sang ardent circule avec rapidité dans les veines ; moi je préfère la clarté douteuse que réfléchissent en tremblant les rayons plus doux de la lune.
    « D’autres aiment les couleurs éclatantes de la tulipe, où l’or le dispute à l’azur avec un éclat splendide ; mais plus heureux celui dont la guirlande nuptiale, tressée par les mains de l’amour, exhale le doux parfum de la rose. »
    La voix de Dunwoodie ne perdait jamais en aucune occasion son autorité sur ses officiers subalternes, et les applaudissements qui suivirent sa chanson, quoique moins bruyants que ceux qu’avait obtenus le capitaine, furent beaucoup plus flatteurs.
    – Monsieur, dit le docteur après avoir joint ses applaudissements à ceux de ses compagnons, si vous vouliez seulement apprendre à joindre quelques allusions classiques à votre imagination, vous deviendriez un très-joli poète amateur.
    – Celui qui critique doit être en état d’exécuter, dit le major en souriant : je somme le docteur Sitgreaves de nous donner un échantillon du style qu’il admire.
    – Oui, oui, s’écrièrent tous les convives avec transports ; il faut que le

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