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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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ses
membres et son torse comme des médailles.
    Mummius
ceignit sa taille d’une serviette et nous invita à faire de même. Puis il nous
entraîna vers la grande salle voûtée à bassin circulaire. Le jour commençait à
se rafraîchir. Dans un chuintement et une forte odeur de soufre, la vapeur s’élevait
en épais nuages.
    — Apollonius !
    Avec
un large sourire, Mummius se dirigea vers l’autre côté du bassin. Un jeune
esclave en tunique verte se tenait au bord de l’eau, en partie dissimulé par la
vapeur.
    En
nous approchant, je fus impressionné par l’extraordinaire beauté du jeune
homme. Il avait une épaisse chevelure, presque bleu-noir, la couleur du ciel
une nuit sans lune. Ses yeux étaient d’un bleu éclatant. Son front, son nez,
ses joues et son menton étaient parfaitement lisses et glabres. Un sourire
semblait sans cesse flotter sur ses lèvres charnues. Il n’était pas grand,
mais, sous les amples plis de sa tunique, il avait incontestablement un corps d’athlète.
    — Apollonius !
répéta Mummius.
    Il
se retourna vers moi.
    — Je
vais commencer par l’eau la plus chaude, annonça-t-il en indiquant une porte.
Et après, un vigoureux massage sous les mains expertes d’Apollonius. Et toi ?
    — Je
pense essayer d’abord ces eaux, dis-je en trempant mon pied dans le bassin
principal avant de le retirer prestement. Ou peut-être un autre un peu moins
brûlant.
    — Essaie
celui-là ; c’est le plus frais, dit Mummius en désignant une salle proche
du vestiaire.
    Il
s’éloigna, une main sur l’épaule de l’esclave, et fredonnant un air de marche.
    Nous
transpirions. Des strigiles d’ivoire nous permirent d’enlever toute la saleté
du voyage. Ensuite nous essayâmes un bassin après l’autre, passant du froid au
chaud, puis de nouveau au froid. Une fois nos ablutions terminées, Mummius vint
nous rejoindre dans le vestiaire chauffé. Des sous-vêtements frais et de
nouvelles tuniques nous y attendaient. La mienne était de laine bleu foncé avec
une simple bordure noire : tenue adéquate pour un invité dans une maison
en deuil. Le vieil esclave avait l’œil. La taille était parfaite. La tunique ne
me serrait même pas aux épaules, comme c’était trop souvent le cas avec les
vêtements empruntés. Mummius revêtit la tunique noire unie et bien coupée qu’il
portait la nuit de notre rencontre.
    Eco
eut moins de chance. L’esclave, l’imaginant apparemment plus jeune qu’il n’était – ou
considérant qu’il était trop mignon pour se promener membres nus dans la maison –,
lui avait apporté une tunique à manches longues, qui descendait jusqu’aux
genoux.
    — Tu
devrais te sentir flatté, lui dis-je pour le réconforter. L’esclave t’a trouvé
si éblouissant qu’il a jugé nécessaire que tu dissimules toute cette splendeur.
    Mummius
rit. Eco rougit, mais n’en croyait rien. Il refusa de s’habiller, jusqu’à ce
que l’esclave lui rapporte une tunique semblable à la mienne. Elle ne tombait
pas aussi bien, mais Eco resserra la ceinture de laine noire autour de sa
taille. Il avait l’air heureux de porter un vêtement plus adulte, qui laissait
voir ses bras et ses jambes.
    Mummius
nous guida à travers de longs couloirs. Sur notre passage, les esclaves
baissaient la tête et reculaient humblement. Des statues exquises et de
splendides peintures murales décoraient les salles que nous traversions. Les
derniers souffles subtils de l’été s’attardaient dans les jardins. Enfin, nous
parvînmes dans une pièce semi-circulaire à l’extrémité nord de la villa. Elle
se trouvait au-dessus d’un à-pic rocheux, surplombant la baie. Une esclave nous
annonça et s’en alla.
    La
pièce avait une forme d’amphithéâtre. Les gradins étaient les marches qui
conduisaient à une galerie à colonnade. Elle offrait une vue spectaculaire sur
la mer étincelante et sur le port de Pouzzoles à quelque distance. Et, plus
loin encore, sur la droite, à l’horizon, apparaissait la masse du Vésuve avec,
à ses pieds, les villes d’Herculanum et de Pompéi.
    Une
femme se reposait sur la terrasse. Mais l’intérieur de la salle était si sombre
et la lumière venant de l’extérieur si éblouissante qu’elle n’était pour moi qu’une
vague silhouette. Elle était assise, jambes étendues, le dos droit sur un divan
bas. Sur la petite table à côté d’elle, je voyais une aiguière et des coupes.
Elle regardait la baie et ne bougea pas à

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