Lettres - Tome II
récoltes, les bois de chauffage et de construction sont transportés avec peu de dépense et de peine par des navires jusqu’à la route, et de là à grand peine et à plus grands frais encore par des chariots jusqu’à la mer… (Aussi s’efforcent-ils de joindre ce lac à la mer {105} .) Mais un tel travail exige beaucoup de bras ; cependant l’entreprise n’en manquerait pas, car la campagne est peuplée, la ville très peuplée et l’on peut compter que tout le monde s’emploierait très volontiers à une œuvre profitable pour tous. Il faut seulement que vous envoyiez, si vous le jugez à propos, un niveleur ou un ingénieur des ponts et chaussées {106} , pour étudier avec soin si le lac est plus haut que la mer, car les entrepreneurs de ce pays-ci assurent qu’il est plus haut de quarante coudées. Je trouve dans les mêmes lieux un canal percé par un roi. Mais on ne sait pas s’il était destiné à recueillir les eaux des terres voisines ou à joindre le lac à un fleuve ; car il est inachevé. Il est incertain également si ce canal a été abandonné parce que ce roi fut surpris par la mort, ou parce qu’on désespéra du succès. Mais c’est une raison (vous excuserez ma flatterie) pour que je souhaite et que je brûle du désir de vous voir mener à bonne fin un ouvrage que des rois n’ont pu que commencer.
XLII. – TRAJAN À PLINE.
Instruction relative à ce projet.
Je pourrais avoir la tentation, à propos du lac dont vous me parlez, de le joindre à la mer. Mais il faut étudier avec le plus grand soin s’il ne risque pas, après avoir été relié à la mer plus basse, de s’y vider entièrement ; et savoir avec exactitude quelle quantité d’eau il reçoit et d’où elle vient. Vous pourrez demander un géomètre à Calpurnius Macer ; de mon côté je vous enverrai d’ici quelqu’un qui soit expert dans ces sortes d’ouvrages.
XLIII. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Économie proposée.
Comme je demandais des explications sur les dépenses publiques des Byzantins, qui sont très grandes, on m’a indiqué, seigneur, que tous les ans ils envoyaient pour vous offrir leurs hommages et vous en porter le décret, un député, auquel ils donnaient douze mille sesterces. Me rappelant vos intentions, j’ai cru devoir retenir le député, mais vous envoyer le décret, afin d’alléger les dépenses, tout en accomplissant ce devoir officiel. À la même ville a été imputée une dépense de trois mille sesterces, que l’on donne chaque année à titre de frais de voyages à un député qui porte au gouverneur de la Mésie les salutations de la cité. J’ai cru bon de rayer cette dépense pour l’avenir. Je vous prie, Seigneur, de me donner votre avis dans votre réponse et de daigner confirmer ma décision ou corriger mon erreur.
XLIV. – TRAJAN À PLINE.
Approbation.
Vous avez fort bien fait, mon très cher Secundus, d’épargner aux Byzantins ces douze mille sesterces alloués au député qui m’apporte leurs hommages. Cette mission sera remplie, même si vous m’envoyez seulement leur décret. Ils seront excusés aussi par le gouverneur de Mésie, s’ils l’honorent à moins de frais.
XLV. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Les passeports périmés peuvent-ils servir ?.
Au sujet des passe-ports, dont le terme est expiré, votre volonté est-elle qu’ils soient encore valables et pour combien de temps ? dites-le moi, je vous prie, et délivrez-moi de mon hésitation. Car je crains qu’en penchant, dans mon incertitude, pour l’une ou l’autre solution, je n’autorise une illégalité, ou je n’empêche une décision nécessaire.
XLVI. – TRAJAN À PLINE.
Réponse négative.
Les passe-ports dont le terme est expiré ne doivent plus servir. Aussi une des premières obligations que je m’impose est-elle d’envoyer dans toutes les provinces de nouveaux passe-ports avant qu’on puisse en manquer.
XLVII. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Consultation au sujet de la ville d’Apamée.
Ayant voulu connaître, seigneur, les débiteurs de la ville d’Apaméa, ainsi que ses revenus et ses dépenses, on m’a répondu que tous voulaient bien que je prisse connaissance des comptes de la colonie, mais que cependant aucun des proconsuls ne l’avait fait avant moi ; car la cité avait de toute antiquité le privilège et l’habitude de s’administrer à son gré. J’ai exigé que tout ce
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