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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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vu ? lui demanda-t-il.
    – Non, Monsieur, répondit Hollister d’un ton presque solennel, c’est-à-dire rien que nous pussions attaquer. Nous nous sommes pourtant une fois mis en selle, en entendant un coup de feu dans le lointain.
    – C’est bien, dit Lawton d’un air sombre. – Ah ! Hollister ! j’aurais donné Roanoke pour que votre bras pût s’étendre entre le scélérat qui a tiré ce coup de fusil et ces misérables rochers qui s’avancent de tous côtés comme s’ils étaient jaloux des pâturages qui les séparent.
    Les dragons se regardèrent avec surprise, ne concevant pas quel puissant motif aurait pu déterminer leur capitaine à un tel sacrifice.
    – À la lumière du jour, et homme contre homme, il y a peu de chose que je craigne, dit le sergent avec un air de résolution ; mais je ne puis dire que je me soucie beaucoup de me battre contre des êtres que ni le plomb ni l’acier ne peuvent abattre.
    – Que voulez-vous dire, imbécile ! s’écria Lawton ; où est l’être vivant qui puisse résister à l’un ou à l’autre ?
    – Quand un être est vivant, il est facile de le priver de la vie, répondit Hollister ; mais les coups de sabre ou de mousquet ne peuvent nuire à celui qu’on a déjà placé dans le tombeau ; et je n’aime pas un objet noir que nous avons vu rôder sur la lisière du bois depuis le premier point du jour, ainsi que deux fois pendant la nuit ; nous l’avions vu à la lueur du feu traverser la vallée sans doute dans de mauvaises intentions.
    – Ah ! s’écria le capitaine, est-ce cette boule noire que je vois là-bas près de ce rocher couvert d’érables ? De par le ciel ! elle remue !
    – Oui, répondit le sergent en regardant le même objet avec une sorte de crainte respectueuse, mais son mouvement n’a rien de naturel. C’est un être qui semble glisser sur le terrain, et aucun de nous n’a pu lui apercevoir de jambes.
    – Quand il aurait des ailes, s’écria Lawton, il est à moi : restez à votre poste jusqu’à ce que je revienne. À peine avait-il prononcé ces mots que Roanoke courait déjà dans la vallée, galopant de manière à réaliser la fanfaronnade de son maître.
    – Ces maudits rochers ! s’écria Lawton en voyant l’objet qu’il poursuivait s’en approcher ; mais soit qu’il fût aveuglé par la terreur, soit qu’il désespérât de pouvoir les gravir, ce nouvel ennemi passa à côté, et resta dans la plaine.
    – Je vous tiens, homme ou diable ! s’écria le capitaine en tirant son sabre. Arrêtez-vous, et je vous promets quartier.
    La proposition parut acceptée, car au son de la voix forte du dragon, cette espèce de boule noire s’arrêta, et parut une masse informe privée de vie et de mouvement.
    – Qu’avons-nous ici ! s’écria Lawton en s’arrêtant à côté ; est-ce une robe de gala de cette bonne dame miss Jeannette Peyton qui rôde autour de son ancien domicile et qui cherche sa maîtresse ? S’appuyant sur ses étriers, et plaçant la pointe de son sabre sous le bord d’une grande robe de femme, de soie noire, il la souleva, et vit par dessous le révérend aumônier de l’armée royale, qui s’était enfui des Sauterelles la nuit précédente, revêtu de ses habits sacerdotaux.
    – Sur ma foi ! l’alarme d’Hollister n’était pas sans quelque fondement, dit le capitaine. Un aumônier d’armée a toujours été un objet de terreur pour un détachement de dragons.
    Le révérend personnage avait suffisamment recouvré l’usage de ses facultés pour voir qu’il avait affaire à une figure qu’il connaissait, et un peu déconcerté de la terreur qu’il avait montrée, il se releva, et chercha à s’excuser le mieux qu’il lui fut possible.
    Lawton écouta ses explications avec bonne humeur, quoique sans y ajouter entièrement foi, et après l’avoir assuré qu’il n’y avait plus rien à craindre dans la vallée, il mit pied à terre avec politesse, et ils se dirigèrent vers l’endroit où étaient restés les dragons.
    – Je connais si peu l’uniforme des rebelles, Monsieur, dit l’aumônier, qu’il m’était réellement impossible de savoir si ces hommes, que vous dites être sous vos ordres, n’appartenaient pas à cette bande de maraudeurs.
    – Vous n’avez pas besoin d’apologie, Monsieur, répondit Lawton avec un sourire ironique ; comme ministre de Dieu, votre besogne n’est pas de faire attention aux parements d’un habit :

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