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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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Bassus était coupable en vertu de la loi de restitution, Cepio Hispo qu’il devait conserver son rang de sénateur et être renvoyé devant la commission. Tous deux avaient raison. Comment, direz-vous, pouvaient-ils avoir raison tous les deux, alors que leurs avis étaient si opposés ? Eh bien, parce que pour Macer, qui s’en tenait à la lettre de la loi, il était logique de condamner celui qui avait reçu des présents, en violation de la loi ; quant à Cepio, qui reconnaissait au Sénat le droit, qu’il a en effet, d’adoucir et d’élargir la loi, il excusait non sans raison un acte interdit sans doute, mais non sans exemple. L’avis de Cepio l’emporta, et même on l’acclama, quand il se levait pour opiner, ce qui n’a lieu d’ordinaire qu’au moment où on se rassoit. Jugez par là des applaudissements qui accueillirent sa déclaration, alors qu’elle en recueillit d’aussi vifs avant même d’être faite. Il reste pourtant dans la population comme au sénat deux partis qui se partagent l’opinion. Les uns se rangeant à l’avis de Cepio, accusent Macer de raideur et de dureté ; les autres, approuvant Macer, reprochent à Cepio de donner dans le relâchement et même de manquer de logique ; car il n’est pas logique, disent-ils, de maintenir au rang de sénateur celui que l’on a renvoyé devant la commission. Il y eut même un troisième avis : Valérius Paulinus adopta celui de Cepio en y ajoutant ceci, qu’une information serait ouverte contre Theophanes, quand il aurait rendu ses comptes, après sa mission. Il lui reprochait d’avoir lui-même, au cours de l’accusation, violé plusieurs fois la loi même, qu’il avait invoquée contre Bassus. Mais les consuls ne donnèrent pas suite à cette proposition, quoique la plus grande partie du sénat l’approuvât vivement. Paulinus y a gagné une réputation de justice et de courage. La séance du sénat terminée, Bassus fut accueilli par une foule énorme, au milieu des acclamations et de la joie. Ce qui avait éveillé l’intérêt en sa faveur, c’était le souvenir de ses anciennes disgrâces que le procès avait rappelées, un nom fameux par les épreuves, la tristesse et le deuil d’un vieillard, d’ailleurs imposant par sa haute taille. Recevez ce message avant-coureur , et attendez le discours gonflé et lourd ; vous l’attendrez longtemps, car je ne veux mettre ni légèreté ni hâte à reviser un travail de cette importance. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER STATIUS SABINUS.
    Le legs de liberté.
     
    Vous m’informez que Sabine, qui nous a institués ses héritiers, n’a ordonné nulle part dans son testament d’affranchir Modestus, son esclave, et que pourtant elle lui a fait un legs en ces termes : « Pour Modestus, que j’ai ordonné d’affranchir. » Vous me demandez ce que j’en pense. J’en ai parlé avec des jurisconsultes. Tous ont été d’accord qu’il n’a droit ni à la liberté, qui ne lui a pas été donnée, ni au legs, qui a été fait à un esclave. Mais c’est à mes yeux une erreur évidente de Sabine et je crois donc que notre devoir est d’agir, comme si Sabine avait écrit ce qu’elle-même a cru avoir écrit. Je suis sûr que vous abonderez dans mon sens, selon votre habitude de respecter religieusement la volonté des morts, qui, pour d’honnêtes héritiers, tient lieu de loi, dès qu’elle est comprise. Car pour nous l’honneur n’a pas moins de force que pour d’autres la nécessité. Que Modestus reste donc libre grâce à notre consentement, qu’il jouisse de son legs, comme si Sabine avait pris elle-même toutes les précautions. Elle les a prises d’ailleurs, puisqu’elle a bien choisi ses héritiers. Adieu.
     
    XI. – C. PLINE SALUE SON CHER CORNELIUS MINICIANUS.
    Le supplice d’une vestale.
     
    Avez-vous entendu dire que Valerius Licinianus enseigne la rhétorique en Sicile ? Vous ne le savez pas encore, je pense, car la nouvelle est toute fraîche. Ancien préteur, il passait naguère pour un de nos avocats les plus éloquents ; aujourd’hui, quelle déchéance ! de sénateur le voilà exilé, d’orateur le voilà rhéteur ! Aussi a-t-il dit lui-même dans le discours d’ouverture de son cours ces paroles tristes et graves : « À quels jeux tu te plais, ô Fortune ! Des sénateurs tu fais des professeurs, des professeurs des sénateurs. » Il y a dans ce trait tant d’amertume, tant d’aigreur, qu’il me semble n’avoir

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