Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
difficile dans une région si peu peuplée, et les
hauteurs étaient essentiellement dédiées à la pâture et non à la culture.
    Un après-midi, ils tombèrent nez à nez avec un berger.
Celui-ci jaillit de derrière un rocher. Surpris par l’apparition du couple, il
récupéra une fronde de cuir et une pierre dans sa poche… qu’il refit
disparaître aussi rapidement, ayant repéré l’épée au flanc du cavalier. Peu
rassuré, le pâtre gratifia alors les voyageurs d’un petit salut de la main tout
en s’inclinant obséquieusement.
    Faisant traduire sa question par Geneviève, Thomas lui
demanda s’il avait aperçu des soldats. L’homme n’avait rien vu.
    Un kilomètre après avoir quitté le berger effrayé, Thomas
abattit une chèvre. Il récupéra la flèche sur la carcasse. Puis il s’appliqua à
dépouiller, vider et découper l’animal.
    Cette nuit-là, ils se réfugièrent dans une vieille chaumière
sans toit à l’entrée d’une vallée boisée. Dans cet abri de fortune à ciel
ouvert, il alluma un feu avec la pierre et le morceau d’acier qui ne le
quittaient pas, puis il fit rôtir les côtes de chèvre sur les flammes. Pendant
que la viande cuisait, le jeune homme attrapa son épée pour couper quelques
branches d’un mélèze qui se dressait là. Il les assembla pour former un toit
grossier contre un mur. Les branchages les protégeraient au moins de la pluie
pendant la nuit et garderaient relativement au sec le lit de fougères qu’il
avait préparé en dessous.
    Tout en aménageant leur « gîte », Thomas repensa à
son périple de Bretagne en Normandie avec Jeannette. Il ressemblait par bien
des points à celui qu’il entamait avec Geneviève. En chemin, ils avaient dû
éviter tout contact avec d’autres humains et ils n’avaient pu compter que sur
son arc pour survivre. Où se trouvait l’Oiseau noir aujourd’hui, se
demanda-t-il ? Malgré les difficultés, ç’avait été un moment heureux.
L’été resplendissait. Ici, l’hiver arrivait. À quel point serait-il
rigoureux ? Thomas l’ignorait, mais Geneviève prétendait n’avoir jamais vu
de neige dans ces collines.
    « Elle tombe plus au sud, dans les montagnes, lui
avait-elle expliqué. Ici, il fait simplement froid. Froid et humide. »
    La pluie tombait par intermittence. Près des ruines, un
cours d’eau chantonnait quand l’averse ne couvrait pas son murmure. Ils avaient
attaché leurs chevaux sur un carré d’herbe maigre en bordure du ruisseau.
Parfois, le croissant de lune se glissait entre les nuages et inondait d’une
lueur argentée les hautes crêtes boisées de chaque côté de la vallée. Thomas
parcourut près d’un kilomètre le long de la rivière. Il comptait quelques pas
et s’arrêtait pour écouter et observer. À aucun moment il n’aperçut d’autres
lumières ni n’entendit quelqu’un en approche. Ils étaient apparemment en
sécurité, conclut-il. Au moins au regard des hommes, si ce n’était de Dieu.
    Tranquillement, il rebroussa chemin vers leur bivouac.
Geneviève essayait de faire sécher leurs lourdes capes trempées près du petit
feu. Pour l’aider, il fabriqua rapidement un support avec de nouvelles branches
de mélèze et étala dessus le tissu laineux. Toutes ces tâches accomplies, il
put enfin s’allonger près des flammes. Rêveusement, il laissa son regard se
perdre sur les braises rougeoyantes et se mit à repenser à la malédiction qui
le frappait. Nourries par les peintures qu’il avait souvent vues dans les
églises, d’horribles visions se matérialisèrent dans sa tête : elles
représentaient des âmes tombant en enfer, où les attendaient des démons
grimaçants et des feux grondants.
    — Tu penses à l’enfer, murmura Geneviève d’une voix lasse.
    Le jeune archer ne put retenir un rictus.
    — Oui, avoua-t-il en se demandant comment elle avait
deviné.
    — Tu crois vraiment que l’Église a le pouvoir de t’y
envoyer ?
    Comme il ne répondait pas, elle secoua tristement la tête.
    — L’excommunication n’a aucun sens.
    — Elle en a, au contraire, maugréa-t-il. Elle signifie
que l’on n’a plus droit au ciel et à Dieu, plus droit au salut et à l’espoir,
plus droit à rien.
    — Dieu est ici, répondit-elle avec emphase. Il est dans
le feu, dans le ciel, dans l’air. Un évêque ne peut pas te séparer de Dieu, pas
plus qu’il ne peut enlever l’air du ciel.
    Thomas garda le silence. Il se souvenait du bâton

Weitere Kostenlose Bücher