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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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Californie,
le 21 novembre 1930
    Mon joli petit papa,
    Si tu savais comme j’étais contente de recevoir ta lettre, tu m’écrirais tous les jours, car tu n’as pas idée du plaisir qu’elle m’a procuré. Je n’ai pas aimé que tu me dises que tu avais toujours ton sale caractère, mais comme je suis pareille que toi, je te comprends parfaitement et je sais à quel point il est difficile de se maîtriser   ; mais bon, fais tout ton possible, ne serait-ce que pour maman qui est tellement gentille avec toi. Ça a fait rire Diego, ce que tu m’as écrit à propos des Chinois, mais il dit qu’il veillera bien sur moi pour que je ne me fasse pas voler.
    Je vais bien, je me fais faire des piqûres par un certain docteur Eloesser d’origine allemande mais qui parle espagnol mieux qu’à Madrid, ça tombe bien   : je peux lui expliquer clairement tout ce que je ressens. Chaque jour je fais de petits progrès en anglais et je peux au moins comprendre l’essentiel, aller dans les magasins, etc.
    Dis-moi dans ta réponse comment tu vas, et comment va maman, et tout le monde. Tu me manques, tu sais à quel point je t’aime , mais on se reverra sûrement en mars et alors on pourra parler longtemps, longtemps.
    Continue à m’écrire et si jamais tu as besoin d’argent, n’hésite surtout pas à me le dire.
    Diego te salue tendrement, il dit qu’il ne vous écrit pas car il a des tas de choses à faire.
    Avec toute ma tendresse, je t’envoie mille baisers.
    Ta fille qui t’adore,
    Frieducha
     
    Écris-moi tout ce que tu fais, tout ce qui t’arrive.

Corrido pour Antonio Pujol et Á ngel Bracho
    San Francisco, 1 er  janvier 1931
     
    À Pujol et à Bracho (35)
     
    Vous, les fils du grand matin   !
    même si vous êtes bien loin,
    je vous passe le bonjour
    à la mode de chez nous.
     
    Il va falloir travailler dur
    et faire couler la peinture
    pour en vendre aux sales gringos
    et gagner plein de pesos.
     
    Et surtout amusez-vous
    avec les filles de chez nous.
    Faudrait pas rater le coche,
    ce serait vraiment trop moche.
     
    Je vous tire ma révérence,
    mais en dépit de mon absence,
    gardez toujours à l’esprit
    celle qui de loin vous chérit.
     
    Votre pote
    Frida

Extraits de lettres
(Destinataires non précisés)
    San Francisco, 24 janvier 1931
     
    (…) Ça fait trois jours que Diego a commencé à peindre, le pauvre, il arrive le soir épuisé   : on le fait travailler comme une bête de somme. Figure-toi qu’hier il a commencé à huit heures et demie du matin et il est rentré à neuf heures du matin   ; plus de vingt-quatre heures sans s’arrêter, sans rien manger   ; il était au bout du rouleau, le malheureux. Il est gentil avec moi mais moi, je fais des caprices   : chassez le Kahlo, il revient au galop. Heureusement, il a bon caractère et on dirait bien qu’il m’aime   ; moi, je l’aime vraiment vachement. Je suis en train de peindre et j’espère que ça marchera pour l’exposition. (?)
    Ici, la vie est intéressante, il y a des tas de choses à voir   ; les gens sont comme partout   : ils aiment les potins et les ragots, etc., etc., mais si on n’y fait pas gaffe, on peut travailler tranquillement et vivre bien. Hier, Diego a donné une conférence dans un club de vieilles, devant un parterre de quatre cents épouvantails qui devaient avoir dans les deux cents ans, avec le cou bien ficelé parce qu’il pendouille en forme de vagues   ; bref, une bande de vieilles hideuses, mais toutes très aimables   ; elles me regardaient comme une bête rare, vu que j’étais la seule jeune, à part deux ou trois filles qui avaient au moins la trentaine. Du coup, elles m’ont trouvée tellement sympathique qu’elles m’ont tenu le crachoir, c’est le cas de le dire   : elles postillonnent presque toutes quand elles parlent, comme M. Campos   ; et puis si tu avais vu leurs dentiers qui se débinaient dans tous les sens. Bref, un paquet d’iguanodons ancestraux à vous faire passer le hoquet. En termes de beauté, Carmen Jaimes était battue à plate couture   !
    *
    12 février 1931
     
    (…) Je suis en train de peindre, j’ai terminé six tableaux qui ont pas mal plu. Les gens d’ici nous ont bien traités, mais les Mexicains de San Francisco sont d’authentiques crétins, tu ne peux même pas imaginer   ; des idiots, pourtant, il y en a partout, et les Ricains, je te raconte pas, des andouilles au carré, sauf qu’ils ont aussi leurs bons côtés, et puis ils

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