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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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dépassent mon mérite.
    La vérité est que, au temps où les philosophes furent chassés de Rome, j’allai le trouver dans sa campagne de la banlieue, et, circonstance qui rendait ma visite plus marquante, c’est-à-dire plus périlleuse, j’étais préteur. Bien mieux, il avait alors besoin d’une somme assez ronde, pour solder des dettes contractées pour les plus nobles motifs ; des amis puissants et riches tergiversaient ; je l’empruntai moi-même et la lui donnai sans intérêt. Je fis même cela, alors que sept de mes amis avaient été ou mis à mort ou exilés, mis à mort Senecion, Rusticus, Helvidius, exilés Mauricus, Gratilla, Arria, Fannia, alors que, à demi consumé par la foudre tombée si souvent autour moi, je prévoyais à des indices sûrs que j’étais menacé aussi de la même fin.
    Je ne crois pas cependant pour ces motifs avoir mérité les louanges exagérées, dont il me comble, mais avoir seulement évité le déshonneur. Car j’ai d’abord aimé et admiré, autant que la différence d’âge me le permettait, C. Musonius, son beau-père ; quant à Artémidore, dès le temps où je servais, en Syrie, comme tribun militaire, je me suis attaché à lui par une intime camaraderie, et j’ai donné ce premier gage d’assez heureuses dispositions, que j’ai paru comprendre un sage ou l’homme qui approche le plus d’un sage et lui ressemble le plus. Parmi tous ceux qui de nos jours prennent le titre de philosophes on en trouverait à peine un ou deux aussi sincères, aussi vrais. Je passe sur son endurance à supporter également les hivers et les étés, sur sa puissance de travail qui ne le cède à personne, sur sa sobriété ennemie de tout plaisir dans sa nourriture comme dans sa boisson, sur la réserve qu’il impose à ses yeux comme à ses désirs. Ce sont de grandes qualités, chez d’autres ; chez lui, bien minimes, comparées à ses autres vertus, qui lui ont valu l’honneur d’être choisi pour gendre par C. Musonius parmi une foule de rivaux des plus hautes conditions.
    Je ne puis rappeler ces souvenirs, sans être flatté des éloges dont il me comble, soit dans le monde, soit auprès de vous ; mais je crains qu’il ne dépasse la mesure ; car sa bonté (me voilà revenu à mon début), ne la garde pas d’habitude. La seule erreur en effet dans laquelle tombe parfois cet homme pour tout le reste si sensé, erreur d’ailleurs honorable, mais erreur cependant, c’est qu’il estime ses amis au delà de leur valeur. Adieu.
     
    XII. – C. PLINE SALUE SON CHER CATILIUS SEVERUS.
    L’ivresse de Caton.
     
    J’irai dîner chez vous ; mais voici dès maintenant mes conditions pour ce repas : qu’il y règne la simplicité et l’économie ; seule l’abondance de propos socratiques y sera permise et même en cela qu’on use de modération. Gare aux salutations de clients dès l’aube ; Caton lui-même ne les a pas rencontrés impunément, quoique C. César lui adresse des reproches qui enveloppent un compliment {67} . Il dépeint en effet les clients rencontrés découvrant la tête de Caton, et rougissant de le voir ivre, puis il ajoute : « On eût dit non pas que Caton avait été pris en faute par eux, mais qu’eux avaient été surpris par Caton. » Pouvait-on reconnaître plus de dignité à Caton, qu’en le représentant respectable encore, malgré son ivresse ? Pour notre dîner donc que la mesure en soit la règle dans les apprêts, et la dépense, mais aussi la durée. Nous ne sommes pas en effet de ceux, que même des ennemis ne sauraient blâmer, sans les louer en même temps. Adieu.
     
    XIII. – C. PLINE SALUE SON CHER VOCONIUS ROMANUS.
    Opinion de Pline sur son Panégyrique de Trajan.
     
    Voici le discours que j’ai adressé naguère au meilleur des princes {68} pour le remercier de mon consulat, je vous l’envoie sur votre demande expresse, mais je vous l’aurais envoyé, même si vous ne l’aviez pas demandé ; ne considérez pas moins, je vous prie, la difficulté que la beauté du sujet. Dans les autres en effet l’attention du lecteur est soutenue par la nouveauté même, dans celui-ci tout est connu, banal, rebattu. Dès lors, le lecteur ayant pour ainsi dire tout loisir et toute tranquillité, ne s’occupe que du style, où il est plus difficile de donner satisfaction, quand il est seul l’objet de la critique. Plût aux dieux que l’on s’arrêtât du moins en même temps au plan, aux transitions, aux figures.

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