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L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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offensante:
    â€” Monsieur Blanchet, cette fois je vous retrouve sur mon terrain. Je pourrais en toute légalité vous abattre comme la bête nuisible que vous êtes, pour défendre ma propriété. Je vais donc récupérer mon revolver et vous le vider dans le corps, le vôtre et celui de vos camarades, si vous ne déguerpissez pas dans les trente prochaines secondes.
    L’autre chercha, comme lors de leurs deux précédentes altercations, ses compagnons des yeux afin de trouver le réconfort du nombre.
    â€” Vos menaces ne me font pas peur, l’ami des Youpins.
    Vous les recevez chez vous, maintenant, ajouta-t-il en regardant en direction de Bielfeld.
    â€” Je pense que quinze bonnes secondes sont écoulées.
    Son interlocuteur jeta encore un regard un peu inquiet vers ses complices, puis finalement il tourna les talons, prononçant d’un ton faussement joyeux:
    â€” Ce trou du cul nous fait perdre notre temps. Continuons notre travail.
    La petite troupe regagna la voie publique, se déplaça jusqu’au poteau de téléphone suivant… mais ne posa aucune nouvelle affiche sur celui qui se dressait sur le terrain de Renaud Daigle. Celui-ci rejoignit sa famille sur le perron.
    Virginie lui dit à l’oreille:
    â€” Tu lui as précisé que ton revolver se trouve enfermé à clé dans un tiroir, et les balles dans un autre tiroir, verrouillé lui aussi?
    â€” Non, et aussi longtemps qu’il l’ignore, nous aurons la paix.
    Près d’eux, Bielfeld regardait Fran avec des yeux préoccupés.
    â€” Tu viens rejoindre ta mère? Elle va s’inquiéter.

    Comme tous les samedis, Arden Davidowicz était resté à la disposition de ses patients, qui ne venaient plus, jusque vers midi. Puis après le repas, il se dirigea vers Sainte-Agathe à bord de son automobile. Au moment de s’engager dans une rue au second rang par rapport au lac, une petite affiche sur un poteau de téléphone attira son attention. Une minute suffit pour la décrocher et, après un coup d’œil, la mettre rageusement dans sa poche.
    Stationné près de son chalet, les pieds à peine posés sur l’allée de gravier, la porte claquait et son garçon se précipitait dans ses bras.
    â€” Papa, je souhaite rentrer à la maison, à Montréal, geignit-il en yiddish.
    En réalité, Solomon voulait dire retrouver son père et ne plus voir cette femme.
    â€” Tu sais bien que l’air pur te fait le plus grand bien. À
    Montréal, il fait très chaud. Puis comme je dois travailler, personne ne pourrait s’occuper de toi.
    L’enfant afficha son visage le plus buté. Sur le perron se dressait Élise, visiblement préoccupée. Au moment de la rejoindre, le médecin demanda d’un ton qu’il souhaitait le plus gai possible:
    â€” Ce jeune homme a-t-il fait sa sieste?
    â€” Non, pas encore. Nous t’attendions.
    â€” Dans ce cas, je vais aller m’étendre avec lui.
    Quelques minutes plus tard, allongé sur un lit trop moel-leux, son fils collé contre lui, Davidowicz s’abandonnait dans la contemplation des fentes entre les planches du plafond.
    Longtemps après que le garçon se fut endormi, il demeura là, perdu dans ses pensées. À la fin, alors qu’il devenait impossible de retarder encore la conversation inévitable, il se leva pour rejoindre Élise Trudel dans la pièce à côté, un salon meublé modestement.
    â€” Tu as vu ces affiches? demanda-t-il en sortant celle qui se trouvait dans sa poche pour la lire une nouvelle fois.
    â€” Oui, un groupe d’excités s’est promené dans les rues ce matin, pour les coller. En fait, toute la semaine, l’atmosphère a été survoltée.
    â€” Les Juifs ont adopté ce coin de paradis il y a quelques années et y ont pris leurs aises. Ils auraient mieux fait de se disperser dans des lieux divers!
    Visiblement, Élise ne souhaitait pas parler de la sociologie de la villégiature dans les Laurentides. Peut-être son amant aurait-il plus de succès en évoquant la politique:
    â€” Tu as lu les journaux? Tout semble indiquer que le couloir de Dantzig servira de prétexte à Hitler pour déclencher les hostilités.
    Depuis la Grande Guerre, en conséquence de la négociation du traité de paix à Versailles, un

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