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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’ils
remplissent d’or, d’argent et de statues. Mais tout ce dont ils ont besoin pour
Le voir, c’est d’ouvrir les yeux. Le Graal existe, Thomas : toi aussi, tu
n’as qu’à ouvrir les yeux.
    Le jeune homme corda son arc, prit une vieille flèche dans
son fourreau, puis il tira la corde de toutes ses forces. En réponse à la
résistance inattendue du nouvel arc, il sentit les muscles de son dos se bander
à en avoir mal. Il tenait le fût de l’arme aligné sur sa taille, la pointe de
la flèche dirigée vers le sol. Brusquement, il redressa sa main gauche pour que
le trait file vers le ciel. Il lâcha la corde. La flèche s’envola. Ses plumes
blanches disparurent presque dans l’azur. Puis elle retomba à la verticale vers
la rive du cours d’eau, à plus de trois cents mètres du couple. Les coredors comprirent le message et battirent en retraite.
    — J’ai perdu une bonne flèche, regretta Thomas.
    Alors il attrapa le bras de Geneviève et partit rejoindre
ses hommes.
     
    Robbie s’émerveilla à la vue des terres du monastère. Tout
de blanc vêtus, les cisterciens y vaquaient à leurs occupations. Dès qu’ils
aperçurent des hommes en cottes de mailles surgir du village, ils remontèrent
les plis de leurs robes et s’enfuirent vers l’abbaye. Si l’essentiel du domaine
était dédié à la vigne, on y trouvait aussi un verger de poiriers, une
oliveraie, une prairie où paissaient des moutons et un bassin à poissons. Une
terre riche, pensa l’Écossais. Depuis des jours, il entendait dire que les
moissons au sud de la Gascogne étaient pauvres et mauvaises. Mais ce qu’il
voyait ressemblait à un véritable paradis, comparé aux terres misérables et
dures de son lointain pays du Nord. Une cloche du monastère se mit à sonner
l’alerte.
    Jake, l’un des archers, se porta à la hauteur de Robbie.
    — Ils doivent cacher un trésor…
    Il avait accompagné sa remarque d’un mouvement du menton
vers le couvent.
    — Et on va commencer par tuer celui-là, ajouta-t-il en
voyant un moine solitaire et longiligne sortir et marcher calmement vers eux.
Comme ça, les autres ne nous poseront pas de problèmes…
    — On ne va tuer personne, le tança Robbie en faisant
signe aux hommes d’arrêter leurs montures. Et vous, attendez ici.
    Puis il mit pied à terre, tendit ses rênes à Jake et marcha
à grands pas vers le moine. Très mince, très grand et très vieux, ce dernier
arborait des cheveux blancs filasse autour de sa tonsure et un long visage
sombre qui, d’une certaine manière, rayonnait de sagesse et de bonté. Avec sa
cotte de mailles, son écu dans le dos et l’épée de son oncle au côté, Robbie se
sentit soudain déplacé et mal à l’aise face à ce vénérable vieillard.
    La manche droite de la robe blanche du moine était tachée
d’encre. Probablement un copiste, raisonna l’Écossais. Ses supérieurs l’avaient
probablement envoyé négocier avec les soldats, peut-être pour leur proposer de
l’argent ou pour essayer de les convaincre d’épargner la maison de Dieu. Robbie
repensa alors au pillage d’un monastère anglais, juste de l’autre côté de la
frontière, le grand prieuré des frères noirs, à Hexham. Il se rappelait les
moines implorant leurs assaillants avant de les menacer de la vengeance divine.
Il revoyait encore ses compatriotes écossais se moquer des religieux, puis
dévaster totalement l’abbaye. Dieu s’était effectivement vengé de
l’Écosse : il avait laissé l’armée anglaise l’emporter, à Durham.
    Un frisson terrible parcourut l’échine de Robbie : jamais
il n’avait vu les choses sous cet angle, mais, soudain, il sut que la
profanation d’Hexham devait être la cause directe de la défaite de Durham. Il
s’immobilisa, comme pétrifié par cette prise de conscience. Les sourcils
froncés, il s’interrogea sur ce qu’il allait dire au grand moine qui venait
vers lui en souriant.
    — Vous devez être les fameux Anglais qui écument la
région ? commença le moine dans un très bon anglais.
    — Je suis écossais, corrigea Robbie.
    — Écossais ! Un Écossais chevauchant avec des Anglais !
J’ai passé deux ans dans une maison cistercienne du Yorkshire, et les frères
anglais n’ont jamais eu de bonnes paroles pour les Écossais. Pourtant, vous
êtes ici avec des Anglais. Je pensais avoir vu toutes les merveilles que ce
monde pécheur avait à offrir, s’amusa le moine qui ne se départit pas

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