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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Castillon d’Arbizon devait se contenter de rapiner et de détruire.
    Conformément aux ordres de leur chef, Robbie gagna le
monastère et messire Guillaume emmena le reste des hommes jusqu’au village. De
leur côté, Thomas et Geneviève prirent la direction du sud. Parvenus au pied du
nid d’aigle, ils gravirent le sentier ardu qui menait aux ruines du château.
    C’était le nôtre, jadis, songeait le fils du père Ralph en
contemplant la silhouette déchiquetée.
    Ses ancêtres avaient vécu ici. Et pourtant il continuait à
ne rien ressentir de particulier. Rien ! Il ne parvenait pas à se
considérer gascon… et encore moins français. Il était anglais, bel et bien
anglais. Les yeux fixés sur les murs effondrés, il essayait d’imaginer le
château quand il était intact et que ses ancêtres en étaient les maîtres.
    Le couple attacha ses chevaux devant la porte fracassée. Il
enjamba les éboulis, s’avança dans la vieille cour. Le mur d’enceinte avait
pratiquement disparu. Les gens des alentours avaient récupéré ses pierres pour
construire leurs maisons et leurs granges. Le vestige le plus important, le
donjon, était lui-même à demi effondré. Sa face sud s’ouvrait à tous les vents.
Sur la face interne du mur nord, on apercevait une cheminée plantée à
mi-hauteur. Les grandes pierres en saillie indiquaient l’endroit où se
trouvaient jadis les solives supportant le toit. Un escalier en colimaçon ne
menait plus nulle part.
    Les restes d’une chapelle partageaient avec la tour la
partie culminante du promontoire. Son pavement était encore presque intact. Sur
l’une des dalles, Thomas reconnut ses propres armoiries. Il posa son arc à
terre et s’accroupit près de la pierre ornée. Une nouvelle fois, il s’efforça
d’éprouver au fond de lui quelque sentiment d’appartenance, de résonance avec
le lieu. En vain.
    Geneviève se tenait près du mur sud effondré. Elle plongeait
les yeux vers la vallée qui se déployait vers le midi.
    — Un jour, dit-elle, il faudra que tu m’expliques
pourquoi tu as voulu venir ici.
    — Un objectif de raid comme un autre, se contenta de
répondre l’homme.
    Elle enleva son heaume et secoua sa chevelure, qu’elle
laissait libre comme une jeune fille. Les mèches blondes se soulevaient dans le
vent. Il constata qu’elle souriait.
    — Tu me prends pour une idiote, Thomas.
    — Non, se défendit-il.
    — Tu as fait un long voyage depuis l’Angleterre. Tout
ça pour venir dans un village perdu appelé Castillon d’Arbizon. Et de là, tu
pousses jusqu’ici, à bonne distance à cheval. Sur ton trajet, tu as dû croiser
des dizaines de villages que tu aurais pu mettre à sac. Mais, non, c’est ici
que tu as voulu venir. Et là, sur le dallage, je remarque le même blason que
celui que tu portes sur ton arc.
    — Pas tout à fait le même. Il y a beaucoup de blasons
qui se ressemblent.
    D’un mouvement de tête réprobateur, elle signifia clairement
qu’elle ne croyait en rien à son explication.
    — Au lieu de te moquer de moi, dis-moi plutôt ce que
représente ta petite plaque ?
    — Un éalé.
    L’éalé était une effrayante bête mythique inventée par les
héraldistes, toute en crocs, en griffes et en écailles. Comme Thomas l’avait
fait remarquer, les armoiries se ressemblaient sans être tout à fait les
mêmes : l’éalé figurant sur l’écusson de l’arc tenait une coupe entre ses
pattes griffues, mais celui du dallage ne portait rien.
    Geneviève leva les yeux et regarda par-delà l’épaule de
Thomas. En bas, dans le village, les hommes de messire Guillaume rassemblaient
du bétail dans un enclos.
    — Nous avons entendu tant de légendes, mon père et moi,
soupira-t-elle. Des centaines. Il aimait beaucoup les histoires, et il essayait
de se les rappeler toutes. Le soir, il me les racontait. Elles parlaient de
monstres dans les collines, de dragons volant au-dessus des toits, de miracles
intervenus près de sources sacrées, de femmes ayant donné naissance à des
monstres. Mais il y en avait une en particulier que l’on ne cessait d’entendre
partout quand nous venions dans ces vallées…
    D’un geste ample, elle montra le décor qui les entourait,
puis marqua une pause.
    — Continue, l’invita son ami.
    Le vent s’était levé et soufflait en rafales. Il jouait avec
les longs fils d’or de la chevelure de Geneviève. Cela faisait déjà bien
longtemps qu’elle avait atteint l’âge de les

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