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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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vous deux, messires, vous avez presque payé de votre vie pour l’aide que vous nous avez apportée. Je prie Dieu qu’il vous le rende. Mais d’ici là.
    Il détacha une petite bourse de sa ceinture et me la lança. Je l’attrapai de la main droite et reconnus sans mal le tintement d’espèces sonnantes et trébuchantes.
    —    Les Parfaits ne soignent pas pour l’argent, le gronda Pernelle. Tu le sais très bien, Estève.
    —    J’en suis conscient. Mais mon père était riche et il était responsable de Mondenard. Il aurait souhaité vous remercier de votre aide. Acceptez cette petite somme en mémoire de lui.
    —    Bon, puisque tu insistes, dis-je en me rappelant que quelques pièces nous seraient sans doute utiles.
    Je glissai la bourse dans ma chemise et le saluai de la tête.
    —    Que Dieu vous mène à bonne fin, dit-il.
    —    Et toi de même, Estève, répondit Pernelle, la gorge serrée.
    Nous fîmes demi-tour et quittâmes Mondenard.

    1
       Au naturel. Complètement nu.
    2
       Chemin de souffrance.
    3
    Un pouce vaut 2,7 cm.
    4
    Chien du Seigneur.

Chapitre 5 Cahors
    Cahors se trouvait à une douzaine de lieues à peine de Mondenard, mais j’avais grand besoin de repos lorsque, au crépuscule, nous arrivâmes en vue de la cité. Elle était bâtie sur une presqu’île formée par une boucle dans le cours du Lot. Les eaux l’entouraient à l’est et au sud, alors qu’un rempart la fermait à l’ouest. Des ponts franchissant le fleuve menaient aux portes de la ville, qui se révélait fort bien protégée. Nous restâmes là, à l’observer longuement.
    —    Je souhaite bonne chance à celui qui se mettra en tête d’assiéger cet endroit, remarqua Ugolin.
    —    Et si la maladie s’y était rendue ? dis-je en consultant Pernelle du regard.
    Elle plissa les yeux et scruta longuement la cité.
    —    Il y a du mouvement dans les rues. C’est bon signe. Maintenant que je sais que les croisés ne sont jamais repartis de Mondenard, j’ai bon espoir que le mal y ait été contenu.
    —    Alors on s’arrête ou on continue ? demanda Ugolin en se tournant vers moi.
    —    On continue. Trouvons un endroit où passer la nuit, et demain nous reprendrons notre route, répondis-je. Tu connais la ville ?
    —    Non, je n’y suis jamais entré.
    —    Il serait prudent de ne pas divulguer notre identité. Jusqu’à ce que nous sachions si le stratagème de Roger Bernard a fonctionné, mieux vaut présumer que je suis recherché.
    Ce furent donc à nouveau dame Liurada, accompagnée de messires Ricard et Gustau, qui franchirent un des ponts et se présentèrent à la porte de la cité. La présentation du sauf-conduit des Foix eut l’effet escompté et un garde nous donna un accès aussi obséquieux qu’immédiat à l’intérieur.
    Cahors était fort différente de toutes les cités que je connaissais. Elle était traversée du nord au sud par une large rue coupée par de nombreuses avenues transversales et bordée de maisons d’un genre que je n’avais jamais vu, en brique et en pierre, à deux étages et ornées d’enseignes peintes. Le rez-de-chaussée de la plupart d’entre elles était occupé par des boutiques et des ateliers installés sous de hautes et gracieuses arcades de pierre, et dont la régularité et la symétrie donnaient à la rue des allures d’intérieur de cathédrale. À cette heure, plusieurs étaient vides, mais je pouvais aisément les imaginer en plein jour, fourmillant de clients et de négociants. Aux étages, les fenêtres étaient illuminées, trahissant la présence des habitants. J’observai que l’architecture de la ville avait été entièrement pensée pour le commerce.
    Nous descendîmes la rue presque déserte, les sabots de nos montures résonnant dans le soir sur les pavés inégaux, ne croisant que quelques passants habitués à voir circuler des étrangers et indifférents à notre présence. J’en arrêtai un et lui demandai la direction de l’auberge la plus proche.
    —    Tout droit, après la cathédrale, répondit-il avant de poursuivre sa route.
    Nous arrivâmes bientôt en vue de ladite cathédrale. Au cœur de la ville, elle avait l’allure lourde et austère, et tenait presque autant de la forteresse que du temple. Tout près se trouvait un cimetière. Puis la succession des maisons reprit et bientôt nous croisâmes, sur notre droite, une enseigne en bois ornée d’un

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