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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sauta de selle et grimpa sur les blocs pierreux.
Thomas arriva à son tour et mit pied à terre près de la jument.
    Au lieu de suivre la jeune femme, il corda son arc et
attrapa une flèche dans son sac de selle. Il en tira une première, puis une
seconde. Les traits sifflèrent. Un cavalier fut désarçonné et un autre tué sur
le coup, une flèche fichée dans un œil. Les deux suivants firent une embardée
si violente que l’un des chevaux trébucha et renversa son cavalier. L’archer
décocha une flèche sur le dernier cavalier encore en selle. Il le manqua, mais
il avait déjà tiré la suivante sur l’homme à terre. Il l’atteignit au haut du
dos.
    Derrière, les hommes à pied arrivaient aussi vite qu’ils
pouvaient. Comme ils étaient encore loin, Thomas eut le temps de récupérer sur
sa selle toutes les flèches qui lui restaient et sa bourse d’or. Il attrapa
aussi le sac de Geneviève, resté sur la jument. Après avoir noué ensemble les
rênes des deux montures, il enroula la lanière autour d’un rocher en espérant
que les chevaux resteraient là. Deux nouveaux carreaux d’arbalète s’écrasèrent
sur les pierres près de lui. Il était temps de grimper sur le promontoire
escarpé. D’autres tirs l’encerclèrent, mais il montait vite et ne savait que
trop bien à quel point il était difficile de toucher un homme en mouvement.
Près du sommet, il retrouva son amie, tapie dans une faille.
    — Tu en as tué trois ! s’exclama-t-elle,
émerveillée.
    — Deux, corrigea-t-il. Les autres sont simplement
blessés.
    En bas, il pouvait voir l’homme qu’il avait touché au dos
ramper vers les bois. En regardant autour de lui, il reconnut que Geneviève
avait choisi le meilleur refuge possible. Deux énormes blocs rocheux formaient
les deux flancs de la faille et se rejoignaient au fond de l’anfractuosité. À
l’entrée du goulet, un troisième rocher faisait office de parapet.
    Le moment est venu, se dit Thomas, d’apprendre à ces bâtards
les pouvoirs de l’arc en if…
    Il se redressa derrière le parapet de fortune et banda la
corde.
    Il décocha ses flèches avec une fureur froide et une
maîtrise formidable. Les malandrins approchaient en grappes. La première volée de
flèches de Thomas ne pouvait les manquer, mais les rescapés eurent le réflexe
de s’éparpiller. La plupart changèrent de direction en courant, voire battirent
en retraite, pour se mettre hors de portée. Ils abandonnaient trois camarades à
terre et deux autres, claudiquant. L’Anglais tira une dernière flèche sur un
fugitif, ratant l’homme d’un pouce.
    Les arbalètes répliquèrent alors et Thomas plongea près de
Geneviève derrière le rocher. Les dards de fer s’écrasaient en claquant sur les
pierres de la ravine. En risquant un coup d’œil à travers une fissure d’à peine
la largeur d’une main, il constata que les arbalètes – au nombre de quatre
ou cinq – se trouvaient juste hors de portée de son arc. Il ne pouvait
rien faire d’autre que guetter prudemment et attendre. Au bout d’un moment, il
vit trois hommes courir vers les rochers. Habilement, il décocha une première
flèche à travers la fissure, puis il se dressa et tira deux autres traits avant
de se remettre prestement à l’abri. Des carreaux se fracassèrent sur les rocs
et retombèrent autour de Geneviève. Les flèches de Thomas avaient repoussé les
trois hommes, sans en toucher aucun.
    — Ils vont battre en retraite, assura l’archer.
    Il n’avait pas vu plus d’une vingtaine de poursuivants et il
en avait déjà tué ou blessé la moitié. Si, assurément, cette hécatombe devait
les rendre enragés, elle devait aussi incontestablement les inciter à la
prudence.
    — Ce ne sont que des bandits, ajouta-t-il. Tout ce qui
les intéresse, c’est la rançon récompensant la capture d’un archer.
    Joscelyn avait confirmé que le comte avait offert une telle
récompense. Thomas était certain que les coredors n’avaient que ça à
l’esprit, mais qu’ils étaient en train de se rendre compte à quel point il leur
serait difficile de gagner cette somme.
    — Ils vont aller chercher de l’aide, s’inquiéta
Geneviève.
    — Tu n’en sais rien. La bande était peut-être là au
complet. Rien ne dit qu’ils aient des réserves ailleurs, répondit son ami.
    Puis il entendit le hennissement d’un de leurs chevaux. Un coredor qu’il n’avait pas vu avait dû trouver les deux montures et

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