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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dans sa quête. Et il était maudit.

 
DEUXIÈME PARTIE

Le fugitif

 
6
    C’était la nuit. Depuis des heures, poussée par un vent
glacial, la pluie battante arrachait les feuilles des chênes et les châtaignes
et tourbillonnait violemment dans le vieil arbre brisé par la foudre et creusé
par le temps. Thomas et Geneviève s’étaient réfugiés à l’intérieur du tronc
creux. Ils tressaillirent quand un coup de tonnerre retentit sans qu’aucun
éclair vienne illuminer le ciel. La pluie redoubla encore.
    — Tout est ma faute, s’affligea Geneviève.
    — Non.
    — Je détestais ce prêtre. Je sais que je n’aurais pas
dû tirer, mais je me suis souvenue de tout ce qu’il m’avait fait.
    Elle enfonça son visage dans l’épaule de son compagnon.
    — Il me frappait quand il ne me brûlait pas. Il me
frappait comme une enfant.
    Thomas pouvait à peine entendre sa voix étouffée.
    — Comme une enfant ?
    — Non, rectifia-t-elle amèrement, comme une maîtresse.
Et dès qu’il m’avait blessée, il récitait des prières pour moi et prétendait
que je lui étais précieuse. Je le détestais.
    — Je le déteste aussi, ajouta le jeune homme, pour ce
qu’il t’a fait.
    Il glissa son bras autour d’elle avant d’ajouter, en
chuchotant presque :
    — Et je suis heureux qu’il soit mort.
    Recroquevillé dans cet arbre battu par les éléments, il
réfléchit que lui-même ne valait guère plus qu’un mort. Il avait été précipité
vers l’enfer. Le salut de son âme lui était refusé.
    — Que vas-tu faire ? demanda Geneviève,
frissonnante dans l’obscurité.
    — Je ne vais pas rentrer chez moi, en tout cas.
    — Alors, où vas-tu aller ?
    — Je reste avec toi… si tu le veux.
    Il voulut ajouter qu’elle était libre d’aller où elle
voulait, mais il savait qu’elle avait lié son destin au sien, aussi
n’essaya-t-il pas de la dissuader de l’accompagner… Il n’avait de fait aucune
envie qu’elle le quitte.
    — Nous allons retourner à Astarac, suggéra-t-il plutôt.
    Il ignorait si cela changerait grand-chose à leurs affaires,
mais il avait au moins une certitude : il ne pouvait pas rentrer chez lui
en vaincu. En outre, désormais maudit, il n’avait plus rien à perdre et toute
l’éternité à reconquérir. Après tout, le Graal lui permettrait peut-être de se
racheter.
     
    Messire Guillaume arriva peu après l’aube, escorté par une
dizaine de fidèles qui avaient juré de ne pas trahir Thomas. Jake et Sam
étaient du nombre. Tous deux voulaient accompagner leur chef dans sa fuite,
mais celui-ci refusa.
    — Restez avec la garnison, leur dit-il, ou repartez
vers l’ouest et trouvez un autre fort anglais.
    En réalité, il aurait volontiers emmené ses deux compagnons,
mais il savait qu’il leur serait déjà difficile de se nourrir, lui et
Geneviève, sans avoir à s’occuper de deux bouches supplémentaires. Il n’avait
rien d’autre à leur offrir que du danger, la faim et la certitude d’être
pourchassés dans tout le sud de la Gascogne.
    Comme promis, Guillaume d’Evecque lui avait apporté deux
chevaux, de la nourriture, des vêtements, l’arc de Geneviève, quatre carquois
de flèches et une grosse bourse de pièces.
    — Je n’ai pas pu récupérer le manuscrit de ton père,
confessa-t-il. Robbie l’a pris.
    — Il l’a volé ? s’étonna Thomas, indigné.
    Messire Guillaume haussa les épaules comme si le destin du
manuscrit n’avait aucune importance.
    — Tous les hommes d’armes de Bérat sont partis. Donc,
la route de l’ouest est sûre. Et tôt ce matin, j’ai envoyé Robbie vers l’est
pour s’occuper des troupeaux. Alors, file, Thomas. Chevauche vers l’ouest et
rentre chez toi.
    — Tu penses que Robbie voudra me tuer ? s’inquiéta
l’archer.
    — T’arrêter, probablement, et te livrer à l’Église,
répondit le Normand. Ce qu’il veut vraiment, c’est avoir Dieu de son côté, et
lui aussi croit que s’il trouve le Graal tous ses problèmes seront résolus.
    Les hommes de Guillaume avaient entendu la conversation. La
mention subreptice du Graal parut les surprendre et l’un d’eux, le sage John
Faircloth, hasarda une question que le borgne ne lui laissa pas finir.
    — Robbie, continua-t-il, s’est persuadé que tu étais un
pécheur. Doux Jésus, il n’y a rien de pire qu’un jeune homme qui vient de
trouver Dieu. Sauf une jeune femme qui L’a trouvé. Ils sont

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