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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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moins si messire Guillaume était encore
le commandant et si les amis de Thomas constituaient toujours la garnison. En
outre, il serait dans tous les cas au milieu d’archers et, avec eux à ses
côtés, il pensait pouvoir offrir à son cousin un combat mémorable.
    Ils traversèrent la vallée du Gers sous une pluie battante.
Elle se renforça même quand ils remontèrent la crête suivante à travers d’épais
châtaigniers. Certains coredors finirent par se laisser distancer, mais la
plupart s’accrochèrent aux pas rapides de Thomas.
    — Pourquoi me suivent-ils ? demanda-t-il à Philin.
Et toi, pourquoi me suis-tu ?
    — Nous aussi, nous avons besoin de nourriture et de
chaleur.
    Comme un chien qui a perdu son maître, il s’était attaché à
Thomas et à Geneviève. Et les autres coredors le suivaient. Au sommet de
la crête, Thomas s’arrêta et les regarda. Ce n’était qu’une bande de pauvres
hères décharnés, amaigris, loqueteux, affamés, abattus, accompagnés d’une
poignée de femmes crottées et d’enfants misérables.
    — Vous pouvez venir avec moi, leur dit-il, sans
attendre que Philin traduise. Mais si vous venez à Castillon d’Arbizon, vous
deviendrez soldats. De vrais soldats ! Vous aurez à combattre. À combattre
vraiment. Pas des jeux de cache-cache dans la forêt, où l’on peut prendre ses
jambes à son cou et s’enfuir dès que ça devient un peu sérieux… Si nous
arrivons à pénétrer dans le château, vous aurez à le défendre. Et si vous ne
vous en sentez pas capables, alors partez ! Maintenant !
    Il les dévisagea les uns après les autres tandis que Philin
traduisait. La plupart arboraient une mine penaude, mais pas un ne s’en alla.
Ils étaient soit courageux, se dit Thomas, soit si désespérés qu’ils ne
pouvaient envisager aucune autre possibilité que celle de le suivre.
    Il poursuivit donc vers la vallée suivante. Les cheveux
plaqués par la pluie, Geneviève marchait à côté de lui.
    — Comment allons-nous entrer dans le château ?
demanda-t-elle.
    — De la même façon que la première fois : en
traversant le barrage et en grimpant sur le mur.
    — Les hommes de Bérat ne vont-ils pas le garder ?
    — C’est trop près des remparts, considéra l’archer.
S’ils mettent des hommes sur cette pente, ils seront foudroyés par les archers.
Un par un.
    Ce qui ne signifiait pas pour autant que les assiégeants
n’occupaient pas le moulin, mais il serait toujours temps d’y repenser
lorsqu’ils auraient atteint Castillon d’Arbizon.
    — Et quand nous serons à l’intérieur ?
continua-t-elle. Que se passera-t-il, alors ?
    — Je ne sais pas, répondit honnêtement son compagnon.
    Elle lui toucha la main comme pour lui faire comprendre
qu’elle n’était pas en train de le critiquer, mais qu’elle était simplement
curieuse.
    — Tu ressembles à un loup traqué qui regagne sa
tanière, dit-elle.
    — C’est vrai.
    — Mais les chasseurs vont savoir que tu es là. C’est là
qu’ils vont t’attendre. Et ils vont t’y piéger.
    — Également vrai.
    — Alors, pourquoi fais-tu ça ?
    Pendant un moment, il ne répondit pas. Puis il haussa les
épaules et essaya de lui dire ce qu’il ressentait. Sa vérité :
    — Parce que j’ai été battu, parce qu’ils ont tué
Planchard, parce que je n’ai franchement rien à perdre, parce que si je suis
sur ces remparts avec un arc, je pourrai en tuer quelques-uns. Oh oui, je te
jure que j’en tuerai. Je tuerai Joscelyn. Je tuerai mon cousin.
    Il tapota son arc de frêne, qu’il avait démonté pour
préserver la corde de la pluie.
    — Je les tuerai tous les deux. Je suis un archer. Et un
sacrément bon archer. J’aime bien mieux ce rôle que celui de fugitif.
    — Et Robbie ? Tu vas le tuer ?
    — Peut-être, répondit Thomas.
    En réalité, il n’avait pour l’instant aucun désir
d’envisager la question.
    — Donc, le loup va tuer les chiens ? Avant de
mourir lui-même ?
    — Probablement. Mais je serai avec des amis.
    C’était important. Les hommes qu’il avait amenés en Gascogne
étaient assiégés et, s’ils acceptaient de nouveau sa présence, il resterait
avec eux jusqu’au bout.
    — Mais toi, rien ne t’oblige à venir, ajouta-t-il.
    — Tu es vraiment un foutu idiot !
    Sa colère valait celle de son ami.
    — Quand j’étais sur le point de mourir, tu es venu à
moi. Tu crois que je vais te laisser maintenant ? En outre,

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