Lettres
requinquée ! Ne m’oublie pas.
Lettre et dédicace à José Bartolí (121)
Bartolí – hier soir j’ai senti comme des ailes me caresser tout entière, comme si au bout de tes doigts des bouches étaient en train d’embrasser ma peau.
Les atomes de mon corps sont les tiens et ils vibrent ensemble pour que nous nous aimions. Je veux vivre et être forte pour t’aimer avec toute la tendresse que tu mérites, pour t’offrir tout ce qu’il y a de bon en moi, et pour que tu sentes que tu n’es pas seul. De près ou de loin, je veux que tu te sentes accompagné par moi, que tu vives intensément avec moi, mais sans que mon amour ne t’entrave dans ton travail ou dans tes projets ; faire intimement partie de ta vie, être toi ; je prendrai soin de toi sans jamais rien exiger, je te laisserai vivre en liberté, car chacun de tes actes emportera mon approbation. Je t’aime comme tu es, je suis amoureuse de ta voix, de tout ce que tu dis, ce que tu fais, ce que tu prévois. Je sens que je t’ai toujours aimé, depuis que tu es né, et même avant, depuis que tu as été conçu. J’ai même l’impression, parfois, que c’est toi qui m’as fait naître. Je voudrais que toutes les choses et que tous les gens prennent soin de toi et t’aiment et soient fiers, comme moi, de t’avoir. Tu es si fin et si bon que tu ne mérites pas d’être blessé par la vie.
Je pourrais t’écrire des heures et des heures durant, j’apprendrai des histoires pour te les raconter, j’inventerai de nouveaux mots pour te dire que je t’aime comme personne.
Mara (122)
29 août (1946)
Notre premier après-midi tout seuls.
*
Gagner un baiser. Oui aller, non, oui, vers toi. Voie Bouche Verre. Ton amoureuse Mara. Mon amour. Viva Mexico ! Dis-moi Belle, Rire, J’aime, Merci, Marat (123) .
Lettre à Ella Wolfe
Coyoacán, 23 octobre 1946
Ma belle Ella de mon cœur,
Tu vas être surprise de recevoir une lettre de cette fille flemmarde et culottée, mais tu sais bien que, avec ou sans lettres, je t’aime des tonnes. Rien de vraiment nouveau par ici. Je vais mieux, je peins (un tableau de merde), c’est toujours mieux que rien. Diego travaille, comme toujours, et plutôt deux fois qu’une. Depuis la dispute avec Boitito, les esprits ne se sont plus échauffés, sa colère est retombée et je crois que ça a été l’occasion, pour tous les deux, de se dire ce qu’ils avaient au fond du cœur.
Comment va Boit ? Et Sylvia ?… Embrasse bien fort de ma part Boit, Jimmy, Sylvia, Rosita et tous les potes qui se souviennent de leur amie… Quel ange.
Je voudrais te demander un service aussi grand que la pyramide de Teotihuacán. Tu veux bien ? Je vais écrire à Bartolí chez toi, pour que tu lui fasses suivre les lettres là où il se trouvera, ou bien que tu les gardes pour les lui remettre en main propre quand il passera par New York. Au nom de ce que tu as de plus cher au monde, fais en sorte qu’elles passent directement de tes mains aux siennes . You know what I mean, kid ! Je voudrais que Boitito n’en sache rien, si possible, je préfère que tu gardes seule le secret, tu comprends ? Ici personne ne sait rien. À part Cristi, Enrique… toi et moi et le jeune homme en question, personne n’est au courant. Si tu veux me poser une question sur lui dans une lettre, fais-le en utilisant le prénom SONIA, d’accord ? Je te supplie de me donner de ses nouvelles, de me dire ce qu’il fait, s’il est heureux, s’il prend soin de lui, etc.
Sylvia n’est pas du tout au courant, alors je t’en prie, ne crache le morceau à personne.
À toi, oui, je peux dire que je l’aime vraiment, qu’il est la seule raison pour laquelle j’ai de nouveau envie de vivre. Dis-lui du bien de moi, ça lui fera plaisir, et puis il saura que je suis quelqu’un de bien, ou du moins de pas trop mal…
Je te supplie de détruire cette missive dès que tu sauras ce qu’il convient de me dire sur ce merveilleux jeune homme.
Je t’envoie des millions de baisers et toute ma tendresse.
Frida
N’oublie pas de détruire cette lettre, pour éviter de futurs malentendus. Promis ?
Lettre à Eduardo Morillo Safa
Coyoacán, 1 er octobre 1946
Cher Monsieur,
J’ai reçu votre lettre aujourd’hui. Merci d’être aussi aimable avec moi, comme toujours, et de me féliciter pour le prix (124) (que je n’ai toujours pas reçu). Sûr qu’ils vont faire traîner, mon frère, je les connais,
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