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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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des blessés anglais eut lieu presque au même instant, et ils se dirigèrent du côté de la mer, où un bâtiment les attendait. Dès qu’ils furent hors de vue, Lawton, qui avait suivi tous ces mouvements avec joie, fit sonner de la trompette, et chacun se prépara à partir. La jument de mistress Flanagan fut attelée à sa charrette ; le docteur Sitgreaves se plaça gauchement sur son bon cheval, et le capitaine sauta sur sa selle, enchanté de la perspective d’être bientôt en activité.
    Le mot marche se fit entendre, et Lawton jetant un regard de dépit vers le lieu où s’était caché le Skinner, et un autre de regret mélancolique vers la tombe d’Isabelle, se mit à la tête de sa petite troupe, tout pensif, et ayant le chirurgien à son côté. Le sergent Hollister et Betty formaient l’arrière-garde. Le vent frais du sud sifflait tristement à travers les portes ouvertes et les fenêtres brisées de l’hôtel Flanagan ; qui avait retenti naguère de la gaieté bruyante et des plaisanteries de nos valeureux partisans.

CHAPITRE XXV
    La fraîche verdure du printemps n’orne pas ces rochers stériles ; mais l’hiver, s’arrêtant dans sa course, glace le cœur de mai. Nul zéphyr ne caresse le sein de la montagne, mais les météores y brillent, et les sombres orages t’entourent.
    GOLDSMITH.
    Ce ne fut qu’après l’établissement de leur indépendance que les Américains parurent se considérer comme quelque chose de plus que des hôtes passagers dans leur pays natal. Avant cette époque, leurs idées, leur richesse, leur gloire, se reportaient constamment sur la Grande-Bretagne, comme l’aiguille aimantée se dirige vers le pôle. Quarante ans, pendant lesquels l’Amérique s’est gouvernée elle-même, ont fait pour elle ce que n’avait pu faire un siècle et demi de dépendance. La surface inégale du West-Chester, au temps dont nous parlons, était à la vérité coupée par des routes nombreuses, se dirigeant dans tous les sens ; mais elles étaient en harmonie avec le caractère de l’époque et celui des habitants. Depuis l’ère nouvelle, de nombreux chemins bien alignés, consultant l’utilité plus que le goût, se dirigent droit d’un point à un autre. On n’en voyait pas de pareils dans l’ancienne administration, si ce n’était dans les cas extraordinaires où une rivière d’un côté, et des montagnes de l’autre les empêchaient de décrire une courbe gracieuse. Au lieu de ces voies directes et raccourcies, les grands chemins, sauf le peu d’exceptions dont nous venons de parler, offraient uniformément ce goût classique cultivé sous des institutions qui ont besoin de la poésie de la vie. Ces deux systèmes offrent un assez fidèle emblème des différentes institutions auxquelles nous avons fait allusion. On voit d’un côté le résultat du hasard et des circonstances, embelli par les grâces de l’art, de manière à rendre agréable ce qui n’est pas toujours commode ; de l’autre on aperçoit une raison simple et franche, marchant directement à son but, et laissant l’utilité indemniser de ce qui peut manquer en beauté et en intérêt.
    Quelque ingénieuse comparaison que nous puissions établir entre les gouvernements et les routes, César Thompson ne trouva dans celles-ci que des plaisirs passagers et des dangers très-fréquents. Tant qu’il eut à voyager dans une de ces belles vallées qui abondent dans l’intérieur de ce comté, il se trouva fort à son aise et en pleine sécurité. Suivant le cours du ruisseau qui y serpente invariablement, le chemin traversait de riches prairies ou de beaux pâturages, puis, s’éloignant à angle droit, gravissait la pente douce du bas de la montagne qui terminait la vallée, et passant devant la porte de quelque habitation retirée, allait retrouver le ruisseau et la prairie jusqu’à ce qu’il en eût épuisé toutes les beautés, car nul endroit n’était assez écarté pour avoir échappé à la curiosité du génie des grandes routes. Mais bientôt, comme s’il eût voulu admirer un autre genre de beauté agreste, le chemin s’avançait hardiment vers la base d’une barrière en apparence périlleuse, et escaladait une montagne escarpée ; puis s’applaudissant de sa victoire en arrivant sur le sommet, il en descendait audacieusement par une autre vallée où il s’égarait en de nouveaux détours.
    En parcourant une route d’un caractère si varié, César éprouva

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