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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dévoiles les indices que tu détiens, même obscurs, nous n’aurions pas eu la moindre idée par où commencer.
    Il retourna s’asseoir à sa place et je fis de même. Pendant de longues minutes, un silence de tombeau régna dans le temple, tout le monde se regardant sans trop savoir que faire. Soudain, Pierrepont frappa sèchement le bras de son fauteuil de la paume et nous fit sursauter.
    —    Bougre de Dieu ! Nous n’allons quand même pas rester ainsi à nous vautrer dans le désespoir ? Si cette femme a laissé ces indications, c’est qu’elles pouvaient être décryptées ! Nous avons tous une cervelle ! Pensons, tudieu, pensons ! Je refuse de croire que personne n’y comprend quoi que ce soit ! Sire Gondemar a suivi la piste des Neuf jusqu’à Gisors. Cela confirme au moins que la seconde part se trouve ici, comme l’a écrit Baroche. C’est déjà cela de pris. Ensuite ? Que savons-nous d’autre ?
    —    Une chapelle qui n’a jamais vu la Lumière, dis-je. Peut-être ai-je tort, mais j’en ai toujours compris que le dépôt de la seconde part se trouvait sous terre. La lettre de Baroche semble le confirmer : elle restera dans les Ténèbres jusqu’à ce que sa révélation soit décrétée. Et la mendiante l’a laissé entendre, elle aussi : les Ténèbres et la Lumière. Elle passera des unes à l’autre lorsqu’elle sera tirée de sa cachette.
    —    Il pourrait aussi simplement s’agir d’une pièce murée, sans porte ni fenêtre, remarqua Ugolin. Quelque chose dans Gisors correspond-il à cette description ?
    Les frères de Gisors se consultèrent du regard.
    —    Le donjon ? suggéra Thury. Sa motte de terre pourrait aisément recouvrir une structure souterraine.
    —    Ou alors, la Tour du Prisonnier ? Le logis du seigneur ? Les fondations de la muraille ? fit Jehan, dépité. Une cache pourrait être enfouie n’importe où et les murs épais abondent dans la forteresse. Nous pourrions chercher pendant le reste de notre vie sans jamais rien trouver.
    —    Je crois que c’est bien sous terre que nous devons chercher, intervint Guillot, pensif.
    Le moine n’avait dit mot depuis mon arrivée dans le temple. Ses petits yeux enfoncés dans le suif étaient plissés par la concentration. Tous les regards se tournèrent vers lui.
    —    Gare au vitriol. Ce sont bien là les mots exacts du Cancellarius Maximus ? s’enquit-il.
    —    Oui.
    —    Hmmm... fit-il en massant le gras qui s’accumulait sous son menton. Savez-vous ce que signifie « vitriol » ?
    —    C’est un acide puissant et un poison, répondit Pernelle. Le liquide parfait pour tendre un piège mortel. Il suffit d’en répandre sur un intrus et il mourra dans les souffrances les plus atroces. C’est sans doute ce qui attend celui qui cherchera la seconde part s’il n’est pas prévenu et ignore comment se protéger. D’où l’avertissement de la mendiante.
    —    Vous imaginez un mécanisme destiné à protéger les documents des indésirables, dame Pernelle, répondit le moine. D’un point de vue littéral, vous n’avez pas tort. Mais le mot a plus d’un sens.
    —    Sois plus clair, moine ! exigea mon amie avec une animosité que je ne lui avais pas souvent vue. Tu sais pourtant parler bellement quand vient le temps de justifier un bûcher !
    —    Éviter les soupçons de l’Église exige parfois des tâches déplaisantes. Mais je ne m’attends pas à ce qu’une Parfaite cathare le comprenne, répondit Guillot avec fiel.
    Pierrepont leva la main avec autorité pour calmer une nouvelle fois les esprits qui s’échauffaient.
    —    Nous avons moult raisons de ne pas nous aimer et de nous blâmer les uns les autres, convenons-en, mais je vous en conjure, gardons en tête la raison de notre présence ici. Notre mission commune l’exige. Tu allais dire, Guillot ?
    Le gros moine se redressa dans son fauteuil et prit un air hautain.
    —    Je présume que personne ici n’est familier avec l’Art royal ?
    —    Tu parles de l’alchimie, rétorqua Pernelle, toujours belliqueuse et désireuse de montrer que ses connaissances n’étaient pas en reste sur celles du moine. C’est la science de la transmutation. Ceux qui la pratiquent espèrent faire de l’or à partir de métaux vils. Ils cherchent aussi à découvrir la pierre philosophale pour atteindre l’immortalité. Ceux qui fourrent leur nez dans ces histoires de bonne femme devraient

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