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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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lentement au rythme du convoi, je récapitulai pour Jaume les événements qui nous avaient menés jusqu’à Toulouse.
    —    Tonnerre de Dieu, rouspéta-t-il, je comprends que tu désirais retrouver la seconde part. Les circonstances parlent d’elles-mêmes. Mais pourquoi avoir inventé toute cette histoire et agi seul ?
    Comment pouvais-je lui dire que l’Ordre des Neuf n’était, au mieux, qu’un instrument entre mes mains, vers la Vérité que je devais protéger ?
    —    Je suis Magister des Neuf, dis-je, c’était à moi seul de courir ce risque. Ainsi, la première part restait sous bonne garde et, si j’étais pris, nul ne pouvait trahir ce qu’il ne savait pas. Et puis, crois-moi, si la chance s’était présentée d’occire Montfort, nous l’aurions saisie sans hésiter.
    —    Considérant ce que je sais maintenant de Raynal, dit Jaume, tu as pris la bonne décision.
    Il cracha par terre avec dépit et secoua la tête.
    —    Foutre de Dieu. Jamais je n’aurais cru qu’un to urne-capot pouvait exister dans nos rangs. Raynal avait pourtant prêté le serment, comme nous tous.
    —    De toute évidence, sa vie valait davantage à ses yeux que sa parole. Et par ma bêtise, la pauvre Daufina a payé de la sienne.
    —    Si cela peut soulager ta conscience, j’aurais fait pareil. Les apparences étaient contre elle.
    Ma conscience, rien ne pouvait l’alléger. Je lui rendis compte de l’état des choses. Le templier resta longtemps silencieux.
    —    Ainsi donc, la seconde part de la Vérité n’est pas un mythe, finit-il par reprendre, et elle se trouve à Gisors.
    —    Et, selon toute vraisemblance, Simon de Montfort le sait, lui aussi. Il semble avoir envoyé son fils la récupérer.
    —    Pourquoi ne pas y aller lui-même ? Après tout, c’est ce qu’Amaury et lui cherchent depuis le premier jour.
    —    Il en a plein les bras dans le Sud. Peut-être aussi veut-il éviter d’éveiller les soupçons en quittant les lieux sans explication.
    —    Tu crois que le jeune seigneur en sait plus que toi ?
    —    Une chose est sûre : il en sait autant.
    —    Alors il faudra lui coller aux fesses comme de la crotte après ses braies.
    —    J’en ai bien l’intention. Je serai l’ange gardien de la petite femmelette tant qu’il le faudra.
    —    Ne lui colle quand même pas le croupion de trop près, conseilla Ugolin. C’est qu’il y prendrait goût, le petit bougre.
    Nous nous esclaffâmes, puis Jaume me regarda intensément sous son capuchon.
    —    Lorsque tout sera terminé, laisse-le-moi. Je n’ai jamais failli à une mission et ce n’est pas cette fois que je vais commencer.
    —    J’en ai besoin jusqu’à ce que j’y voie plus clair et que j’aie mis la main sur la seconde part. Mais ensuite, si les circonstances le permettent, je m’y engage, mon frère. À une condition.
    —    Laquelle ?
    —    Que tu ne sacrifies pas ta vie pour mettre fin à la sienne. L’Ordre des Neuf a besoin de toi.
    —    Si tu insistes. finit-il par dire, à contrecœur.
    —    Maintenant, je dois retourner auprès de mon petit minet. Je vous tiendrai au courant. D’ici là, tenez-vous tranquilles et soyez sur vos gardes. On ne sait jamais. Dès que j’en saurai assez, nous agirons.
    Je les quittai et me hâtai vers Guy de Montfort. En agissant ainsi, je me dirigeai tout droit vers ce que mon passé comportait de pire.
    5
    Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. Jean 8,7.

Chapitre 11 Pèlerinage
    T’étais dans l’un de ces rêves que l’on est parfois conscient de faire. La pièce était éclairée par quelques lampes à huile posées sur la table. Leurs flammes émettaient une lumière blafarde et une fumée qui s’accumulait en volutes ondulantes près du plafond. Je me tenais dans un coin, à l’écart. Personne n’avait remarqué ma présence. Je n’étais pas partie prenante de la scène qui se déroulait devant moi.
    Au centre de la pièce, des hommes et des femmes étaient attablés. Ils étaient tous plus ou moins du même âge. Leur gestuelle aisée, leurs rires, leurs discussions enjouées révélaient combien ils étaient familiers les uns avec les autres. Je reconnus, à la place d’honneur, Ieschoua. Il présidait l’assemblée.
    Un des hommes qui l’accompagnaient m’aperçut soudain, se leva d’un trait et tira une épée, prêt à

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