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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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   Allons, allons... Dieu ne nous impose jamais que les épreuves que nous avons la force de traverser. Chuuuuut... chuuuuut, ne perds pas courage, Lucifer. Ne dis pas de bêtises. Tu vas mieux maintenant. Allez, réveille-toi.
    La toux creuse qui me fit étouffer fut le premier indice que je n’étais pas mort.
    —    Ne dis pas de bêtises, dit une voix pleine de tendresse qui me semblait descendre tout droit du paradis et que je crus reconnaître. Tu vas mieux maintenant. Allez, réveille-toi.
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    Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Bénis et épargne-nous. Qu’il en soit fait selon ta parole.
    6
    Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec nous tous.
    7
    Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.

Chapitre 4 Adaptation
    Je constatai d’abord que je respirais, puis qu’on me caressait les cheveux et qu’on me berçait. Dès que je compris que j’étais vivant, j’éprouvai un profond découragement. L’espace d’un moment, l’espoir de mourir et d’en finir, quitte à passer l’éternité en enfer, avait été bien tangible. Mais cela n’avait été qu’un rêve. La réalité me retenait prisonnier.
    J’ouvris les yeux, convaincu de trouver la mendiante auprès de moi, mais la lumière m’éblouit et me força à les refermer. Lorsque je les rouvris, je vis en fait Pernelle. Un large sourire transfigura le faciès que la nature n’avait guère avantagé et elle laissa échapper ce petit rire que j’avais si souvent entendu lorsqu’elle était encore fillette, et dans lequel perçait un immense soulagement.
    — Te voilà enfin de retour, dit-elle en écartant avec tendresse une mèche de cheveux qui me pendait sur l’œil. Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de vouloir mourir ? Il n’en est pas question !
    Je tentai de parler, mais les mots restèrent coincés dans ma gorge, aussi sèche que du parchemin. Elle reposa ma tête sur quelque chose de moelleux, se leva et sortit de mon champ de vision. J’en profitai pour noter que j’étais toujours dans la même maison. Mais c’était maintenant moi qui étais allongé sur la paillasse d’Ugolin. Lorsque Pernelle revint, elle tenait un gobelet rempli à ras bord. Elle me saisit la nuque pour me relever la tête et le porta à mes lèvres.
    —    Doucement, dit-elle en me laissant avaler quelques gorgées. Voilà.
    Lorsque le gobelet fut vide, elle me sourit encore, de ce sourire qui m’avait apporté la sérénité, jadis, quand nous étions enfants.
    —    Tout ira bien, maintenant, mon pauvre ami. Tu t’en es sorti. Tu as la constitution d’un cheval. J’ai bien cru te perdre.
    Je remarquai à quel point elle avait l’air épuisée. Ses beaux yeux d’un vert de forêt, enfoncés dans leurs orbites, étaient soulignés par de larges cernes sombres. Ses joues étaient creuses et son visage était blême. Ses cheveux blonds étaient sales et plaqués sur son crâne.
    Peu à peu, les souvenirs s’ordonnaient dans ma cervelle. Notre départ de Toulouse. Mondenard et la maladie qui avait décimé sa population. Ugolin qui en avait été affecté. La décoction de saule que je lui avais administrée. L’eau que j’avais tenté de lui apporter. Mon évanouissement. Cécile qui pleurait. Le père Prelou qui me martyrisait. Métatron qui me maudissait. La mendiante qui me protégeait, me consolait et soulageait ma douleur. Mon regard se porta sur ma main droite. L’anneau de Cécile se trouvait toujours à mon annulaire.
    —    Putain de Dieu. grognai-je. Mais que s’est-il passé ? Qu’est-ce que j’ai ?
    —    Ce que tu as ? fit une voix que je connaissais bien. Beaucoup de chance, assurément. Comme moi.
    Sans que j’en aie eu connaissance, Ugolin était entré dans la maison et refermait la porte. Il s’approcha de ma couche. Les traits tirés, il était amaigri, mais semblait bien portant et souriait à pleines dents. Le fait de voir mon fidèle compagnon sur deux pattes me remplit de joie et me redonna un peu de force. Au sourire que je lui retournai, il comprit mon sentiment sans que j’aie à l’exprimer. Pernelle lui tendit le gobelet et il se rendit à la table pour le remplir à même la cruche.
    —    Tu as attrapé le feu sacré, m’expliqua Pernelle. Comme de juste, puisque tu avais touché Ugolin et que tu as insisté pour demeurer auprès de lui. Je t’ai trouvé allongé sur cette paillasse, où notre bon gros avait réussi à te porter.

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