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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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Car une invention brillante, un style magnifique sont quelquefois le fait même des ignorants, mais une disposition judicieuse, des figures variées n’appartiennent qu’aux esprits cultivés. D’ailleurs on ne doit pas toujours viser à l’élévation et au sublime ; car, comme dans la peinture rien ne donne plus d’éclat à la lumière que les ombres, de même dans le discours il convient de baisser aussi bien que de hausser le ton. Mais que vais-je dire à un maître ? Ceci, bien plutôt : annotez ce qui, à votre goût, demande correction. Ce sera le moyen de mieux me persuader que vous approuvez le reste, si je vois que quelques parties encourent votre désapprobation. Adieu.
     
    XIV. – C. PLINE SALUE SON CHER ACILIUS.
    Un maître assassiné par ses esclaves.
     
    Voici un attentat horrible et qui mériterait mieux qu’une lettre ; Larcius Macedo, ancien préteur, a été assassiné par ses esclaves. C’était, il est vrai, un maître hautain et cruel, qui ne se souvenait pas assez, ou plutôt qui se souvenait trop que son propre père avait été esclave. Il prenait un bain dans sa villa de Formies ; tout à coup ses esclaves l’entourent, l’un le saisit à la gorge, l’autre le frappe au visage, un autre lui meurtrit de coups la poitrine, le ventre et même, j’ai honte de le dire, les parties. Quand ils le croient mort, ils le jettent sur les dalles brûlantes, pour s’assurer s’il vivait. Lui, soit qu’il eût perdu le sentiment, soit qu’il feignît de ne rien sentir, restant étendu immobile, leur fit croire qu’il était bien mort. Alors seulement, prétendant qu’il avait été suffoqué par la chaleur, ils l’emportent ; des esclaves restés fidèles le reçoivent, les concubines accourent avec des cris et des hurlements. Alors à la fois réveillé par le bruit et ranimé par la fraîcheur du lieu, il entr’ouvre les yeux, fait quelques mouvements, avouant ainsi (il ne risquait plus rien) qu’il vit. Les esclaves fuient de tous côtés ; on en arrête un grand nombre, on recherche les autres. Le maître, ranimé avec peine pour quelques jours, mourut, non sans avoir eu la consolation de voir les coupables punis, vengé de son vivant, comme on venge les morts. Voyez à quels périls, à quels affronts, à quelles moqueries nous sommes exposés ! Et il n’y a pas lieu de se croire en sûreté, parce qu’on a été indulgent et humain ; car ce n’est point par raison, mais par folie criminelle que les esclaves égorgent leurs maîtres.
    Mais en voilà assez. Ce qu’il y a encore de nouveau ? Vous le demandez ? Rien. Sinon je l’ajouterais volontiers, car ma page n’est pas pleine, et ce jour de fête permet de broder plus longuement. J’ajouterai un détail qui me vient à propos à l’esprit au sujet de ce même Macedo. Un jour qu’il se baignait dans un bain public à Rome, il lui arriva une aventure curieuse, et même, ainsi que l’événement l’a montré, prophétique. Un esclave de Macedo avait légèrement poussé un chevalier romain pour l’inviter à livrer passage ; celui-ci se retourna et donna, non pas à l’esclave, qui l’avait touché, mais à Macedo lui-même, un soufflet si violent, qu’il faillit tomber. Ainsi le bain a été pour lui, avec une certaine gradation, l’occasion d’abord d’un outrage, puis de la mort. Adieu.
     
    XV. – C. PLINE SALUE SON CHER SILIUS PROCULUS.
    Les poésies de Proculus.
     
    Vous me demandez de lire vos ouvrages dans ma retraite et d’examiner s’ils méritent d’être publiés, vous employez la prière, vous alléguez des exemples, et vous me suppliez de dérober à mes études quelque peu de mes loisirs, pour les consacrer aux vôtres ; vous ajoutez que M. Tullius encourageait avec une admirable bonté les talents des poètes. Mais vous n’avez besoin ni de prières ni d’exhortations, car j’ai pour la poésie elle-même la plus religieuse vénération, et pour vous l’affection la plus vive. Je satisferai donc à vos désirs, avec autant de diligence que de plaisir. Je crois dès maintenant pouvoir vous répondre que votre livre est beau, qu’il ne mérite pas l’oubli, autant qu’il m’a été donné d’en juger par les parties que vous avez lues devant moi, si pourtant votre débit ne m’en a point imposé, car vous lisez d’une manière ravissante et parfaite. Je me flatte cependant que mes oreilles ne me séduisent pas au point de détruire chez moi toute finesse de goût par

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