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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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qu’un homme puisse rester si
longtemps sous l’eau.
    Je
commençai à m’énerver. Eco ne savait pas nager et le jeune Meto non plus, de
son propre aveu. Quant à l’idée de descendre moi-même dans l’eau, elle me fit
repenser à l’épreuve de l’autre nuit. Le goût de l’eau de mer me revint. Je la
sentis brûler mes narines et soudain j’éprouvai un sentiment de panique. Je
levai les yeux vers ces marins, dont les visages étaient dissimulés par les
grands chapeaux.
    — Hé,
vous ! dis-je enfin. Il doit bien y avoir un bon nageur parmi vous !
Je paie cinq sesterces à quiconque plonge sous la jetée et peut me dire ce qui
est arrivé à l’esclave.
    Tous
les chapeaux s’agitèrent. Les pieds sortirent de l’eau, les visages apparurent,
les corps se redressèrent…
    — Vite !
criai-je, sans quitter des yeux les profondeurs verdâtres.
    Je
sentais ma gorge se serrer sous l’effet de la peur.
    — Vite !
Plongez de là où vous êtes ! Dix sesterces…
    Mais,
à cet instant, je restai muet devant l’étrange apparition qui émergea de l’eau
au bout de la jetée. Les marins se figèrent sur place. Tous les regards se
mirent à fixer la longue lame étincelante qui se dressait vers le ciel.
Recouvert d’algues, le glaive scintillait, lançait des éclairs vert et argent
sous le soleil. Un long bras blanc musclé apparut, tenant sa poignée, puis les
larges épaules et le visage d’Apollonius, qui suffoquait. Il sourit
triomphalement.

5
    Apollonius
s’était lui-même comparé à un dauphin. Allongé nu sur la jetée avec un bras en
travers de son visage, sa large poitrine qui se soulevait en quête d’air, sa
peau claire, humide et luisante, il ressemblait à un jeune dieu de l’océan
sorti des profondeurs de la mer. Tout autour de lui, les planches mouillées
paraissaient sombres et soulignaient d’autant mieux la forme de son corps. De
la vapeur d’eau sortait de sa peau tendue et des perles arc-en-ciel étincelaient
sur ses flancs.
    Près
de lui, le glaive brillait au soleil. Je m’agenouillai et retirai les algues.
Il n’était pas resté longtemps sous l’eau. Il n’y avait pas la moindre trace de
rouille sur la poignée. Je connaissais peu de choses sur la fabrication de
telles armes mais, d’après sa décoration, elle paraissait de facture romaine.
    Apollonius
se redressa pour s’asseoir. Il croisa les jambes et se rejeta en arrière en s’appuyant
sur les coudes. Puis il se passa une main dans les cheveux. Une goutte d’eau
atteignit l’œil d’Eco. Il regarda Apollonius d’un air tout à la fois maussade
et fasciné. Alors il détourna les yeux. Ils avaient à peu près le même âge. Je
pouvais imaginer à quel point Eco pouvait se sentir intimidé en présence d’un
autre garçon aussi beau, qui pouvait exhiber sa nudité parfaite sans être le
moins du monde gêné.
    — Est-ce
le seul ? demandai-je, en ramassant le glaive pour l’observer de plus
près.
    — Loin
de là. Il y en a plein, tous liés avec des lanières de cuir, comme une botte. J’ai
essayé d’en remonter une botte complète, mais elle était trop lourde. Les
lanières sont nouées et l’eau les a gonflées, il est impossible de les
détacher. J’ai frotté une des cordes de cuir contre une lame pour la couper.
    — N’y
a-t-il que des glaives ?
    Il
secoua la tête.
    — Des
lances aussi, liées de la même manière. Et des sacs pleins, mais je n’ai pu
voir ce qu’ils contenaient. Eux aussi étaient trop lourds à remonter.
    — Que
peut-il bien y avoir dans ces sacs ? dis-je. Quand peux-tu redescendre ?
    Apollonius
haussa les épaules.
    — J’ai
récupéré mon souffle. Mais cette fois, je vais prendre un couteau.
    Les
marins étaient restés à distance, mais suffisamment près pour entendre. L’un d’eux
proposa son poignard, une bonne lame, parfaite pour couper des lanières de
cuir. Apollonius disparut de nouveau sous l’eau.
    Il
ne fut pas longtemps absent. Lorsqu’il se hissa sur la jetée, je vis qu’il ne
ramenait que le poignard. Il le planta dans le bois de la passerelle, récupéra
sa sous-tunique et son caleçon puis s’éloigna à grandes enjambées vers l’abri.
Sans un mot ! Meto lui courut après. Et je suivis, avec Eco. J’avais
remarqué qu’Apollonius serrait son poing gauche.
    Il
arriva près de l’abri et s’appuya contre le mur, hors de vue des marins. Je m’approchai
de lui, fis un mouvement de tête interrogateur.
    — Mets
tes

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