Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
L’avocat accompagna ensuite sa compagne jusqu’à la voiture chargée de la conduire chez elle. Plutôt que de rentrer tout de suite dans sa petite chambre, il décida de profiter d’un bon porto en parcourant la collection impressionnante de journaux mise à la disposition de la clientèle du Laurier. 

5
    Renaud fit si bien pour s’occuper qu’il ne réintégra l’hôtel Elgin qu’un peu après onze heures. Au moment de prendre sa clé au comptoir, l’employé lui remit deux messages. Le premier faisait état d’un téléphone de Virginie Daigle en début de soirée, demandant de l’appeler tout de suite. L’autre venait d’Élise Trudel et portait la mention «Très urgent».
    Inquiet, l’avocat regagna sa chambre pour décrocher l’appareil et prier la standardiste d’être mis en communication avec Montréal. Un instant après, au premier «Allô» ensommeillé de Virginie, il s’enquit:
    â€” Que se passe-t-il?
    â€” … Quoi?
    â€” Tu as demandé que je te rappelle…
    Son épouse prit un moment avant de continuer, cette fois tout à fait éveillée:
    â€” Renaud? Je ne croyais pas que ce serait si tard.
    â€” Pourquoi as-tu appelé?
    â€” Te raconter un fait divers. Cet après-midi, Arden Davidowicz a été arrêté. Sa femme a été tuée.
    Elle se tut, pour le laisser assimiler la nouvelle.
    â€” Davidowicz? Sa femme?
    â€” Assassinée dans son domicile, à quelques pas d’ici.
    Nadja est couchée à côté de moi. Elle a insisté pour que je cherche ton revolver et le mette sur la table de nuit…
    Cela expliquait pourquoi Virginie murmurait, au point de devenir presque inaudible. Mieux valait ne pas réveiller la fillette, qui voudrait lui raconter la chose elle-même jusqu’au milieu de la nuit. Heureusement, son sommeil n’avait rien de léger.
    â€” Que s’est-il passé?
    â€” Personne ne le sait trop. Les journaux en diront plus demain. Quand je suis allée faire des courses, en sortant du cinéma, tout le monde ne parlait que de cela. D’après ce que j’ai compris, Davidowicz a trouvé sa femme morte ce matin, en revenant chez lui…
    â€” Ce type rentre à la maison le matin?
    â€” La rumeur publique, depuis cet après-midi, lui prête une vie remplie de turpitudes.
    Bien sûr, l’imagination des bourgeois devait se déchaîner.
    Un meurtre dans un quartier cossu comme Outremont représentait une aubaine pour les commères. Les gens devaient croire s’être éveillés aux États-Unis, où l’assassinat semblait en voie de devenir un passe-temps populaire.
    â€” Tu as dit qu’il a été arrêté?
    â€” Cet après-midi, à son domicile. Je n’en sais pas plus.
    Visiblement, la jeune femme aurait voulu partager son inquiétude plus tôt dans la soirée. Maintenant, elle paraissait plutôt encline à terminer sa nuit. Après un petit moment, Renaud raccrocha, pour reprendre tout de suite le combiné et demander cette fois à la standardiste de l’hôtel d’être mis en communication avec un numéro d’Ottawa. À la première sonnerie, Élise Trudel décrocha et dit d’entrée de jeu:
    â€” Renaud, je vous en prie, pouvez-vous venir me voir immédiatement?
    Le ton paraissait tout à fait désespéré.
    â€” Que se passe-t-il?
    â€” Davidowicz. Pouvez-vous accourir sans délai?
    Bien sûr, cette histoire allait porter un dur coup au Parti libéral. Renaud ne se souvenait pas d’une situation pareille survenue dans le passé: l’épouse d’un député assassinée, son conjoint arrêté. Comme Élise vouait sa vie à cette organisation politique, cela devait la mettre dans tous ses états.
    â€” Il sera bientôt minuit.
    â€” Je sais l’heure qu’il est, s’impatienta la femme à l’autre bout du fil. Pouvez-vous venir tout de suite? Je vous en prie!
    â€” … Bien sûr. J’arrive.
    Surtout, mieux valait mettre fin à cette conversation. À cette heure de la nuit, la standardiste pouvait tout aussi bien les écouter. Autant ne pas lui donner le plaisir d’entendre quelques histoires juteuses sur un membre du Parti libéral.

    Ã‰lise Trudel lui avait

Weitere Kostenlose Bücher