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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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temps ?
    Dionysius
rayonnait. Mais ce n’est pas lui que je regardais. J’avais tourné mes yeux vers
Olympias, qui frissonnait, et vers Iaia.
    — Dis-moi,
Dionysius, est-ce une devinette que tu poses ? demanda Crassus, de nouveau
agacé.
    — Peut-être,
répondit le philosophe. Ou peut-être pas. Il se passe plein de choses curieuses
dans le monde aujourd’hui ; de ces choses inquiétantes qui surviennent
quand la volonté des dieux est contrariée et que la frontière entre les
esclaves et les hommes libres devient floue. Au cœur d’un tel chaos, des
alliances contre nature se forment et les trahisons choquantes naissent. Et c’est
ainsi qu’un homme comme Gordien se retrouve parmi nous. N’est-il pas ici pour
découvrir la vérité ? Ne doit-il pas vaincre notre méfiance ?
Dis-moi, Gordien, verrais-tu une objection à ce que je devienne ton rival dans
cette recherche de la vérité ? Le philosophe contre le limier ? Qu’en
dirais-tu, Crassus ?
    Crassus
fixait Dionysius de son regard sombre, essayant, comme moi-même, de comprendre
où ce dernier voulait en venir.
    — Tu
veux dire que tu peux résoudre le mystère entourant la mort de mon cousin
Lucius ?
    — Oui.
Avec Gordien, parallèlement à lui, pour ainsi dire, j’ai mené ma propre enquête…
Enfin, en suivant des pistes quelque peu différentes. Je n’ai rien à révéler
pour le moment. Mais je pense pouvoir bientôt répondre à toutes les questions
suscitées par ce tragique événement. Je considère que c’est mon devoir, en tant
que philosophe, et en tant qu’ami de Marcus Crassus.
    Sa
bouche esquissa un sourire rigide et sans joie. Il nous dévisagea tous, les uns
après les autres.
    — Ah !
le repas doit être maintenant terminé, puisque ma préparation est arrivée.
    Dionysius
prit la coupe des mains de l’esclave qui attendit silencieusement auprès de son
divan. Le philosophe but à petites gorgées la mousse verte. À côté de lui,
Olympias et Iaia paraissaient nerveuses. Elles faisaient des efforts
désespérés, pensai-je, pour dissimuler la panique qui s’était emparée d’elles.
En pure perte.

2
    — Rien
à se mettre sous la dent avant demain soir.
    Sergius
Orata se tenait seul sur la terrasse du triclinium.
    Il
tourna la tête à mon approche. Puis il contempla les lumières de Pouzzoles.
    — Jeûner
n’est déjà pas drôle, mais alors jeûner après un repas aussi lugubre… Mon
estomac va gargouiller pendant toutes les oraisons funèbres. Lucius Licinius n’aurait
jamais voulu cela. Avec lui, chaque nuit était une fête.
    Autour de nous, la cime
des arbres murmurait dans la brise. A l’intérieur de la villa, les esclaves
débarrassaient sans bruit les restes de la cena. Étant donné la solennité de l’heure,
il n’y avait pas eu de divertissement [43] après le repas. Dès que Marcus Crassus s’était levé
et excusé, tous les autres invités s’étaient dispersés, comme des enfants
impatients libérés par leur précepteur. Eco, qui avait du mal à garder les yeux
ouverts, était parti se coucher. Il ne restait qu’Orata et moi. On aurait dit
que l’homme d’affaires errait autour des restes du dîner comme un amant frustré
s’attarde près du lit vide de sa bien-aimée, humant son parfum et essayant de
se remémorer l’objet de son désir impossible.
    — Lucius
Licinius jetait-il l’argent par les fenêtres ? demandai-je.
    — Lucius ?
    Orata
haussa ses épaules rondes.
    — Pas
selon les critères de Baia. Mais selon ceux de Rome, je suppose qu’il aurait pu
être au nombre de ces gens contre lesquels le Sénat aimerait promulguer une loi
somptuaire répressive. Disons qu’il dépensait son argent avec plaisir.
    — Tu
veux dire l’argent de Crassus.
    Orata
fronça les sourcils.
    — A
proprement parler, oui. Et pourtant…
    Je
me tenais près de lui et appuyé à la balustrade de pierre. Après la première
fraîcheur du soir, l’air s’était adouci et même un peu réchauffé.
    — Tu
étais ici la nuit du meurtre, sans doute ? dis-je doucement. Quel choc
considérable cela a dû être de se réveiller le lendemain matin et de trouver…
    — Un
choc, oui, vraiment. Et quand j’ai appris qu’un nom avait été gravé à ses
pieds, et quel nom… Et puis, ces esclaves qui étaient responsables… Rends-toi
compte, ils auraient pu nous assassiner tous pendant notre sommeil ! Cela
s’est produit il y a quelques semaines à peine, en Lucanie. Spartacus

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