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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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brave qu’un aigle et aussi têtu qu’une mule », disait-il.
    — Ah bon ? Il
a dit ça ? Eh bien, c’était il y a huit ans. J’étais encore jeune. Et Cicéron
était plus jeune encore [25] .
    — Depuis,
il a eu l’ascension d’une comète. Il n’est pas d’avocat dont on parle davantage
à Rome. Pour un homme d’extraction aussi modeste, c’est quasiment un exploit.
Et je compris qu’il avait fait appel à tes services plusieurs fois.
    Je
confirmai :
    — Oui,
il y a eu cette affaire de la femme d’Aretium, peu de temps après le procès de
Sextus Roscius. Sylla vivait encore. Et puis, au cours du temps, divers procès
pour meurtres, extorsions ou litiges patrimoniaux… Sans parler des affaires
privées mettant en cause des personnes dont je ne peux mentionner les noms.
    — Cela
doit être très gratifiant de travailler pour un tel homme.
    Parfois
j’aimerais être muet comme Eco, pour ne pas avoir à me mordre la langue. Je me
suis brouillé et réconcilié si souvent avec Cicéron qu’aujourd’hui je suis
assez las de sa personne. Est-il honnête ou simplement opportuniste ?
Est-il le défenseur des pauvres gens ou celui de la noblesse riche ? S’il
était clairement une chose ou une autre, comme la majorité des gens, mon
opinion serait faite. Au lieu de cela, il est l’homme le plus exaspérant de
Rome. Sa prétention, son attitude supérieure – qu’elle soit légitime
ou non – n’est pas faite pour me plaire. Et je n’aime pas davantage
sa propension à ne dire que des demi-vérités, même quand ses motifs sont
honorables. Cicéron me donne la migraine.
    Gelina
but une gorgée de vin.
    — Quand
cette affaire a éclaté, je me suis demandé qui je pouvais appeler. Il fallait
un homme de confiance, discret, étranger à la baie ; un homme tenace qui s’accrocherait
à trouver la vérité et qui ne se laisserait pas effrayer. « Brave comme un
aigle », disait Cicéron…
    — « Et
têtu comme une mule. »
    — Et
intelligent. Surtout intelligent…
    Gelina
soupira et regarda vers l’eau. Elle semblait rassembler ses forces.
    — Tu
as vu le corps de mon époux ?
    — Oui.
    — Il
a été assassiné.
    — Oui.
    — Brutalement
assassiné. C’est arrivé il y a cinq jours. La nuit des nones de septembre [26] bien que son corps n’ait été découvert que le
lendemain matin.
    Sa
sérénité s’évanouit soudain. Sa voix trembla et son regard se perdit dans le
vide.
    Mummius
se rapprocha d’elle et lui prit la main.
    — Courage,
lui murmura-t-il.
    Gelina
hocha la tête et inspira profondément. Elle serra sa main, puis la relâcha.
    — Si
je peux t’aider, dis-je tranquillement, je dois tout savoir.
    Pendant
un long moment, Gelina regarda le paysage. Quand elle reposa ses yeux sur moi,
son visage s’était recomposé ; comme si elle avait absorbé la sérénité du
panorama, simplement en le contemplant. Sa voix était redevenue calme et posée.
    — Comme
je l’ai dit, il a été découvert tôt le lendemain matin.
    — Découvert ?
Où ? Par qui ?
    — Dans
l’atrium, près de l’entrée principale. Non loin de l’endroit où son corps
repose maintenant. C’est un des esclaves qui l’a trouvé.
    — Qui ?
    — Meto,
le petit garçon qui porte les messages et réveille les autres esclaves pour qu’ils
commencent leurs tâches matinales. Il faisait encore sombre. Les coqs n’avaient
même pas chanté, d’après l’enfant. Et le monde entier semblait aussi immobile
que la mort.
    — Tu
connais la disposition exacte du corps ? Tu devrais peut-être appeler Meto…
    — Non.
Je peux te le dire moi-même. Meto est venu directement me chercher et rien n’a
été touché avant mon arrivée. Lucius reposait sur le dos, les yeux ouverts.
    — A
plat sur le dos ?
    — Oui.
    — Et
ses bras et ses jambes, comment étaient-ils ?
    — Ses
jambes étaient parfaitement droites et ses bras tendus au-dessus de la tête.
    — Comme
Atlas portant le monde ?
    — On
peut dire cela.
    — Et
l’arme qui a servi à le tuer, était-elle à proximité ?
    — Elle
n’a jamais été retrouvée.
    — Ah
bon ? Il y avait forcément une pierre avec du sang, ou un morceau de
métal. Si ce n’est dans la maison, peut-être dans la cour.
    — Non.
Mais un vêtement a été trouvé.
    Elle
frissonna. Mummius se redressa sur sa chaise. Manifestement ce détail était
nouveau pour lui.
    — Un
vêtement ? dis-je.
    — Une
cape

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