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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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souviens-toi
de ce que j’ai vu dans le tonnerre…
    Des ténèbres et un point lumineux. Thomas sourit, amusé.
    — Tu penses que nous allons vaincre ? demanda-t-il.
Peut-être. Je sais que je suis du côté de Dieu, maintenant, quoi qu’en pense
l’Église. Mes ennemis ont tué Planchard, et cela signifie qu’ils accomplissent
l’œuvre du diable.
    Ils descendaient vers le fond de la vallée. La lisière était
proche et au-delà des arbres ils déboucheraient dans des vignes qu’ils
entrevoyaient déjà. Thomas s’arrêta pour examiner de nouveau la campagne
dégagée qui s’étendait à leurs pieds. Les coredors arrivaient en ordre
dispersé derrière eux. Au fur et à mesure, ils se laissaient tomber, épuisés,
sur le sol détrempé de la forêt. Sept portaient des arbalètes. Les autres
disposaient de toute une variété d’armes. Certains n’en avaient aucune. Une
rouquine au nez retroussé ne quittait pas son badelaire, un sabre court doté d’une
large lame recourbée à la pointe, et elle donnait l’impression de savoir s’en
servir.
    — Pourquoi nous arrêtons-nous ? s’enquit Philin
tout en appréciant le répit, son fils pesant de plus en plus sur ses épaules.
    — Pour guetter d’éventuels… chasseurs.
    Thomas resta un long moment a observer les vignes, les
prairies et les bois éparpillés. Un petit cours d’eau scintillait entre deux
pâtures. Il n’y avait personne en vue. On n’apercevait même pas de serfs en
train de creuser des fossés ou d’emmener des porcs dans les châtaigneraies.
Cela l’inquiétait. Quand les serfs restaient-ils enfermés chez eux ?
Seulement quand il y avait des hommes d’armes dans les parages. Alors c’était
précisément ce que cherchait Thomas des yeux.
    — Là ! dit Geneviève en tendant le doigt vers le
nord.
    Dans un coude du torrent, Thomas repéra un cavalier dans
l’ombre d’un saule.
    Ainsi, les chasseurs l’attendaient bel et bien, et dès qu’il
sortirait des arbres, ils l’encercleraient, abattraient ses compagnons et
l’amèneraient devant son cousin.
    Il était de nouveau temps de se cacher.
     
    Joscelyn adorait le canon. C’était un engin d’une gracieuse
laideur. Une sacrée pièce, lourde, bulbeuse, tonnante… et meurtrière. Il aurait
bien voulu en avoir d’autres comme ça.
    Avec une dizaine de ces machines à tuer, pensait-il, je
serais le plus grand seigneur de Gascogne.
    Cinq jours avaient été nécessaires pour convoyer le canon de
Bérat à Castillon d’Arbizon. En arrivant, Joscelyn découvrit avec colère que le
siège – si tant est qu’on ait pu le qualifier ainsi – ne ressemblait
à rien. Messire Henri prétendit avoir maîtrisé la garnison en la clouant à
l’intérieur du château. En réalité, il n’avait fait aucun effort pour attaquer.
Il n’avait pas fait construire d’échelles d’assaut, ni positionné
d’arbalétriers assez près pour déloger les archers anglais des remparts.
    — Tu as roupillé, c’est ça ? railla Joscelyn, près
de s’emporter.
    — Non, Seigneur.
    — Ils t’ont soudoyé, hein ? Payé, peut-être ?
    Le soldat s’indigna d’une telle insulte faite à son honneur,
mais le comte l’ignora. En revanche, il donna immédiatement ordre aux
arbalétriers de remonter aussi loin que possible la rue principale et de
chercher des murs ou des fenêtres d’où ils pourraient tirer sur les hommes
apparaissant sur les remparts du château.
    Avant la fin de cette première journée, cinq arbalétriers
avaient été tués et un sixième blessé par les longues flèches anglaises.
    Mais Joscelyn était content.
    — On leur a fait peur, clama-t-il, et dès demain nous
commencerons à les massacrer !
    Le signer Gioberti, le maître artilleur italien,
décida de positionner le canon juste devant la porte occidentale de la ville, à
l’intérieur de l’enceinte. Il y avait là une zone pavée plate idoine. Il put
installer sur ce sol plan les deux grosses traverses de bois qui devaient
supporter l’affût du gros canon bulbeux. L’endroit se trouvait à une bonne
vingtaine de mètres au-delà de la portée des flèches anglaises. Ses servants se
trouvaient donc en parfaite sécurité. Mieux encore, l’arche de la porte, à dix
pas derrière le canon, procurait un abri idéal contre les averses, ce qui
permettait aux artilleurs de préparer la poudre en toute quiétude.
    La mise en place du canon et de son affût de bois prit toute
la matinée. Les

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