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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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Harvey en liberté, s’écria Katy alarmée.
    – Votre argent était trop peu de chose, bonne femme, à moins que vous n’en ayez caché dans ce lit, dit le Skinner ; et déchirant à coups de baïonnette le matelas et la paillasse, il sembla prendre un malin plaisir à en éparpiller la laine et la paille dans toute la chambre.
    – S’il y a des lois dans le pays, s’écria Katy, à qui l’intérêt qu’elle prenait à sa propriété nouvellement acquise faisait oublier le danger personnel auquel elle s’exposait, j’obtiendrai justice d’un pareil vol.
    – La loi du territoire neutre est celle du plus fort, dit le Skinner avec un sourire moqueur. Mais faites attention que ma baïonnette est plus longue que votre langue, et que les coups de l’une sont plus dangereux que ceux de l’autre.
    Il y avait près de la porte un individu qui semblait vouloir se cacher dans le groupe des Skinners ; mais une flamme que firent naître tout à coup quelques effets mobiliers jetés dans le feu par son persécuteur, fit reconnaître au colporteur les traits du Spéculateur qui avait acheté sa maison. Il parlait à voix basse et avec un air de mystère à celui de ces brigands qui était le plus près de lui, et Harvey commença à soupçonner qu’il était victime d’un complot dont ce traître avait été complice. Les reproches seraient venus trop tard : il suivit donc la bande d’un pas ferme et tranquille, comme si on l’eût conduit au triomphe et non à l’échafaud. En traversant la cour, le chef heurta contre une souche de bois, tomba, et, se relevant un peu froissé de sa chute, il s’écria avec colère :
    – Maudite soit cette souche infernale ! La nuit est trop obscure pour que nous puissions marcher ici. Holà, vous autres ! jetez un tison au milieu de ce tas de laine, afin de nous éclairer.
    – Arrêtez ! s’écria le Spéculateur consterné, vous mettrez le feu à la maison.
    – Et nous y verrons mieux, répondit un Skinner en jetant au milieu des matières combustibles répandues dans la chambre tout le bois enflammé qui brûlait dans la cheminée ; en un instant tout le bâtiment fut en feu. Allons, allons, dit le chef, maintenant profitons de cette clarté pour gagner les hauteurs.
    – Misérable, s’écria l’acquéreur courroucé ; est-ce là votre amitié ? Est-ce ainsi que vous me récompensez de vous avoir livré cet espion ?
    – Tu ferais bien de te mettre à l’ombre, si tu as dessein de me parler sur ce ton, dit le chef de la bande, car j’y vois trop clair maintenant pour te manquer. L’instant d’après il exécuta sa menace ; mais heureusement la balle n’atteignit ni le Spéculateur effrayé, ni la femme de charge non moins épouvantée qui, après avoir possédé quelques instants ce qui lui paraissait une fortune, se trouvait réduite à une pauvreté complète. La prudence les engagea tous deux à faire une prompte retraite, et le lendemain matin il ne restait de la maison du colporteur que la grande cheminée dont nous avons parlé.

CHAPITRE XV
    Des indices légers comme l’air sont pour les jaloux des preuves aussi fortes que si elles étaient tirées de la Sainte-Écriture.
    SHAKESPEARE.
    Le temps, qui avait été doux et beau depuis l’orage, changea alors avec la rapidité ordinaire du climat de l’Amérique. Vers le soir un vent froid descendit des montagnes, et la neige annonça que novembre était arrivé, saison qui fait succéder sans transition les glaces de l’hiver aux ardeurs de l’été. Frances, d’une fenêtre de son appartement, regardait défiler lentement le convoi funéraire avec une mélancolie trop profonde pour n’être causée que par ce spectacle. Il y avait dans le triste devoir que remplissaient son père et son frère quelque chose qui s’accordait avec les idées qui l’occupaient. Tandis que ses regards erraient autour d’elle, elle vit les arbres se courber sous la violence de l’ouragan, et les bâtiments qui ne pouvaient lui offrir une forte résistance en étaient ébranlés. La forêt, que le soleil faisait briller naguère des teintes variées de l’automne, perdait une grande partie de sa beauté, le vent dépouillant les arbres de leurs feuilles qu’il chassait au loin devant lui. On pouvait distinguer à quelque distance sur les hauteurs des patrouilles de dragons de la Virginie gardant tous les défilés. Penchés sur le pommeau de leur selle, à cause du vent glacial qui venait de

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