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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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lavement. Je lis les journaux (c’est à qui sera le plus c… ompétent). Je suis en train de lire un pavé de Tolstoï   : Guerre et Paix , je trouve ça « chouette ». Les romans à l’eau de rose ne font plus battre mon cœur depuis belle lurette, et il arrive qu’un roman policier atterrisse de loin en loin entre mes mains. J’aime de plus en plus les vers de Carlos Pellicer et ceux de quelques autres vrais poètes comme Walt Whitman   ; en dehors de ça, la littérature n’est pas ma tasse de thé. Dites-moi ce que vous aimez lire, pour que je vous l’envoie.
    Vous êtes sûrement au courant de la mort de doña Estercita Gómez, la mère de Marte (127) . Je ne l’ai pas vu personnellement mais, par l’intermédiaire de Diego, je lui ai envoyé une carte. Diego me dit que ça lui a fichu un coup et qu’il est très triste. Écrivez-lui.
    Merci, mon beau, pour ce que vous me proposez de m’envoyer de là-bas. Chaque chose que vous m’offrirez sera un souvenir que je garderai bien tendrement.
    J’ai reçu une lettre de votre petite Mariana, ça m’a fait très plaisir. Je vais lui répondre. Passez le bonjour à Licha et aux enfants (128) .
    Quant à vous, je vous embrasse. Recevez l’affection sincère de votre copine
    Frida
     
    Merci pour l’argent que vous allez m’envoyer, je commence à en avoir besoin. La petite vous salue bien, ainsi que Diego et les gosses (129) .

Lettre et corrido à la petite
Mariana Morillo Sofa
    Coyoacán, 23 octobre 1946
     
    Cachita, coquine, ma copine,
    Voici quelques vers pour que vous n’alliez pas dire que je vous ai jetée aux oubliettes. Racontez-moi, chère mademoiselle, comment vous vous portez à Caracas. Dans quelle école allez-vous   ? Où êtes-vous allée vous promener   ?
    Moi, depuis mon opération de la colonne, je vois trente-six chandelles.
    Que deviennent Lupita et Yito   ? Et ta petite maman et le Patron   ? Passe bien le bonjour à tout le monde et n’oublie pas de m’écrire.
    Affaire conclue   ?
    Reçois un paquet de baisers et une bonne dose de tendresse de ta pote
    Frida
    *
    Depuis Coyoacán, bien triste,
    mon adorable Cachita,
    je t’envoie ces vers sans gloire
    inventés par ta pote Frida
     
    Ne va pas croire que je te néglige,
    je n’ai pas tiré le rideau.
    Et pour te chanter mon amour
    j’ai composé ce corrido .
     
    Embarquée à bord d’un avion,
    pour Caracas tu es partie.
    Si tu savais comme tu me manques,
    mon cœur ne s’en est pas remis.
     
    Le Venezuela m’a chipé
    ma Cachita, ma belle, ma reine.
    Frida ici s’est retrouvée
    seule, désolée, le cœur en peine.
     
    Rendez-moi donc ma Cachita,
    saletés de Vénézuéliens,
    ou vous aurez de mes nouvelles,
    je vous le promets, bande de vauriens   !
     
    Lupe et Yito sont deux sales gosses
    qui se moquent bien de ma bobine.
    Quand je pense que depuis tout ce temps
    ils ne m’ont pas écrit une ligne   !
     
    Je t’envoie des tonnes de baisers
    pour que tu embrasses tes parents.
    Et dis-leur qu’ils en fassent de même,
    pour que j’en aie pour mon argent.
     
    Malgré la distance entre nous,
    je vous porte tous dans mon cœur
    et n’attends que votre retour
    pour me vautrer dans le bonheur.
     
    Un oiseau aux yeux noirs m’a parlé,
    ma Cachita, de ta beauté.
    Ce beau parleur n’a pas eu tort
    de me l’avoir si bien vantée   !
     
    Et à en croire un autre oiseau,
    tu es la première de ta classe.
    Fièrement je lui ai répondu   :
    cette petite est l’as des as   !
     
    Sûr que nous nous reverrons,
    Cachita Morillo Safa.
    De tous, tu es la plus sympa
    alors surtout ne m’oublie pas.
     
    Quand tu rentreras au bercail
    je te ferai une vache de fête
    avec piñatas et pétards
    qui s’envoleront bille en tête.
     
    Pour te décrocher les étoiles
    ils s’élèveront jusqu’au ciel.
    Pourvu que pendant ton absence
    elles brillent encore de plus belle.
     
    Surtout n’oublie pas le Mexique
    qui de ta vie est la racine
    et sache que dans les parages
    se languit Frida, ta copine.
     
    FIN

Déclaration à la demande de l’Institut national des beaux-arts de Mexico (130)
    J’ai commencé à peindre… par ennui, car j’étais alitée depuis un an suite à un accident au cours duquel je m’étais fracturé l’épine dorsale, un pied et d’autres os. J’avais seize ans à l’époque et j’étais pleine d’enthousiasme à l’idée de faire des études de médecine. Mais tout s’est arrêté dans le choc entre un bus de

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