Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
de
l’évêque frappant le pavé et du bruit de la petite clochette résonnant sur les
murs du château.
    — Il n’a prononcé que des mots, continua Geneviève, et
les mots ne valent pas grand-chose. Ils ont prononcé les mêmes paroles pour moi
et pourtant, la nuit où tu es arrivé, dans la cellule, Dieu est venu à moi et
m’a sauvée.
    Elle plaça un morceau de bois dans le feu.
    — Je n’ai jamais cru que j’allais mourir. Même quand je
me suis trouvée à deux doigts du bûcher, je n’ai jamais pensé que cela
arriverait. Il y avait quelque chose au fond de moi, une petite étincelle, qui
me soufflait que je ne mourrais pas. C’était Dieu, Thomas. Dieu est partout. Ce
n’est pas un chien que l’Église tient en laisse et contrôle.
    — Comment peux-tu dire cela ? Nous ne connaissons
Dieu qu’au travers de Son Église…
    Au-dessus de leurs têtes, les nuages épaissis voilaient
maintenant totalement la lune et les rares étoiles. Les ombres se densifiaient
au-delà de leur cercle de lumière. Soudain la pluie forcit et dans le lointain,
à l’autre extrémité de la vallée, un grondement de tonnerre roula sur les
hauteurs.
    — Et l’Église de Dieu m’a condamné, acheva-t-il, les
cheveux dégoulinants.
    Geneviève se leva pour aller retirer les deux capes de leur
support et elle les roula pour empêcher au maximum la pluie de les remouiller.
    — Tu te trompes, objecta-t-elle. La plupart des gens ne
connaissent pas Dieu au travers de l’Église. Ils viennent à la messe mais
écoutent une langue qu’ils ne comprennent pas. Ils se confessent, ils
s’agenouillent devant les saints sacrements et ils veulent que le prêtre se
rende à leur chevet quand ils sont mourants. Mais quand ils sont vraiment
confrontés à un problème, ils se rendent dans des sanctuaires dont l’Église
ignore l’existence. Ils vont rendre un culte près des torrents, près des
sources sacrées, dans des lieux profondément enfouis au fond des bois. Ils vont
voir des femmes de savoir – des « bonnes femmes », comme ils
disent –, des voyantes. Autour de leur cou, sous leur chemise, ils portent
des amulettes. Ils prient leur propre dieu et l’Église n’en sait jamais rien.
Mais Dieu, Lui, le sait, parce qu’il est partout. Pourquoi les hommes
auraient-ils besoin de prêtres puisque Dieu est omniprésent ?
    — Pour nous protéger de l’erreur.
    — Et qui définit cette erreur ? insista la jeune
femme. Les prêtres ? Penses-tu être un mauvais homme, Thomas ?
    Celui-ci réfléchit à la question. Dans un premier élan, il
fut tenté de répondre par l’affirmative puisque l’Église venait de le chasser
et de condamner son âme à la damnation. Mais en vérité, en son for intérieur,
il ne pensait pas être mauvais, aussi secoua-t-il négativement la tête.
    — Non !
    — Pourtant, l’Église t’a condamné. Un évêque a prononcé
ces paroles. Or qui sait quels péchés a commis et commet encore ce
prêtre ?
    Thomas sourit.
    — Tu es vraiment une hérétique, lui dit-il d’une voix
paisible.
    — C’est vrai, répondit-elle sans émotion. Je ne suis
pas une bégharde, même si je pourrais l’être. Assurément, je suis une
hérétique. Seulement, est-ce que j’ai eu le choix ? Comme toi, l’Église
m’a chassée, donc, si je veux aimer Dieu, je dois le faire hors de son sein. Tu
dois en faire autant maintenant, et tu vas rapidement découvrir que Dieu
continue de t’aimer même si l’Église te déteste et te rejette.
    Elle frissonna en regardant la pluie éteindre les dernières
flammèches du feu. Il était temps pour eux de se réfugier sous le toit de
branchages. Ils s’y glissèrent et firent de leur mieux pour se blottir sous des
épaisseurs de capes et de cottes de mailles.
    Thomas eut un sommeil agité. Il rêva de combats. Un géant
rugissant l’attaquait… quand il se réveilla en sursaut.
    Geneviève n’était plus là. Au-dessus de sa tête, le
rugissement du géant retentit une nouvelle fois ; ce n’était que le
grondement du tonnerre. La pluie tombait à verse sur les branches de mélèze.
Elle se faufilait et dégouttait à l’intérieur, sur la fougère déjà trempée.
Lorsqu’un éclair déchira le ciel, Thomas put voir à quel point son toit de
fortune était percé. Il se faufila hors de l’abri de branches, tâtonna dans
l’obscurité pour trouver la porte de la masure en ruine.
    À la seconde précise où il allait crier le nom de

Weitere Kostenlose Bücher