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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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malchance, qu’il la tue,
ici et maintenant !
    Il fit un pas en arrière, les bras déployés, et Geneviève,
qui n’avait rien compris de ce qu’il avait dit, le regarda avec des yeux
remplis d’inquiétude.
    — Allez-y ! les encouragea Thomas. Vous avez des
arcs, des épées, des dagues. Je n’ai rien. Tuez-la ! Ce ne sera pas un
meurtre. L’Église dit qu’elle doit mourir, donc si vous voulez accomplir
l’œuvre de Dieu, faites-le !
    Robbie esquissa un demi-pas en avant, mais il sentit
l’humeur qui régnait dans la cour et finalement resta immobile.
    Puis quelqu’un s’esclaffa et, soudain, tous l’imitèrent. La
cour n’était plus qu’un immense éclat de rire. Geneviève continuait de ne pas
comprendre ce qui se passait, mais elle vit son sauveur sourire. Celui-ci leva
la main pour faire taire ses hommes.
    — Elle reste ici, saine et sauve, et vous, vous avez du
travail à faire. Alors allez-y, et faites-moi du bon travail !
    Écœuré, Robbie cracha par terre en voyant Thomas ramener la
jeune femme vers la grande salle. En haut, l’archer raccrocha le crucifix dans
sa niche et ferma les yeux. Il pria et remercia Dieu d’avoir laissé Geneviève
réussir l’épreuve de l’hostie… et, mieux encore, de lui avoir permis de rester
ici.

 
3
    Thomas occupa sa première quinzaine à se préparer à un siège
éventuel. Le château de Castillon d’Arbizon possédait sa propre source qui
produisait une eau terne et saumâtre, mais qui, au moins, empêcherait ses
hommes de mourir de soif. Hélas, côté provisions de bouche, la situation
s’était révélée moins réjouissante : les réserves de l’ancienne garnison
ne contenaient que quelques sacs de farine détrempée, une barrique de haricots
germés, une jarre d’huile d’olive rance et quelques fromages moisis. Alors,
jour après jour, il envoyait ses hommes écumer la ville et les villages
alentour. La nourriture s’empila dans les celliers. Quand ces sources
d’approvisionnement furent épuisées, il commença à lancer des raids.
    Dans son esprit, il menait une véritable guerre, du type de
celle qui avait ravagé la Bretagne d’un bout à l’autre et qui avait presque
atteint les portes de Paris. Thomas laissait dix hommes pour garder le château,
et le reste de l’effectif le suivait à cheval avec pour objectif quelque
village ou ferme qui conservait son allégeance au comte de Bérat. Ils
s’emparaient du bétail, vidaient les granges, mettaient le feu aux bâtiments.
Après deux raids de ce genre, le jeune chef anglais eut la surprise d’arriver
dans un village où l’attendait une délégation du lieu. Elle lui proposa de
l’argent pour échapper au pillage. Le lendemain, deux autres ambassades se présentèrent
avec des sacs pleins de pièces. Des hommes vinrent aussi offrir leurs services.
Des routiers avaient entendu dire qu’il y avait de l’argent et du butin à
gagner à Castillon d’Arbizon. Avant que dix journées se soient écoulées, Thomas
se retrouva à la tête de plus de soixante hommes. Tous les jours, il pouvait
faire sortir deux groupes qui partaient dans des directions différentes, et il
vendait quasiment quotidiennement les excédents de butin sur le marché.
Ensuite, il divisait l’argent en trois parts : une pour le comte de
Northampton, une pour lui-même, qu’il partageait avec messire Guillaume et
Robbie, et le dernier tiers pour les hommes.
    Geneviève chevauchait toujours aux côtés de Thomas. Celui-ci
ne l’avait pas souhaité. Lors d’un raid, les femmes étaient toujours source de
perturbation, et il avait interdit à quiconque d’en emmener en expédition. Mais
comme la jeune fille craignait Robbie et la poignée d’hommes qui semblaient
partager la haine de l’Écossais à son encontre, elle avait insisté pour
accompagner son protecteur.
    Dans le magasin du château, elle avait déniché un petit
haubergeon qu’elle avait poli avec du sable et du vinaigre, au point d’en avoir
les mains rouges et douloureuses. Ses mailles brillaient maintenant comme de
l’argent. Sa tunique métallique pendant lâchement sur son corps gracile, elle
l’avait ceinturée avec une bande de tissu jaune. Au sommet de son heaume, elle
avait accroché un morceau de la même étoffe. Son casque n’était qu’une simple
coiffe de fer rembourrée de cuir qu’elle avait aussi soigneusement polie que sa
cotte de mailles argentée.
    Quand, dans ces atours scintillants, Geneviève

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