Lettres
Mexico : vu que tu dois t’injecter de la pénicilline et que ta petite bouche n’est pas encore guérie, ce sera plus compliqué à Coyoacán ou dans ton atelier. Naturellement, c’est toi qui décides, en fonction de ce que tu préfères mais en tenant compte de ta santé avant tout, et aussi en fonction de l’infirmière et du dentiste qui t’arrangent, ainsi que des visites de David. Moi, j’irai te voir aussi souvent que tu le voudras, où que tu sois .
Ortega ira dimanche à San José, il partira à huit heures du matin pour y être à midi, conformément aux instructions qu’Emma m’a transmises de ta part ; et toi, tu rentreras ce même dimanche ou lundi matin, pas vrai ? J’ai une énorme envie de te voir…
*
Mon enfant chéri,
Tu vas me trouver franchement chiante, mais n’oublie pas la semaine d’Amelia (125 pesos). Si tu ne les as pas, je les lui donne et tu me rembourseras, parce que j’aurais honte qu’elle puisse croire qu’on ne la paie pas parce qu’elle est malade.
Riquelme dit qu’elle est assez fragile.
Tu ne lui as même pas demandé comment elle allait.
Lettre à Carlos Pellicer (137)
12 juillet 1947
Mon beau Carlitos,
Je t’envoie le livre que je t’avais offert l’autre jour. Si tu as une copie du poème dont tu m’as fait cadeau, je t’en prie, envoie-la-moi. J’aimerais tant l’avoir avec moi !
Transmets toute mon affection à ta petite maman. Et toi, reçois tout ce que tu penses que je peux t’envoyer.
Frida
Lettre à Arcady Boytler (138)
31 août 1947
Mon si bel Arcasha,
J’ai voulu réaliser un dessin de ta belle effigie, le résultat est un peu « horrible » ; mais si les bonnes intentions servent à quelque chose, sache qu’il en est bourré, en plus de toute ma tendresse.
Si tu t’étonnes du symbole-œil que j’ai placé sur ton front, n’y vois que mon désir d’exprimer plastiquement ce qui à mon avis est enfoui en toi et que tu ne dis que rarement : une prodigieuse imagination, une intelligence et une observation profondes de la vie. Tu n’es pas d’accord ?
Aujourd’hui, pour ton anniversaire, et pour toute ta vie, je te souhaite bien du bonheur.
Ton petit Cerf,
Frida
Ici mon encre a coulé.
Lettre à Carlos Pellicer
Novembre 1947
Je me demande comment j’ose t’écrire, mais hier nous avons dit que cela me ferait du bien.
Pardonne la pauvreté de mes mors, je sais que tu sentiras que je te parle avec ma vérité, qui t’a toujours appartenu, et c’est ce qui compte.
Peut-on inventer des verbes ? Je veux t’en dire un : Je te cièle , ainsi mes ailes s’étendent, énormes, pour t’aimer sans mesure.
Je sens que depuis notre lieu d’origine nous avons été ensemble, nous sommes pétris de la même matière, des mêmes ondes, nous portons en dedans le même sens. Ton être tout entier, ton génie et ton humilité sont prodigieux et sans comparaison, tu enrichis la vie ; dans ton monde extraordinaire, ce que je t’offre n’est qu’une vérité de plus, que tu reçois et qui te caressera toujours au plus profond de toi. Merci de la recevoir, merci de vivre, de m’avoir laissée toucher hier ta lumière la plus intime, de m’avoir dit avec ta voix et avec tes yeux ce que j’avais attendu toute ma vie.
Pour t’écrire, mon nom sera Mara, d’accord ?
Si tu as besoin un jour de me donner tes mots, qui seraient pour moi la raison la plus forte de continuer à te vivre, écris-moi sans nulle crainte à… « poste restante », Coyoacán. Tu veux bien ? Merveilleux Carlos.
Appelle-moi quand tu le pourras, s’il te plaît.
Mara
Lettre au docteur Samuel Fastlicht
Coyoacán, 13 novembre 1947
Cher ami,
Je sais que vous allez me suggérer d’aller me « promener » chez mon arrière-grand-mère, car cela fait maintenant trois semaines que je ne suis pas passée vous voir, mais je vous supplie de comprendre que je n’ai fait preuve ni de désinvolture ni de fainéantise ; j’ai travaillé (quand, ma colonne me le permettait) et j’ai déjà bien avancé le portrait (139) . Je veux le terminer entre cette semaine et la prochaine ; la semaine dernière, j’ai dû garder le lit quelques jours, car je ressens toujours une fatigue « sévère », autant dire que je suis lessivée . Voilà pourquoi je ne passerai pas aujourd’hui , comme je vous l’avais promis, mais à la fin de la semaine prochaine , soyez-en sûr , j’aurai fini
Weitere Kostenlose Bücher