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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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quelle était cette
raison, mais le vieillard demeura silencieux et, pour quelque raison qui lui
échappait, le seigneur de Bérat se sentit soudain mal à l’aise. Il se demanda
même si Planchard n’allait pas se moquer de lui.
    — Le père Roubert ne vous a rien dit ?
s’enhardit-il.
    — Dit quoi ? Il n’a parlé de rien d’autre que de
la bégharde.
    — Ah !
    Il ne savait toujours pas comment parler de sa quête. Alors,
il décida de plonger droit au cœur du problème, pour voir si le moine était à
même de comprendre ce qu’il avait en tête.
    —  Calix meus inebrians, eut-il le temps de
prononcer avant d’éternuer gravement une nouvelle fois.
    Planchard eut la courtoisie d’attendre que le comte ait
recouvré sa mise.
    — Ah oui, les psaumes de David… J’aime particulièrement
celui-là, surtout son merveilleux début : « Le Seigneur est mon
berger, je ne manque de rien. »
    —  Calix meus inebrians, répéta son interlocuteur
sans se soucier de la remarque de l’abbé. Ces mots étaient gravés au-dessus de
la porte du château, ici, à Astarac.
    — Vraiment ?
    — Vous n’en avez jamais entendu parler ?
    — On entend tant de choses dans cette petite vallée,
Monseigneur, qu’il est nécessaire de faire le tri entre les peurs, les rêves,
les espoirs et la réalité.
    —  Calix meus inebrians, s’entêta le noble.
    Il soupçonnait l’abbé de savoir exactement ce dont il était
en train de parler, mais de vouloir éluder le sujet.
    Planchard observa silencieusement son hôte pendant un
moment, puis il dodelina pensivement de la tête.
    — À dire vrai, l’histoire n’est pas nouvelle pour moi.
Ni pour vous, je pense.
    — Je crois, avoua Bérat, à l’aise, que Dieu m’a envoyé
ici dans un certain but.
    — Ah, alors vous avez de la chance, Monseigneur.
    Planchard semblait authentiquement impressionné.
    — Tant de gens en quête des desseins de Dieu viennent
me trouver et tout ce que je peux leur dire, c’est : « Observez,
travaillez et priez. » S’ils font cela, je pense vraiment qu’ils
découvriront quand le temps sera venu le dessein que Dieu leur a réservé, mais
il n’apparaît jamais clairement. Je vous envie.
    — Vous avez trouvé pourtant le but qu’Il vous a choisi,
estima le comte.
    — Oh non, Monseigneur, répondit l’autre gravement. Dieu
a purement ouvert une porte donnant sur un champ plein de pierres, de chardons
et de mauvaises herbes, et Il m’a laissé le cultiver. Cela a été un dur labeur,
Monseigneur, un dur labeur, vraiment. Et alors que j’approche de ma fin,
l’essentiel reste encore à accomplir.
    — Parlez-moi de l’histoire…
    — L’histoire de ma vie ? fit mine de ne pas
comprendre Planchard.
    — Non, grommela l’autre, celle de la coupe qui rend
ivre.
    L’abbé soupira. Pendant un moment, il parut encore plus
vieux. Puis il se leva.
    — Je peux faire mieux que ça, Monseigneur, dit-il. Je
peux vous montrer quelque chose !
    — Me montrer ?
    De la stupéfaction ou de l’exaltation, nul n’aurait su dire
laquelle l’emportait en cet instant dans l’esprit du comte.
    Le moine se dirigea vers une armoire et y récupéra une
lanterne de corne. Une fois la mèche allumée avec un tison du feu, il invita
son hôte enfiévré à le suivre. Ensemble, ils traversèrent un cloître sombre et
pénétrèrent dans l’abbatiale. Une petite bougie brûlait sous la seule
décoration de l’austère édifice, une statue de plâtre de saint Benoît.
    L’abbé prit une clé sous les plis de sa robe et il conduisit
son hôte vers un renfoncement à demi caché par un autel latéral dans l’aile
nord de l’église. Une petite porte s’y nichait. La serrure était dure, mais le
battant finit par s’ouvrir en crissant.
    — Faites attention aux marches, avertit le supérieur du
monastère, elles sont usées et particulièrement traîtresses.
    La lanterne oscillant au bout de son bras, l’abbé descendit
une volée de marches raides. L’escalier tournait brutalement vers la droite. Il
aboutissait dans une crypte voûtée bordée de grands piliers entre lesquels
s’amoncelaient presque jusqu’au plafond des quantités d’os. Il y avait là des
fémurs, des tibias, des humérus, des radius, des cubitus et des côtes, entassés
comme du petit bois. Entre eux, alignés comme des rangées de pierres, on voyait
des crânes aux yeux vides.
    — Les frères ? demanda le comte.
    — Oui, attendant le

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