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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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la vue – à l’odorat ou au toucher – et quelques pots vachement chouettes que j’ai vus l’autre jour au marché.
    Le remariage (105) fonctionne bien. Peu de disputes, une meilleure entente mutuelle et, en ce qui me concerne, moins d’enquêtes du genre chiantes sur les autres dames qui parfois viennent soudain occuper une place prépondérante dans son cœur. Bref, toi pouvoir comprendre que j’ai enfin admis que la vie est ainsi faite et que tout le reste n’est que foutaise. Si ma santé allait mieux, on pourrait dire que je suis heureuse, mais le fait de me sentir flapie de la tête aux pieds me met la cervelle sens dessus dessous et me fait passer d’amers moments. Au fait, tu ne vas pas venir au Congrès médical international qui va avoir lieu dans cette jolie ville – à ce qu’on raconte – des Palais   ? Allez, grimpe sur un oiseau d’acier et mets le cap sur le zócalo , Mexico. Alors quoi, oui ou oui   ?
    Ramène-moi plein de cigarettes Lucky ou Chesterfield, ici, c’est un luxe et je ne peux pas affoler un tel flouze quotidien pour de la fumée.
    Raconte-moi un peu ta vie. Prouve-moi que dans ce pays d’Indiens et de touristes ricains il existe pour toi une jeune femme qui est ton amie pour de bon et pour de vrai.
    Ricardo (106) est un peu jaloux parce que je te tutoie. Mais je lui ai expliqué tout ce qu’il y avait à expliquer. Je l’aime drôlement et je lui ai dit que tu le savais.
    Je te laisse parce qu’il faut que j’aille à Mexico acheter des pinceaux et des couleurs pour demain, et il se fait tard.
    J’espère que j’aurai bientôt droit à une lettre bien bien longue. Passe le bonjour à Stack et à Ginette, et aux infirmières de Saint Luke. Surtout à celle qui était si gentille avec moi – tu vois laquelle –, je n’arrive pas à me souvenir de son prénom. Ça commence par M. Au revoir monsieur le joli petit docteur. Ne m’oublie pas.
    Des tas de baisers de
    Frida
     
    La mort de mon père a été quelque chose d’horrible pour moi. Je crois que c’est pour ça que je vais si mal et que j’ai encore pas mal maigri. Tu te souviens de lui, comme il était beau et gentil   ?

Messages pour Alberto Misrachi
    17 novembre 1941
     
    Albertito,
    Encore moi qui viens vous enquiquiner pour la énième fois.
    Voulez-vous bien m’avancer 500 pesos sur le mois de décembre   ? Je n’ai pas pu envoyer à New York le portrait qu’on m’avait demandé et je suis à nouveau dans la dèche. N’allez pas laisser tomber Diego et gardez ce bout de papier en guise de reçu . Comme ça, le 1 er  décembre, je n’aurai droit qu’à 500 pauv’ pesos.
    Des millions de mercis de votre copine
    Frida
    *
    Coyoacán, 10 décembre 1941
     
    Albertito,
    Je vais encore vous embêter pour une avance de 500 pesos sur janvier. Je n’ai pas de quoi finir le mois. En fait, le tableau que m’a acheté Paulette (107) a servi à payer les « arrièrements » que je traînais.
    Un million de mercis.
    Frida
     
    Ci-joint le reçu officiel.
     
    J’ai reçu de M. Alberto Misrachi la somme de 500 (cinq cents) pesos comme avance sur ma mensualité de janvier 1942, étant entendu que les 500 restants me seront versés le 1 er  janvier.

Lettre et télégramme à Emmy Lou Packard
    Coyoacán, 15 décembre 1941
     
    Ma belle Emmylucha,
    Me revoilà clouée au lit avec une putain de grippe qui ne veut pas me dire au revoir. J’étais tellement dans la mer… credi des Cendres que je ne t’ai même pas écrit, ma toute belle.
    J’étais sacrément contente d’apprendre que tu avais enfin pu exposer, et tout ce que je regrette, c’est de n’avoir pas pu « laisser traîner mon troisième œil » le jour de l’ opening . On se serait payé une de ces « cuites », du genre qui font date, même en temps de war . Depuis que tu es partie, je suis devenue passablement chiante, je ne sais pas exactement ce qui m’arrive mais franchement, camarade, je ne me sens pas bien. J’ai envie de dormir à longueur de journée, j’ai l’air d’un chewing-gum ratatiné, une vraie mer… veille.
    Figure-toi que le perroquet Bonito est mort. Je l’ai enterré et tout et tout, qu’est-ce que je l’ai pleuré, rappelle-toi la merveille que c’était. Diego était vraiment triste lui aussi. La guenon El Caimito a attrapé une pneumonie et elle aussi elle a failli clamser, mais le « sulphamidyl » lui a fait du bien. Ton petit perroguet va très bien, il est ici avec moi. Comment va

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